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diftingués, fe retira à Conftantinople auprès de Juftinien. Enfin pour repeupler Rome dans les premiers temps qui fuivirent ces défaftres, les pontifes & les magiftrats furent réduits à y rappeller indifféremment, juifs, goths, huns, lombards, &c. Il ett bien difficile après tant de ravages & de maffacres fuivis d'un tel mélange, de reconnoître encore les reftes des anciennes familles vraiment patriciennes.

Sous les empereurs, notamment lorfque le fiége de l'Empire fut transféré à Conftantinople, Conftantin le Grand (Zozim. 2. 40.), pour remplacer les anciens patriciens, inventa une nouvelle dignité de patrice, ou pere de la république, qui n'étoit plus attachée à l'ancienneté ni à l'illuftration de la race; mais qui étoit un titre perfonnel de dignité que l'empereur accordoit à ceux qu'il vouloit honorer. Ce patriciat ou cétte dignité patricienne furpaffoit toutes les autres. Les empereurs donnoient ordinairement aux patrices le gouvernement des provinces éloignées. Lors de la décadence de l'empire romain, ceux qui occupèrent l'Italie n'ofant prendre le titre d'empereur, s'appelloient patrices de Rome; cela fut très-ordinaire jufqu'à Auguftule, & à la prife de Rome par Odoacre, roi des héru& les. Il y eut aufli des patrices dans les Gaules, principalement en Bourgogne & en Languedoc. Quand les francs conquirent les Gaules, ils y trouvèrent la dignité patricienne établie. Aëtius qui combattit Attila, eft appellé le dernier patrice des Gaules; le titre de patrice fut envoyé à Clovis par l'empereur Anaftafe après la défaite des Vifigoths. Le pape Adrien fit prendre le titre de patrice de Rome à Charlemagne, avant qu'il prît la qualité d'empereur. Les rois Pepin, Charles & Carloman, furent auffi appellés patrices de Rome par les papes. Ceux-ci ont auffi donné le titre de patrice à quelques autres princes & rois étrangers.

Depuis Conftantin, cette dignité quoique déchue de fa première fplendeur, ne laiffa pas d'être très-confidérable, puifqu'elle donnoit l'entrée dans le confeil du prince, après qu'on avoit paflé par toutes les charges curules. Elle prit une nouvelle forme fous Juftinien, & les princes en décorèrent ceux qui les avoient bien fervis. Caffiodore (Var. 3. 5.) nous a confervé la formule par laquelle on donnoit le patriciat: Tot parentum laude decoratus, tot etiam morum luce confpicuus, fume poft confulares fafces emeritos, praticiatûs infignia, tuarum munus plenarium dignitatum, & cani honoris infulis adultam, cinge cafariem, qui meritorum laude atatis judicia fuperafti. Un enfant n'étoit plus foumis à la puiffance abfolue du pere, quand il avoit obtenu la dignité de patrice; ce qui prouve l'éminence de cette dignité, puifque le confulat même ne donnoit pas ce privilége.

PATRICES (dieux). On appelloit patricii dii les huit dieux fuivans: Janus, Saturne, le Génie,

Pluton, Bacchus, le Soleil, la Lune & la Terre,
qu'ils croyoient chargés de gouverner l'univers.
PATRICIA (Colonia), en Espagne.
COLONIA PATRICIA,....

COL. PAT.

Cette colonie romaine, que l'on croit être Cordoue, a fait frapper des médailles en l'honneur

d'Augufte.

PATRIE (dieux de la). Dii patrii fervate domum, dit Enée dans Virgile. Les anciens nommoient ainfi les dieux particuliers de chaque ville, ceux qui y avoient été toujours adorés, & dont le culte n'y avoit point été apporté d'ailleurs, comme Minerve à Athènes, Junon à Carthage, Apollon à Delphes. (D. J.)

PATRIMES & MATRIMES (aμpilaris); font ceux dont les pères & mères font encore vivans: Matrimes & patrimes dicuntur, quibus patres & matres adhuc vivunt. (Feftus.) Dans les facrifices & les fupplications, on choiffoit ceux qui étoient dans ce cas pour leur faire chanter des hymnes, parce qu'il eut été de mauvaife augure de faire chanter des jeunes gens qui auroient perdu ou leur père ou leur mère; on les choififfoit auffi pour conduire la nouvelle mariée dans la maifon de fon époux.

PATRIMONIO (a). Gruter (61.4.) a publié une infcription dans laquelle il eft fait mention d'un officier de la maifon de Nerva, qui eft défigné par ces mots. Il étoit fans doute chargé de veiller au patrimoine de cet empereur.

PATRIQUES, facrifices que faifoient autrefois les perfes en l'honneur du dieu Mythra. Les patriques étoient la même chofe que les mythriaques. Voy.MYTHRIAQUES. Ces fêtes s'appellèrent patriques du facrificateur, auquel on donnoit le nom de pater.

PATRIUMPHO, idole des anciens pruffiens. Ils nourriffoient de lait un ferpent à l'honneur de ce dieu. (Sarmat. Europa Gagui. Veron.)..

PATROCLE étoit fils de Ménétius & de Sthénélé. Voy. ACTOR. Ayant tué le fils d'Amphidamas dans un emportement de jeuneffe caufé par le jeu, il fut obligé de quitter fa patrie, & fe retira chez Pélée, roi de Phthie, en Theffalie qui le fit élever par Chiron avec fon fils Achille : de-là, cette amitié fi tendre & fi conftante entre ces deux héros. Pendant la retraite d'Achille, les troyens ayant eu de grands avantages fur les grecs, Patrocle, qui voyoit Achille toujours inexorable, Ffff ij

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Jui demanda du moins fes armes pour aller contre les troyens. « Envoyez-moi, lui dit-il, tenir votre place, & ordonnez à vos troupes de me fuivre, pour voir fi je ne pourrai pas faire luire quel»ques rayons de lumière aux grecs. Permettez » que je prenne vos ames: peut-être que les troyens, trompés par cette reffemblance, & me prenant pour vous, fe retireront effrayés, & laifferont refpirer nos troupes ». Achille y confent, mais à condition que dès qu'il aura repouffé les troyens du camp des grecs, il fera une prompte retraite avec fes theffaliens, & laiffera les autres troupes continuer le combat dans la plaine. Hé, plût aux dieux, ajoute-t-il, qu'aujourd'hui aucun des troyens ni des grecs n'évite la mort, » & qu'ils périffent tous dans le combat les uns par les mains des autres, afin que nous deux » demeurés feuls, nous ayons la gloire de renverfer la fuperbe Troye ». Patrocle prit donc les armes d'Achille, excepté la pique; car elle étoit fi forte & fi pefante, qu'aucun des grecs ne pou voit s'en fervir: il n'y avait qu'Achille qui put la lancer. Quand les troupes virent venir à eux les theffaliens & Patrocle couvert des armes d'Achille, is ne doutèrent point que ce ne fût Achille luimême ; ils perdirent courage, & le défordre commença à fe mettre parmi eux. Patrocle les pourfui vit jufques fous les murs de Troye ; & les grecs, en le fuivant, fe feroient infailliblement rendus maîtres de la ville, dit le poëte, fi Apollon luimême ne fe fût préfenté fur une des tours pour s'oppofer à fes efforts. Trois fois Patrocle furieux monta jufqu'aux creneaux de la muraille, & trois fois Apollon le renverfa, en repouffant fon bouclier avec fes mains immortelles. Patrocle, plus ardent, revient à l'affaut pour la quatrième fois, femblable à un dieu; & alors le redoutable fils de Latone lui dit d'une voix menaçante: >> Retirez» vous, généreux Fatrocle; les deftinées n'ont pas » refervé la ruine de Troye à votre bras, ni même au bras d'Achille, qui eft plus vaillant

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que vous ».

Patrocle fe retire des murs de la ville, & va combattre dans la plaine; il fe mêle par trois fois avec les ennemis, dont il fait un horrible carnage; & à chacune de ces charges, immole de fa main neuf héros. Enflé de ce fuccès & infatiable de fang, il en fait une quatrième; & alors généreux Patrocle, la fin de votre vie fut fixée par les deftins. Apollon, enveloppé d'un épais nuage, s'arrête derrière Patrocle; & du plat de fa main, ille frappe fur le dos entre les deux épaules. Un ténébreux vertige s'empare en même-temps de lui, fes yeux font obfcurcis. Apollon délie fon cafque & fa cuiraffe, qui roulent aux pieds des chevaux: fa pique, toute forte, toute pefante qu'elle eft, fe rompt entre fes mains; fon bouclier, qui le couvroit tout entier, Le détache & tombe à fes pieds: alors la frayeur lui glace les efprits, fes forces l'abandonnent, il

demeure immobile. Hector le voyant en cet état z court à lui, le perce de fa pique, & l'infulte avec des paroles amères.Patrocle mourant,repouffe cette infulte; & attribuant fa défaite, non à la valeur d'Hector, mais à la colère des dieux : » Si vingt » hommes tels que toi m'avoient attaqué fans » leurs fecours, mon bras leur auroit bientôt fait mordre la poufière».

Patrocle ayant été tué, il le fit un grand combat pour fon corps. Hector, après l'avoir dépouillé, a l'oit lui couper la tête, lorfqu'Ajax & Ménélas a rivent, fort retirer Hector, &, après de grands efforts, emportent le corps vers leurs vaffeaux. Les chevaux immortels d'Achille qui étoient éloignés de la bataille, entendant dire que Patrocle avoit été tué, pleurent amèrement fa mort : leur guide fait tout ce qu'il peut, & de la voix & de la main; il employe les careffes & les menaces, pour les faire marcher : ils fe tiennent immobiles, la tête penchée vers la terre, & les crins trainant vers la pouffière. Achille apprend la mort de Patro cle, & donne les marques les plus fenfibles de fa douleur, il s'engage à ne point faire fes funérailles qu'il ne lui ait apporté la tête & les armes d'Hector, & qu'il n'ait immolé fur fon bucher do uze des plus illuftres enfans des troyens, qu'il égorgera de fa propre main pour affouvir la vengeance.

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Cependant, l'ame de Patrocle lui apparoît, pour le prier de hâter fes funérailles, afin que les portes des champs élifées lui foient ouvertes. Il lui demande une autre grace: «Donne ordre, lui dit-il, qu'après ta mort, mes os foient enfermés avec les » tiens. Nous n'avons jamais été féparés pen lant »notre vie depuis le moment que j'ai été reçu » dans le palais de Pélée, nous avons toujours » vécu ensemble; que nos os ne foient donc point féparés après notre mort ».

:

Achille donne ordre auffi-tôt pour les funérailles de fon ami; il fait égorger un nombre infini de victimes autour du bûcher; il jette au milieu quatre de fes plus beaux chevaux, & deux des meilleurs chiens qu'il eût pour la garde de fon camp ; l immole les douze jeunes troyens, & termine les funérailles par des jeux funèbres.

Winckelmann a publié (Monum. ined. n°. 129.) un camée du plus beau travail, fur lequel on voit Antiloque annonçant à Achille la mort de fon ami Patrocle.

PATRON, celui fous la protection duquel on fe met, & qui eft ainfi appellé, parce qu'il fait l'office de père : Si enim clientes quafi colertes funt, dit une loi des douze tables, patroni quafi patres : tantumdem eft clientem quafi filium fallere. C'est à Romulus qu'on attribue l'usage où étoit le peuple

Le patron devoit fervir de tuteur & de défenfeur à fon affranchi, & en quelque façon de père ; & c'eft de-là qu'on avoit formé le terme de patron.

L'affranchi devoit à fon patron foumiffion, honneur & refp: &.

Il y avoit une loi qui autorifoit le patron à reprendre l'affranchi de fon autorité privée, lorfque celui-ci ne lui rendoit pas fes devoirs affez affiduement; car l'affranchi devoit venir au moins tous les mois à la maifon du patron lui offrir fes fervices, & fe préfenter comme prêt à faire tout ce qu'il lui ordonneroit, pourvu que ce fût une chofe honnête & poffible. Il ne pouvoit auffi fe marier que fuivant les intentions de fon patron.

Il n'étoit pas permis à l'affranchi d'intenter un procès à fon patron, qu'il n'en eut obtenu la permiffion du préteur ; il ne pouvoit pas non plus le traduire en jugement.

de Rome de le choifir des patrons ou protecteurs parmi les fénateurs & la nobleffe. Les protégés fe nommoient clients, à caufe de l'affiduité avec la quelle ils cultivoient leur bienveillance. Romulus eut en vue, par-la, d'entretenir l'union entre les deux ordres, en les rendant néceffaires l'un à l'autre. Cet établissement donne une idée avantageufe des talens politiques de ce prince, qui trouva moyen par-là de mettre les foibles à l'abri des violences & du pouvoir exorbitant des grands. En effet, les patrons étoient obligés d'aider de leurs confeils & de leur crédit, & de défendre leurs cliens, abfens comme préfens, de prendre fait & caufe pour eux, fi on leur fa foit quelqu'injustice ou qu'on les citât devant les juges, & de faire pour eux tout ce que fait un père pour fon fils; ils heritoient de leurs chiens morts ab inteftat, & fans héritiers: il étoit également défendu aux patrons & aux cliens de s'entr'accufer en juft.ce, de porter témoignage ou de donner leur fuffrage l'un contre l'autre, & de fe mettre les uns & les autres dans le parti de leurs ennemis. Si quelqu'un étoit convaincu d'avoir fa't une de ces trois chofes, il étoit fujet à la loi portée par Romulus contre les traîtres; & après la correction, il étoit permis à chaque citoyen de le tuer, comme une victime dévouée à Pluton, dieu des enfers: Si patronus clienti fraudem faxit, facer efto. Les devoirs des cliens envers leurs patrons n'étoient pas moins étendus. Voyez le mot CLIENS. Sous les empereurs, le peuple n'ayant plus de part aux élections des magiftrats, ni aux affaires d'Etat, Les affranchis étoient obligés de rendre à leur patron trois fortes de fervices ou œuvres, opera: ni aux jugemens qui furent alors réservés aux magiftrats & à l'empereur; il ne refta plus que les feuls les unes appellées officiales ou obfequiales; les aunoms de patron & de client deftitués refpective-lement en reconnoiffance de la liberté reçue; it tres, fabriles. Les premières étoient dûes naturelment des obligations qui y étoient auparavant attachées. Le nom de patron demeura aux perfonnes riches & puiffantes, qui faifoient diftribuer à leur porte la fportule à ceux qui les accompagnoient dans la ville pour groffir leur cortège. Il n'y eut que. le droit de patronage fur les affranchis qui fubfifta réellement, felon Tacite, parce que les affranchis, quoique devenus citoyens romains, ne jouiffoient pas des mêmes prérogatives que les libres, ingenui; & la loi les affujettiffoit envers leur patrons, à des devoirs qu'ils étoient obligés de remplir, fous les peines les plus rigoureuses.

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Le droit du patron fur fes affranchis étoit tel qu'il avoit le pouvoir de les châtier, & de remettre dans l'état de fervitude ceux qui étoient réfractaires ou ingrats envers lui. Pour être réputé ingrat envers fon patron, il fuffifoit d'avoir manqué à lui rendre fes devoirs, ou d'avoir refufé de prendre la tutèle de fes enfans.

il falloit pourtant qu'elles fuffent proportionnées à l'âge, à la dignité, aux forces de l'affranchi, & au befoin que le patron pouvoit en avoir: les autres, appellées fabriles, dépendoient de la loi ou convention faite lors de l'affranchiffement; elles ne devoient pourtant pas être exceffives au point d'anéantir en quelque forte la liberté.

Les devoirs, obfequia, ne pouvoient pas être cédés par le patron à une autre perfonne, à la différence des oeuvres ferviles, qui étoient cemibles.

Le patron devoit, enfin, nourrir & habiller l'affranchi pendant qu'il s'acquittoit des œuvres ferviles, au lieu qu'il n'étoit tenu à rien envers lui pour raifon des fimples devoirs, obfequia.

Ce n'étoit pas feulement les particuliers qui avoient des patrons : les colonies, les villes alliées, les nations vaincues, fe choififfoient pareillement quelque patricien pour être le médiateur de leurs

différends avec le fénat.

Chaque corps de métiers avoit qui fon patron.

Plufieurs d'entre ces patrons exercèrent toujours gratuitement leur ministère. Leurs cliens leur faifoient pourtant quelquefois des préfens, lefquels n'ayant d'autre fource que la libéralité & la reconnoiffance, furent appellés honoraires.

Mais il y en eut qui rançonnèrent tellement leurs cliens, fous prétexte des avances qu'ils avoient faites pour eux, que l'on fût quelquefois obligé de faire des règlemens pour réprimer l'avidité de ces patrons.

La Sicile s'étoit mife fous la protection des Marcellus, qu'elle appelloit fes patrons; Lacédémone, fous celle des Claudius ( Suet. Tib. c. 6. n. 2.); Bologne, fous celle des Antoines (Ibid. Aug. c. 19.); Herculanum, fous celle des Balbus; Tifernum, fous celle de Pline, &c.

PATRON, avocat. L'obligation impofée chez les romains aux patrons de défendre leurs cliens & de plaider, ou de faire plaider pour eux, fans qu'il feur en revînt autre chofe que la gloire de foutenir les intérêts de ceux qui étoient fous leur protection, fut l'origine de la profeffion d'avocat. Dès que les empereurs eurent ôté au peuple le droit d'élire fes magiftrats & fon fuffrage dans les jugemens & les délibérations publiques, le patronage & le droit de client se trouvant ainfi mutuellement inutiles, cefsèrent d'avoir lieu. Les particuliers n'ayant plus de patrons pour défendre leur caufe, les confièrent aux citoyens qu'ils jugèrent les plus éloquens & les plus verfés dans les loix. L'éloquence défintéreffée jufqu'alors, & animée par l'amour du bien public & de la gloire, devint par la vénalité la fource d'une baffe cupidité. Juvénal, dans fa feptième fatyre, fait voir le ridicule des avocats de fon temps, qui affectoient de paroître publiquement en litière, avec de beaux habits & une grande fuite, & qui pouffoient le falte jufqu'à faire briller des bagues de prix à leurs doigts, en plaidant, afin de paffer pour être extrêmement riches, & pour fe faire payer plus largement de leurs parties. Ils vinrent à en exiger de fi grandes fommes, qu'on fut obligé de faire des réglemens pour les fixer.

Dans les premiers temps de la Grèce, les parties parloient pour elles-mêmes; mais, dans la fuite, on permit aux avocats de fe charger de leur défenfe, & de plaider leur caufe; on les reftreignit néanmoins dans les bornes du récit d'un fait fimple & fuccinct, & on leur interdit l'ufage des exordes, des péroraifons & des figures. Le falaire de ces avocats, même pour les caufes publiques, n'étoit qu'une feule drachme; dans la fuite encore, il fut réduit à trois oboles, pour quelque caufe que ce fût. On fe fervoit dans le barreau d'une clepfydre, pour fixer le temps que devoient durer les difcours & les plaidoyers;

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tant que l'eau couloit, les orateurs pouvoiene parler; mais l'eau écoulée, ils fe taifoient; on fufpendoit néanmoins l'écoulement de l'eau pendant la lecture des pièces qui ne faifoient pas le corps du difcours, comme la teneur d'un décret, le texte d'une loi, ou la dépofition des témoins.

PATRONUS fodalitii. C'étoit le nom du chef du grand collége de Sylvain à Rome. On gardoit dans ce grand collége les dieux Lares & les images des empereurs. Les temples & les autres lieux confacrés à Silvain étoient ordinairement dans les bois, dans les forêts.

PATRONYMIQUES. On appelle noms pa tronymiques ceux qu'on donnoit chez les grecs, à une race, & qui étoient pris du nom de celui qui en étoit le chef. Ainfi les Héraclides étoient les defcendans d'Hercule; les Eacides, les defcendans d'Eacus. On les donnoit auffi aux enfans immédiats, comme les Atrides pour les fils d'Atrée; les Danaïdes, ou les filles de Danaüs.

On a étendu encore plus loin la fignification de ce terme, & l'on appelle noms patronymiques ceux qui font donnés d'après celui d'un frère ou d'une foeur, comme Phoronis, c'est-à dire, Isis, Phoronei foror; d'après le nom d'un prince fes fujets, comme Thefeides, c'est-à-dire, athenienfis, à caufe de Théfée, roi d'Athènes; d'après le nom du fondateur d'un peuple, comme romulides, c'eft-à-dire, romains, du nom de Romulus, fondateur de Rome & du peuple romain. Quelquefois même, par anticipation, on donne à quelques perfonnes un nom patronymique, tiré de celui de quelque illuftre defcendant, qui eft confidéré comme le premier auteur de leur gloire, comme Ægida, les ancètres d'Egée.

Ce mot eft formé de wargos, du père, & de ovoμa, nom.

PATROUS, furnom de Jupiter. Ce dieu avoit à Argos, dans le temple de Minerve, une statue en bois, qui, outre les deux yeux, tels que la nature les a placés aux hommes, en avoit un troifième au milieu du front, pour marquer que Jupi ter voyoit tout ce qui paffoit dans les trois parties du monde, le ciel, la terre & les enfers. Les argiens difoient que c'étoit le Jupiter Patrous, qui étoit à Troye, dans le palais de Priam, en un lieu découvert; que ce fut à fon autel que cet infor tuné roi fe refugia après la prife de Troye, & au pied duquel il fut tué par Pyrrhus. Dans le partage du butin, la ftatue échut à Sthénélus, fils de Capanée, qui la dépofa dans le temple d'Argos.

PATULCIUS, furnom de Janus, dont parle Oxide dans fes faftes (Lib. I. v. 127.) (de pateo,

Je fuis ouvert.) On le lui donnoit, ou parce qu'on ouvroit les portes de fon temple pendant la guerre, ou plutôt parce qu'il ouvroit l'année & les faifons c'eft-à-dire, qu'elles commençoient par la célébra

tion de fes fêtes.

PATURAGES, lieux où l'on fait paître les beftiaux. Les romains poffédoient plufieurs pâturages dans l'Italie & les provinces de leur empire: les principaux étoient dans la Pouille & dans toute cette partie de l'Italie où elle eft fituée, entr'autres la forêt Scantia, la fauffaye de Minturne, le mont Gaurus. La république tiroit un grand revenu de ces pâturages qu'elle affermoit à des bergers qui y conduifoient leurs troupeaux. Ce fut pendant long-tems le feul fonds que l'on portât au tréfor public; cependant, au commencement, on n'étoit pas fi exact à empêcher les particuliers de profiter de ces pâturages publics, & chacun y conduifoit affez librement fes troupeaux; mais les édiles du peuple pourvurent à cet abus, en faifant porter une loi qui condamnoit à l'amende les contrevenans, & on fut très-rigide à la faire exécuter, comme nous le voyons par plufieurs exemples de l'amende payée que rapporte Tit-Live Dans la fuite on afferma les påzurages à des particuliers qui les louoient à tous ceux qui en avoient befoin. Les empereurs avoient auffi dans les provinces, des pâturages en propre, où ils nourriffoient un grand nombre de chevaux Pou pour leur ufage. Le furplus des pâturages qui ne étoit pas néceffaire, ils l'affermoient à des particuliers qui y faifoient paître leurs troupeaux avec ceux du prince que l'on appelloit greges dominici, & l'argent qui en revenoit étoit porté

dans leur tréfor.

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PAVÉ, pavimentum, terme qui chez les latins fignifie le fol d'une place, de quelque matière qu'il foit fait, plâtre, terre, fable, gravois, cailloux, briques, carreau de terre cuite, marbre & autre nature de pierres pourvu que ledit soi ait été affermi, battu, frappé & confolidé fur la fuperficie de la terre ou d'un plancher, pour en produire une croûte & un plan ferme, fervant à porter ce qui doit repofer ou paffer par-deffus : pavimentum enim, dit Vitruve, eft folidamentum five incruftatio quam 'gradiendo calcamus.

Selon Ifidore, (15. 16.) les carthaginois ont été les premiers qui aient pavé leur ville avec des pierres; enfuite à leur imitation, Appius Claudius Cæcus fit paver la ville de Rome, 188 ans après l'expulfion des rois, & un chemin que l'on nomma la voie Appienne. Enfin les romains entreprirent les premiers de paver les grands chemins hors de leur ville, & infenfiblement ils ont pouffé cet ouvrage prefque par-tout le monde : per om, nem penè orbem vias difpofuerunt, dit encore Ifidore.

Les romains eurent deux manières differentes de paver les grands chemins ; les uns étoient pavés avec des pierres & les autres étoient cimentés de fable & de terre glaife. Les premiers étoient formés de trois rangs, à ce que l'on a obfervé dans les veftiges qui en font restés; celui du milieu qui fervoit aux gens de pied, étoit un peu plus élevé que les deux autres, de façon que les eaux ne s'y pouvoient arrêter. On le pavoit à la rustique; c'eftà-dire, de gros carreaux de pierres à joints incertains; les deux autres rangs étoient couverts de fable liés avec des terres graffes, fur quoi les chevaux marchoient fort à l'aife. D'un intervalle à l'autre, on trouvoit fur les bords de groffes pierres dreffées à une hauteur commode, quand on vouloit monter à cheval; parce que les anciens n'avoient pas l'ufage des étriers. On trouvoit encore les colonnes milliaires fur lefquelles on voyoit gravées les diftarces de tous les lieux, & le côté du chemin qui menoit d'un lieu à un autre : ce fut un invention de C. Gracchus.

Les chemins pavés de la feconde manière, c'eftà-dire, feulement avec le fable & la terre glasfe étoient formés en dos d'âne, de manière que l'eau ne s'y pouvoit arrêter; & le fond étant aride & prompt à fécher, ils demeuroient toujours nets & fans pouffière. On en voit encore un dans le Frioul, que les habitans nomment le pofthume, lequel va dans la Hongrie, & un autre fur le territoire de Padoue, qui partant de la ville même aboutit aux Alpes.

Aurelius Cotta eut la gloire de faire paver la Flaminius fut l'auteur de la voie Flaminiene, & voie aurélienne l'an 512 de la fondation de Rome. la voie émilienne fut exécutée par les ordres d'Emilius. Les cenfeurs ayant été établis firent des ordonnances pour multiplier les pavés des grands chemins, en déterminer les lieux, l'ordre & la

manière.

Paffons à la conftruction des pavés intérieurs des édifices de Rome.

Les pavés qu'ils formoient fur des étages de charpente, s'appelloient contignata pavimenta, & les étages contignationes. Le premier foin des ouvriers étoit de faire enforte que nulle partie de leur pavé ne s'avançât fur les murs; mais que l'ouvrage entier fût affis fur la charpente, de peur que le bois venant à fe retirer par la féchereffe, ou à s'affaiffer par le poids de la maçonnerie ne produisit des fentes au pavé tout le long de la maçonnerie; c'eft ce que Vitruve a détaillé clai

rement.

coaxationes ou coaffationes, le faifoient de planLes pavés de planches, qu'ils appelloient ches de l'efpèce de chêne nommé afculus cause qu'elle eft moins fujette à fe cambrer; & même pour les défendre contre les vapeurs de la

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