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à Venife, il y a quelques années, fans date & fans nom de ville ni d'imprimeur, un autre Recueil de médaillons, fous le titre de Numifmata area Selectoria maximi moduli, è musso Pifano olim Corrario. Il s'y trouve environ deux cents vingtneuf médaillons, gravés en quatre-vingt-donze planches.

Les chartreux de Rome avoient une très-belle collection de médaillons, qu'ils avoient auffi fait graver; mais cette collection ayant été vendue à l'empereur, les planches pafsèrent avec les originaux dans le cabinet de S. M. I., & on fupprima toutes les épreuves qui avoient été tirées, mais qui n'avoient pas encore été diftribuées; en forte que ces gravures font aujourd'hui d'une extrême rareté.

Dans le fiècle paffé, on fit graver plus de quatre cents médaillons, qui fe trouvoient alors dans le cabinet du roi le nombre en a été extrêmement augmenté depuis ce temps-là, par l'acquifition que le roi a faite de tous ceux du maréchal d'Ertrées. Cette fuite comprend tous les médaillons qui avoient appartenu à l'abbé de Camps, outre ceux qui avoient paru avec des explications de Vaillant, & qui n'alloient qu'à cent quarante, dont j'ai vu des épreuves tirées. L'abbé de Rothelin en avoit auffi une fuite affez confidérable. Ainfi on pourroit aujourd'hui, fans fortir de Paris, exécuter le projet de Morel, c'est-à-dire, faire graver plus de mille médaillons ; & le cabinet du roi fuffiroit feul pour fournir ce nombre, & peutêtre davantage, fur tout depuis la réunion de l'ample collection des médaillons & médailles de Pellerin.

que

On a avancé, comme un principe fixe, les colonies n'ont jamais battu de médaillons; mais c'est une erreur. Vaillant a fait graver un médaillon d'Augufte, frappé à Sarragoffe; un de Livie, frappé à Patras; un de Tibère, frappé à Turiafo, aujourd'hui Tarafcona en Espagne ; & un autre d'Augufte, frappé à Cordoue, comme on l'apprend de la légende Colonia patricia.

On ne trouve que très-peu de médaillons d'argent, battus en Italie, qui foient du poids de quatre drachmes. Il n'y a eu que les grecs qui nous aient donné communément des médaillons de ce volume, foit de leurs villes, foit de leurs rois, foit des empereurs. Vaillant rapporte, dans fon dernier ouvrage, un Hadrien de même poids. Nous avons les Vefpafiens avec l'époque E Tous Neo lego. Patin cite des médaillons de Conftantin & de Conftant d'un beaucoup plus grand volume, mais d'une bien moindre épaiffeur. Il ya dans le cabinet du roi un Verus d'argent parfaitement beau.

Les antiquaires font beaucoup plus de cas des

médaillons que des médailles ordinaires, parce que leurs revers repréfentent communément des triomphes, des jeux, des édifices & des monumens hiftoriques, qui font les objets qu'un vrai curieux recherche davantage, & qu'd trouve avec le plus de fatisfaction; ainfi l'on doit bien de la reconnoiffance à ceux qui nous ont fait connoître les médaillons de leurs cabinets. Erizzo a commencé à nous en faire voir; Triftan en a fait graver plufieurs; Patin nous en a donné de forts beaux dans fon Tréfor; Carcavi a mis au jour ceux du cabinet du Roi; & l'abbé de Camps publia les fiens quelque temps après, avec les belles explications de Vaillant.

Le recueil de médaillons de l'abbé de Camps parut fous ce titre : Selectiora numifmata in are maximi moduli, è mufao, Ill. D. Francifci de Camps, abbatis Sanéti Marcelli, &c concifis interpretationibus per D. Vaillant, D. M. &c. il luftrata. Parif. 1695, in-4°. Les médaillons de Carpegna furent publiés d'abord avec les explications de Jean-Pierre Bellori. Dans la fuite, le nombre des médaillons du cardinal Carpegna ayant été fort augmenté, on les donna de nouveau au public avec les obfervations du fénateur Philippe Buonarotti Obfervazioni iftoriche fopra alcuni medalioni antichi, all' altezza fereniffima di Cofimo III, grand duca di Tofcana. Rom. 1698, grand in-4°. C'est un excellent ouvrage.

MÉDAILLES bifarres.

« On voit dans les mémoires de l'académie de Cortone la médaille de bronze COL-NEM, ou de Nifmes, chargée d'une excroiffance, accompagnée d'une differtation du préfident Bon, qui en explique le fujet; mais elle a paru fi fingulière, que Caylus a cru pouvoir la présenter de nouveau. Celle qu'il poffédoit avoit de plus un avantage qui manque à celle qui appartenoit au préfident. Dans cette dernière, dit Caylus (rec. II, pl. 98, no. 2), il faut deviner ce que repréfente le jet de bronze qui excède la médaille; cet excédent donne à peine la forme de ce qu'on a voulu représenter, au lieu que dans la médaille que j'ai fait graver, c'eft un pied de biche très-diftinctement figuré. J'ai, outre cela, quelques idées nouvelles à propofer fur ce monument, mais avant que de les expofer, je conviendrai avec le préfident Bon, qu'il n'eft pas douteux que le pied de biche n'ait été fondu avec le flan, c'est-à-dire, avant que la médaille ait été frappée; car on voit clairement la marque du coin fupérieur, fimplement arrondie, & telle que la donnent ordinairement tous les coins, tandis que le mandrin, ou le coin inférieur, avoit une entaille pour recevoir & laiffer fortir cet excédent, terminé & travaillé devant ou après l'opération du coin, felon la volonté du monétaire. Il me femble, en fecond lieu, que cette espèce de médaille le trouve trop com

munément dans la ville de Nifines, pour croire qu'elle ait été frappée uniquement pour être jettée dans les fondations du temple de Diane, ainsi que Bon en paroît perfuadé ».

« Je connois cinq ou fix de ces médailles qui ont appartenu à Mahudel, indépendamment de deux qu'il indique, & de quelques autres, que des Anglois, felon le même Mahudel, emportèrent de Nifmes en 1739 ".

« Au ́refte, Bon n'explique point la médaille, & il a raifon; car elle eft décrite par-tout. Ainfi je me difpenferai d'en parler. Cependant, s'il m'eft permis de hafarder quelques conjectures fur ce monument bifarre, lorsqu'il eft joint avec le pied de biche, voici les idées qu'il me donne ».

dernes, que l'antique feal peut effacer pir fa beauté & fa nobleffe. On en peut former d'affez belles collections, foit en médaillons, foit en médailles grecques, d'or, d'argent & de bronze, foit en médailles romaines, également dans les trois métaux, mas fur-tout dans les médaillons d'argent & de grand bronze. La plupart des médaillons de bronze de l'empire roman, qui font faux,ont été copiés d'après l'antique.On y a même gravé plufieurs revers nouveaux qui n'ont jamais paru fur les médailles, & qu'on a eu foin de fonder fur des faits hiftoriques.

Les douze premiers empereurs ont été contrefaits une infinité de fois en grand bronze. On s'eft principalement attaché à imiter les têtes les plus rares en ce genre, tels que le Tibère, l'Othon qu'on ne trouve antique, que latin de la colonie d'Antioche, ou grec de fabrique égyptienne, dans les trois grandeurs de bronze; le Vitellius, le Pertinax, & les deux Gordiens d'Afrique, l'Agrippine de Claude, la Domitie, qui ne fe trouve prefque point; les trois femmes de la famille de Trajan, Annia Fauftina & la Tranquilline.

« Cette monnoie de la Colonie eft fi commune en elle-même, que l'on en a trouvé des boiffeaux. Je croirois donc que, par une opération des plus faciles, on a ajouté à quelques-unes, en les frappant, le pied de biche en queftion: que ces pièces n'avoient point de cours dans le commerce avec cette augmentation, d'autant que fi elles s'étoient répandues, on en auroit trouvé dans quelqu'autre endroit : & qu'enfin elles fe vendoient dans la feule ville de Nifmes, pour fervir d'ex-voto à Diane, pour être portées par fupers-faire les médailles antiques. tition, ou jettées dans la fo: taine qui lui étoit confacrée. Ces réflexions fimples me paroiffent lever toute difficulté ».

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On peut comprendre fous la dénomination de médailles bifarres les médailles DENTELEES (Voyez ce mot.), les médailles INCUSES (Voyez ce mot.), les contorniates, les médailles GAULOISES (Voyez ce mot. ), peut-être même les médailles ESPAGNOLES. Cette dénomination renferme encore les médailles de bronze frappées particulièrement en Sicile, qui ont deux pinçons; fi l'on peut employer pour une matière folide une expreffion qui caractériferoit parfaitement ces deux faillies aiguës, alors qu'elles feroient placées fur des médailles de cire ou d'argile.

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Ce n'eft pas feulement de nos jours, que l'appas du gain & l'envie d'en impofer aux curieux ont fait entreprendre à d'habiles ouvriers de contre

Guillaume du Choul, qui vivoit il y a deux cents ans, & qui eft un des premiers curieux qui aient écrit fur les monumens de la Grèce & de Rome, fit graver dans fon livre de la religion des anciens romains, deux médailles d'Agrippa; une de grand bronze, au revers de laquelle on voit le Panthéon; l'autre d'argent, qui avoit au revers un Neptune dans un char traîné par deux chevaux marins,avec cette légende quoris hic omnipotens. Ces deux médailles étoient sûrement fauffes.

Antoine Lepois, qui yivoit dans le même tems & qui a écrit (en françois) fort amplement fur les médailles, à la manière de fon fiècle, en cite auffi plufieurs de la même efpèce, tels qu'un Scipion l'Africain de bronze, le pont Ælius au revers d'Hadrien, & un Pefcenius Niger d'or, qu'on ne connoiffoit pas alors, mais dont on a trouvé depuis une médaille qui eft au cabinet du roi, &c. ce qui nous fait connoître qu'à-peine a-t-il paru en France, ou dans les autres états, des curieux qui ont commencé à amaffer des médailles antiques, qu'il y a eu auffi-tôt des fourbes qui ont cherché à les tromper.

Peu de tems après, parurent en Italie ces fauffaires célèbres, connus fous le nom de Padouan & de Parmefan. Depuis ce tems, Michel Durieu, de Florence, & Cogornier, fe font diffingués ; le premier, en contrefaifant toutes les espèces de

médailles

médailles antiques, principalement les médaillons de bronze; le fecond, en imitant, entr'autres, les tyrans, fous les règnes de Valérien & de Gallien.

Ceux des règnes fuivans ne font pas plus dificiles à diftinguer; ils portent les mêmes marques de fauffeté que les médailles de grand bronze; c'eft la même fabrique, le même vernis, les mêmes rebords, en un mot, le même coup-d'oeil.

En Hollande, Carteron & quelques autres auffi habiles, répandirent auffi chez les curieux un Les médailles impériales d'argent ou d'or, & nombre infini de médailles fauffes ; la plupart, à la les médailles grecqués de coin moderne, de quelvérité, font d'un travail exquis: mais elles n'ap-ques métaux qu'elles foient, font auffi affées à prochent ni de la force, ni du moelleux de l'an- reconnoitre. Si les rebords en impofent quelquetique. C'eft fous le nom de Padouan que la plus fois davantage, les lettres décèlent aifément la grande partie de ces médailles eft connue au- médaille, & c'eft la première connoiffance qu'on jourd'hui. doit acquérir que celle du caractère; ce qui n'eft pas difficile, pour peu qu'un curieux, qui a du appliquer car de quelque façon qu'une médaille foit fauffe, foit qu'elle foit de coin moderne moulée fur l'antique ou fur le moderne, réparée ou martelée, les lettres en font toujours fauffes. Ceft-là (il faut l'avouer ici) l'art principal ou plutôt unique de reconnoître une médaille fufpecte, quand on n'a pas encore acquis ce goût sûr de la fabrique des anciens, qui fait reconnoître fur le champ le vrai du faux.

Moyens donnés par Beauveais pour reconnoître les penchant pour la fcience des médailles, veuille s'y

médailles fauffes.

Il n'eft pas difficile de reconnoître les padouanes par le moyen des règles fuivantes, que peut fuivre un curieux qui n'a pas encore acquis un coup-d'œil sûr & exercé.

1o. Toutes les médailles de grand bronze, qu'on appelle du padouan, & defquelles feules il eft ici queftion, font ordinairement d'un flan bien moins épais que les antiques.

2o. Elles ne font ni ufées, ni rognées.

3°. Les lettres en paroiffent modernes, c'eft-idire, du même caractère que celui des médailles de notre tems.

4. Elles n'ont jamais de vernis, à moins qu'il ne foit faux, & alors il est fort afé de le reconnoitre; car il est pour l'ordinaire noir, gras & luifant, & tendre à la piquûre, au lieu que le vernis antique eft extrêmement brillant, & auffi dur que les médailles mêmes.

5°. Les rebords en ont toujours été limés; ce qui fe reconnoît d'une façon plus ou moins fenfible, pour peu qu'on y fale attention.

6o. Enfin, ces médailles font toujours fort rondes, au lieu que les antiques ne le font jamais fi régulièrement, fur-tout depuis le règne de Trajan. Voilà pour ce qui regarde en général les médailles de grand bronze de coin moderne.

Les médaillons de même métal font auffi aifés à difcerner, & cela par les mêmes règles. On ne rifquera d'abord rien de regarder comme infi iment fufpects tous ceux qui fe préfenteront depuis Jules Céfar jufqu'à Hadrien; on n'en trouve prefque point de véritables pendant ces quatorze premiers règnes de l'empire romain; ainfi tous ceux de ce tems peuvent être regardés comme des prèces fuppofées, à un très-pet't nombre près, qui ne se trouvent véritablement antiques que dans les premiers cabinets. Antiquités. Tome IV.

Des médailles moulées fur celles qui font de coin moderne.

Les médailles moulées fur celles de coin moderne font en fi grand nombre que tous les cabinets, qui n'ont point été formés par d'habiles maîtres, en font remplis. It eft en effet bien plus aifé de les contrefaire de cette façon, que fi on les mouloit fur l'antique. La plupart des médailles rares antiques, les feules qu'on a intérêt de contrefaire, font ufées, & ont perdu une partie de leur beauté & de leur fineffe, excepté celles d'or qui font prefque toujours à fleur de coin, au leu que les médailles du padouan fonc encore dans toute leur beauté. De-là la facilité des fauffaires (qui n'ont pas affez de talens pour graver) à mouler ces fortes de médailles. Elles font quelquefois plus difficiles à reconnoître que leurs originaux, parce qu'en les moulant on leur donne l'épaiffeur qu'on fouhaite. En fecond lieu, on remplit avec du maftic les cavités que le fable y a laiffées. On en retouche les lettres qu'on répare parfaitement avec le burin, & l'on paffe fur toutes ces fourberies un vernis qui achève de les malquer. On ne doit pas s'étonner fi la plupart des curieux, fur tout les commençans, font trompés par ces fortes de médailles.

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par conféquent plus pefant; que les lettres n'en iont pas franches, outre que le maftic & le faux vernis fautent d'eux-mêmes aux yeux.

Celles qui font moulées fur le moderne en or & en argent, font plus aifées à reconnoître, parce qu'on ne peut les déguifer, ni avec le maftic, ni avec un vernis fuppofé; elles montrent donc, pour ainfi dire, leur turpitude à découvert, & il faut qu'un curieux foit encore novice pour s'y méprendre.

La plupart des rebords de toutes les efpèces de médailles fauffes en impofent aflez fouvent; auffi vo t-on que c'eft ordinairement la première partie par où les curieux examinent une médaille. Le plus grand nombre a pour maxime que les rebords juftifient le champ de la médaille, & que le champ fert à fon tour à juftifier les rebords; mais rien de plus trompeur dans un fens. Nous avons, à la vérité, un g and nombre de médailles d'argent, dons les rebords ont été limés & arrondis du tems des romains, pour être enfuite enchaffées dans d.s bagues, autour de certains vafes, ou d'autres monumens femblables. On a fouvent regardé ces pièces comme fufpectes, & la plupart des curieux s'en méfient encore, quoiqu'elles foient sûrement antiques.

D'ailleurs une infinité de médailles fauffes ont Les rebords piqués & mangés, comme s'ils avoient effuyé les outrages de plufieurs fiècles, ce qui fe fait de la manière fuivante. On couvre les rebords d'une médaille fauffe avec de la cire, qu'on pique enfuite en plufieurs endroits : les trous que la piquare a faits, on les remplit d'eau forte, qui mange & mine les rebords de la médaille, autant & quelquefois mieux que s'i's étoient de la première antiquité. Il est donc impoffible qu'ils juftifient dans ce cas le champ de la médaille; ainfi, rien en général de moins décifif que les rebords, puifque, par les raifons que je viens d'apporter une médaille qui auroit fes bords limés, peut être antique, & que celle qui les aura mangés & ufés, telle qu'une médaille antique doit naturellement les avoir, pourra être fausse.

Médailles moulées fur les antiques.

Les médailles, dont il eft ici question, qui font moulées fur les antiques, font moins aifées à reconnoître que celles du padouan, ou celles qui font moulées fur les pièces modernes, parce que, lorfqu'il s'agit de fondre ces médailles, on a foin de choisir pour l'empreinte du moule la médaille antique la mieux confervée qu'on puiffe trouver, & qui produife des pièces affez bien mitées pour en impofer fouvent aux plus éclairés. On en peut fondre de cette manière de toutes les grandeurs & de tous les métaux. Quand un habile fauilaire

a réparé ces fortes de médailles avec le burin, elles paroiffent fouvent auffi naturelles que les antiques, d'autant mieux que, comme on ne contrefait que des têtes & des revers rares, les ouvriers ont foin, pour en impofer davantage, d'employer pour leur matière des médailles antiques communes, fabriquées dans le tems de celles qu'ils contrefont, afin que l'argent qu'ils contrefont, foit au même titre. Par exemple, un ouvrier voudra contrefaire l'arc de triomphe de Septime Sévère, qui eft un revers fort rare en argent, il aura foin de fondre une médaille commune de cet empereur, pour en fabriquer fa pièce fauffe, & la rendre plus méconnoiffable par l'égalité du titre de l'argent.

Il faut convenir que ces fortes de médailles font ordinairement moins aifées à démafquer que les précédentes, parce qu'ayant été, coinine je viens de le dire, moulées fur les médailles antiques les plus parfaites, elles ont confervé le goût de leur modèle, & ont réellement un coup-d'oeil qui furprend : auffi voit-on la plupart des curieux s'y tromper, principalement en fait de médailles impériales d'argent; c'est l'efpèce la plus aifée à imiter par la petiteffe du volume. Il n'y a guères de cabinets où l'on ne trouve de ces médailles ; te'le étoit une médaille d'argent fin de l'impératrice Magnia Urbica, que l'on confervoit autrefois dans un cabinet de Paris. Cette médaille en avoir impofé à plufieurs médaillites, entr'autres au P. Banduri qui l'a citée dans fon catalogue comme une pièce extrêmement rare; elle fut cependant reconnue pour une médaille moulée, réparée avec beaucoup d'art & d'adreffe, mais qui étoit fauffe.

Les antiquaires doivent être extrêmement en garde fur ces fortes de médailles, par la reflemblance qu'elles ont avec les antiques. Il faut fur-tout fe défier de toutes les grandes têtes en argent. Les femmes qui appartiennent à Trajan, le Pertinax, le Didius Julianus, le Pefcennius Niger, les deux Gordiens d'Afrique, la Tranquilline, & la Cornelia Supera, ont été imitées mille & mille fois, & l'on a reconnu par expérience que fur vingt médailles de cette rareté, qu'on verra dans des cabinets de province, à peine en trouvera-t-on une ou deux véritables.

Il est néceffaire, pour reconnoître ces médailles, d'examiner deux chofes, 1°. les lettres, 2o. le champ de la médaille. Dès qu'une médaille n'a pas été frappée dans un coin, comme la plupart des médailles antiques, à l'exception de quelques unes de bronze, dont on parlera en fon lieu, les lettres en font plus irrégulières; elles ne fortent point du champ de la médaille avec netteté; elles font plus pâtées, & fi le burin y a travaillé, on reconnoît qu'elles ont été altérées.

Il faut fuirre une légende d'un bout à l'autre, examiner fi toutes les lettres font du même goût, & uniformes, fi aucune ne cloche, & fi eles fortent toutes avec la même égalité; quand ces conditions ne se rencontrent pas, la médaille doit paroitre fupecte.

Le champ fert encore à affurer le fort de la médaille quand elle eft moulée, il n'est jamais fi ufé que lorfqu'une médaille a été frappée; on y voit toujours un certain creux, & des cavités caufées par le fable. Ces défauts ne peuvent fe cacher, comme fur les médailles de bronze, par le maftic & le faux vernis; il faut qu'ils paroillent à découvert fur les médailles d'or & d'argent, & le coup d'oeil fert beaucoup à les diftinguer promptement, fur-tout quand on l'a acquis à un point où il n'eft guères poffible de se tromper. Médailles antiques refaites, & dont on change les têtes & les types.

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Toutes ces médailles antiques, ainfi travefties, font très-communes dans les cabinets, fur tout dans les fuites de grand & de moyen bronze, que le vernis déguife toujours mieux. Il eft donc de l'intérêt des perfonnes qui forment des collections de médailles, de s'appliquer de bonne heure à démafquer cette fourberie, qui confifte prefque toujours dans les lettres; la chofe n'eft pas aifée. Il y a en Italie des ouvriers qui ont employé toute leur vie à ce manége, qui possèdent l'art d'ôter d'une médaille les lettres qui nuifent à leur deffein, & d'en graver d'autres en place, qui pa-. roiffent fi naturelles, que la plupart des curieux y font trompés. On a vu de grands connoiffeurs partagés de fentimens fur une Titiane de Potin,, fabrique égyptienne, qui, dans le fond, n'étoit qu'une Fauftine travestie. La Céfonie d'or, du cabinet de M. Lebret, étoit de cette espèce; elle fut reconnue à fon arrivée à Paris pour une Agrippine la mere, au revers de Caligula, dont on avoit ôté le nom, pour y substituer celui de Céfonie, & faire par-là une médailie qui en avoit impofé à tous les antiquaires de province.

Voici l'efpèce de médailles qui furprendra fans doute le plus, & dont on a moins licu de fe defier. Il faut être très-verfé dans la mécanique des médailles, pour ne pas s'y laiffer furprendre. Ce font des médailles antiques, auxquelles on fubftitue de nouvelles légendes, & dont on falfifie les têtes & les revers avec un art étonnant. Un curieux croît être en sûreté quand il acquiert ces fortes de médailles, dont on fe défie d'autant moins, qu'elles font réellement ant ques; mais elles n'en font pas moins fauffes, en ce que ce font en effet des médailles différentes de qu'elles repréfentent. Il eft d'abord aifé d'imaginer qu'il n'y a que les têtes les plus rares, & les grands revers qu'on traveftit ainfi. La plus grande partie de ces médailles nous viennent d'Italie, où on a com-guilées en Othon, & travaillées avec beaucoup mencé à les déguifer de cette façon, quand on s'eft apperçu que les autres médailles fauffes étoient trop connues.

Alors on s'eft avifé de faire d'une médaille commune antique, une médaille rare; de traveftir, par exemple, un Claude de bronze de la colonie d'Antioche en Othon; une Faustine la mère, médaillon de Potin, en Titiane; une Julie de Sévère d'argent en Didia Clara; un Macrin de Colonie en Pefcennius Niger; une Orbiana de grand bronze en Annia Fauftina; une Mamée en Tranquilline; le Philippe le père, ou le Valérien de grand bronze, en Emilien ; ainfi du refte.

Quand les têtes ne font pas à-peu près reffemblantes, telles que celles dont je viens de parler, cette difficulté n'arrête pas pour cela la fourberie. On les fait retoucher avec le burn, d'une façon à les rendre femblables; on fe fert ordinairement d'un Marc Aurele de bronze pour en faire un Pertinax; mais comme ces deux em

J'ai vu nombre de médailles des empereurs Claude & Néron, de la colonie d'Antioche, dé

d'art. Ces forte de médailles fe reconnoiffent principalement par les lettres, qu'il faut examiner avec la févérité prefcrite à la fin de l'article précédent.

Outre les têtes, on fait de même les revers. Une médaille fera belle du côté de la tête, & frufte, c'est-à-dire, gâtée du côté du revers; fi c'est un revers qui foit rare, & que la médaille foit de bronze, on le travaille avec le burin, & on en fait revivre toutes les figures en creufant un peu dans le champ de la médaille ; il faut obferver alors que ces fortes de revers ainfi refaits n'ont point de relief, & ne fortent pas hors du champ. C'eft principalement à cette marque qu'on les. reconnoît.

Un grand nombre de médailles (On parle encore ici de celles de bronze.) ont des revers rares qui fortent à fleur de coin, mais qui font totalement poftiches; ce font encore des médailles antiques, à la tête desquelles on re touche point

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