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felon M. le Beau( Hift. du bas-empire. lib. IX,
art. XXVII.) cent-trente-deux pieds: ce doit
être un de ceux dont Pline (lib. XXXVI, c. 8.)
parle en ces termes : Ramifes autem is, quo re-
gnante, Ilium captum eft, quadraginta cubitorum
(lifez centum quadraginta). Idemque digreffus
inde, ubi fuit Mnevidis regia, pofuit alium, lon-
gitudine undevicenis pedibus per latera cubitis qua-
tuor. Si 140 coudées ou pieds géométriques va-
loient 132 pieds romains, il s'enfuit que dans le
bas-empire, le pied romain ne valoit plus que 130.
74 lignes de pied de roi. Cer obélifque devroit
avoir 119. 84 pieds de roi, à raison de 140 pieds
géométriques. On affure que c'est le même obé-
lifque que Sixte V a fait rétablir & dreffer dans
la place de Saint-Jean-de-Latran. »

» Mais une obfervation qui peut fervir à prou-
ver que les anciennes mefures romaines avoient
été altérées & négligées, c'eft que fous Valenti-
nien, Valens & Gratien en 367 (Hift, du bas-em-
pire. liv. XVII, art. 14. Prétextat, préfet
de Rome, fut obligé de rétablir dans tous les
quartiers de cette ville, de nouveaux étalons pour
fixer les poids & les mefures, & contenir la mau-
vaife foi des marchands. »

PIED HUMAIN. (Voyez PIEDS.)

PIEDESTAL. Lorfque fur les marbres & les
pierres gravées une figure paroît placée fur
un autel, ce qu'on prend pour autel
n'eft fouvent qu'un piedestal; & par confé
quent plufieurs piedeftaux antiques font pris à
tort pour des autels, quoiqu'ils en aient la
forme. Le mot Baos qui fignifie un autel, fe prend
auffi pour toutes fortes de fupport, fur lequel on
peut placer quelque chofe; c'eft (ad. Il. E. p. 722.
7. 25.) Euftathe qui nous l'enfeigne au fujet d'un
paffage (II. E. v. 421. ) d'Homère.

PIEDS.

PIEDS (Baifer les ) ( Voyez ADORATION.)
PIEDS (Fouler aux) ( Voyez FOULER.)

PIEDS (Inégalité des ) ( Voyez EGYPTIENS
monumens. )

PIEDS des figures antiques. « Dans les figures
antiques, tranquilles, dit Winckelmann (hift.
de l'art.) on ne trouve pas cette préten-
due grace des modernes, enfeignée par les
maîtres à danfer & confiftant à ne laiffer
repofer le pied tiré en arrière que fur les doigts.
Cette pofition n'eft ufitée chez les anciens que,
quand les figures font en marche ou en courfe;
mais jamais quand elles font en repos. Loríque
Philoctète, fur le bas-relief que j'ai publié dans

mes monumens de l'antiquité, tient le pied droit
dans cette pofition, c'eft que l'artiste a voulu ex-
primer la douleur du héros caufée par la morfure
du ferpent, douleur qui ne lui permet pas de mar-
cher fur ce pied. »

« Un beau pied, ainfi que de beaux genoux
étoient plus vifibles chez les anciens, qu'ils ne le
font chez les modernes. »

<< Comme les anciens ne fe ferroient pas tant les
pieds que nous par des chauffures étroites, ils
avoient ces parties du corps de la plus belle tour-
nure. Nous voyons par les obfervations des phi-
lofophes & par les inductions qu'ils tiroient de là
par rapport aux inclinations de l'ame, que les an-
ciens confidéroient la forme des pieds avec une
attention fcrupuleufe ( Ariftot. Quasyvay. lib. 1. p.
147.) C'eft pourquoi dans les defcriptions des
belles perfonnes, telles que Polyxène (Darès phryg.
. 13.) & Afpafie (Ælian. Var. hift. l. 12. c.
1.) on cite leurs beaux pieds & l'histoire n'a
pas dédaigné de faire mention de la difformité des
pier's del'empereur Domitien ( Suet. Domit.) Les
ongles des pieds font plus applatis aux ftatues
des anciens qu'à celles des modernes. »

PIEDS nuds fur les monumens. On voit
fur les pierres gravées de Stofch plufieurs fi-
gures de guerriers armés, & en même tems
avec les pieds nuds. Ce n'eft pas toujours un
caprice du graveur ; car il y a dans la villa Albani
la ftatue d'un empereur armé, avec les pieds nuds.
On a remplacé la tête qui manquoit par celle d'Ha-
drien. Elle convient peut-être à cette statue : nous
favons en effet que dans fes expéditions, cet empe-
reur faifoit quelquefois avec toute fon armure
vingt milles à pied, comme un fimple foldat. Dion
ajoute qu'il marchoit alors à pieds nuds, comme
autrefois Jules-Céfar & Mafiniffa.

Phocion (in Plutarcho), Scipion & Germa-
nicus (Tacit. annal. 2. 59. incedere pedibus intec-
tis), les fénateurs dans les commencemens de la
république (Scholiaft. Juven. fat. 1. 3. ) en
ufoient de même. De-là étoit venu fans doute
l'ufage de laver les pieds aux hôtes à leur arrivée
& à tous les convives avant qu'ils fe couchaf
fent fur les lits de table.

PIEDS (opiner des ). ( Voyez PEDAIRE. )

PIED de bon augure. Les romains attachoient
une grande importance à entrer du pied drot plu-
tôt que du pied gauche dans les temples, les mai-
fons ou l'appartement de ceux qu'ils refpectoient."
Y entrer du pied gauche, étoit regardé comme
un préfage finiftre. Properce ( 3. 1. 5.) demande'
Quove pede ingreffi, quamve bibiftis aquam?

Virgile (Eneid. 8. 301.)

Salve vera Jovis proles, decus addite divis:

Et nos, & tua dexter adi pede facra fecundo.
Juvénal (Sat. 10. 5. )

.quid tam dextro pede concipis, ut te Conatus non pæniteat votique peracti.

Apulée (Metam. 1.) dit auffi: fed ut fieri affolet, finiftro pede profectum mefpes compendii fauftrata eft.

PIED pofé fur une pierre ou rocher, ou autre objet élevé, & le bras gauche appuié fur le genou du même côté font une attitude héroique. C'eft ainsi qu'un grand nombre de héros font repréfentés fur les pierres gravées; & c'eft ainfi que font repréfentées la Melpon ène du muféurn Pioclémentin & celle du farcophage du capitole fur lequel on voit les neufmules.

Cette attitude doit faire rejetter la dénomination de Pancratiafte donnée à une ftatue du muféum capitolin.

M. Eckhel dit que l'attitude de pofer le pied fur quelque chofe, étoit en général un fignal de propriété. Ainfi fur les médailles de la famille Mufcia, le génie de Rome pofe le pied fur un globe, pour faire entendre que l'empire de l'univers lui appartient. Dans les médailles de MarcAurèle la valeur appellée virtus met le pied fur un cafque, fon attribut ordinaire.

Quelquefois cette attitude a une fignification fymbolique. Selon Plutarque (Conjug. pracepta.), la ftatue de Vénus ayant une tortue fous le pied ouvrage de Phicias, avertiffoit les femmes de s'enfermer dans la maison & de se taire.

Cette attitude eft ordinaire aux fi ures de Neptune, & elle défigne par ce pied polé fur un rocher, que fon empire s'étendoit fur la terre de même que fur la mer. ( Voyez NEPTUNE.)

PIED tenu par une main. Cette attitude donnée toujours à une femme fur les monumens antiques, defigne Vénus felon M. Leblond dans fa defcription des pierres gravées du Palais-Royal, tome 2. Pour déterminer plus aifément fi en effet il s'agit ici de Vénus & qu'elle et l'action dans laquelle on a voulu la repréfenter fur cette agate, nous rapprocherons les divers monumens fur lefquels on voit des femmes dans la même attitude. Un bronze gravé dans le recueil d'antiquités de Caylus (Tom. II. pl. XLVII. n°. 1) repréfente une femme nue élevant la jambe gauche à laquelle elle femble porter la main droite. On trouve dans le même recueil la defcription de deux Cornalines (Recueil d'antiquités, tom. III. pl. XLII.) dont

l'une repréfente une femme nue fe touchant le pied dron de la main gauche, tandis que de la droite elle s'appuie fur la tête d'in fatyre; l'autre prefente un amour qui porte auffi la man gauche à fon pied droit, attitude que Calus foupçonne appartenir à la dunfe. Une pierre gravée du cabinet du grand duc (M.f. florent. gemm. antiq, tom. 2. pl. LXXI) a pour fujet une femme s'appuyant d'une main fur un gouvernail, & portant l'autre à fon pied, foutenu par un amour. Parmi les bronfemme de bout femble attacher de la main une efzes d'Herculanum (tom. 2. zavol. XIV) une pèce de chauffure à fon pied gauche, en tenant le bras gauche élevé comme pour conferver l'équi libre. Enfin une ftatue de marbre de la galerie de Florence (Muf. Florent. ftat. tab. XXXIII. ) repréfente une femme affife, appuyant fur la cuffe droite la jambe gauche au bas de laquelle elle porte la main. »

« Nous ne difcuterons point ici tous les raifonne mens des antiquaires fut ces différentes figures; il nous fuffira d'cbferver qu'ils s'accordent en général à les regarder toutes comme autant de représentations de Vénus. De tous ces monumens que nous n'indiquons que parce que les attitudes & l'action qu'on y remarque, ent un grand rapport avec celle de notre Camée; il n'en eft aucun que nous prenions plus de plaifir à lui comparer qu'une médaille de la ville d'Aphrodyfias en Carie. (Rec. de med. de peupl. & de villes tom. II. pl, LXV. ) elle a pour type une femme nue, à peu près dans la même attitude que les précédentes; or cn ne fauroit douter que ce ne foit Vénus divinité tutélaire de cette ville, qu'on a voulu figurer fur la médaille; l'amour qu'on y voit repréfenté ne laiffe même fur cela aucun doute. On eft donc autorifé à reconnoître Vénus dans toutes les figures dont nous venons de parler; mais leur attitude exprime-t-elle par-tout la même action, & cette action, qu'elle eft-elle ? »

"

» Caylus fuppofe qu'elle eft relative à la danfe, ou à quelqu'exercice pantomime; mais il n'appuie fon opinion fur aucun témoignage qui puiffe la faire valoir: cette attitude, ne fu-elle que momentanée, paroît tellement gênante qu'on feroit tenté de la regarder plutôt pour un tour d'adreffe que comme un pas de danse. »

» Le fentiment de ceux qui ont vu dans ce fujet Vénus fortant du bain paroit encore moins vraifemblable. En effet, on ne voir pas pourquoi en fortant du bain, la deeffe auroit porté la main à fon talon. L'act on exprimée fur la pierre du cзbinet du Palais-Royal, ainfi que fur p'ufieurs des monumens que nous lui avors comparés, eft fi fouvent répétée qu'elle nous paroît devoir néceffairement répondre à quelque trait de la fable; or ce trait, nous croyons l'avoir trouvé dans l'accident arrivé

à Vénus, lorfqu'en allant an fecours du bel Adonis, elle fe,bleffa au pied. Indigne qu'un fimple mortel lustût prétéré, Mars lache contre Adonis un fanglier furieux pour prévenir le malheur dont fon amant eft menacé, Vénus part fans fe donner le tems de prendre de chauffure, & traverfe un bosquet de rofes dont les épines la bleffent au pied; teinte du fang, ( on n'ignore pas que le nectar que buvoient les dieux, ainfi que l'ambróifie dont ils fe nourriffoient, devoient produire une iiqueur particulière qu'il a plu à Homère de nommer Ichor; mais Aphtonius à qui nous devons le trait que nous venons de conter, laiffe pas de fe fervir du mot apa.) qui fortit de fa bleifure, les rofes de blanches qu'elles avoient été jufqu'alors, devinrent & furent déformais vermeilles. (Théocrit. idyll. XXX. ) »

ne

» L'attitude de notre figure & de toutes celles de plufieurs des monumens que nous venons d'indiquer, l'accord du mouvement de la main avec l'expreffion du visage, tout nous paroît démontrer que le graveur n'a pu avoir d'autre intention que de repréfenter Vénus dans l'inftant qu'elle vient de se bleffer. »

PIEDS percés.

Les deux pieds, dit Caylus, (rec. d'antiq. 2. p. 16. n° 5.) font percés au col du pied. On fait que lés étrufques prenoient cette précaution pour fixer leurs petites divinités. Cette circonitance a cependant moins fervi à former ma décision, que le goût de l'ouvrage. En effet, rien ne feroit plus facile que de percer des pieds de cette épaiffeur. Ce bronze qui pourroit tenir une place diftinguée dans les cabinets les mieux compofés, eft fondu maffif, & cet exemple eft commun, l'examen répété de ces fortes de monumens, me perfuade que les étrufques ont négligé les moyens d'alléguer les ouvrages de ce genre. Peut-être que, pour fixer ces idoles, ils vouloient encore joindre la péfanteur à la précaution qu'ils avoient de les percer par les pieds».

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de

preuves

les examen, & elle fera détruite par blable. Les pieds & les plantes des pieds, déficette autre opinion qui eit beaucoup plus vraifemgnent des vœux faits par des voyageurs pour obtenir un heureux fuccès, & des actions de graces rendues par des voyageurs. heureufement revenus de leurs courfes. En effet, on voit fur une cornaline de la collection de Stofch ( 4°. claffe n° 207.) un pied ailé fous une tête d'Auguíte; ces ailes ne peuvent avoir de rapport avec une guérifon, mas elles en ont beaucoup avec un voyage. Lachaufle a publié une femblable pierre (n°. 32.).

Ces infcriptions auroient été adreffées à Efculape, ou à d'autres divinités romaines, s'il s étoit agi de guérifons obtenues par des romains. Mais elles le font toutes à des divinités étrangeres aux romains, à Ifis, à Sérapis & à Célefte: ce qui dénote des voyages entrepris par des romains dans des contrées où étoient adorées ces divinités, & des vœux formés pour l'heureux fuccès de ces voyages.

D'ailleurs on lit fur quelques unes de ces infcriptions auxquelles font joints les pieds ou les plantes des pieds... SALVOS ISSE SALVOS

RE

DISSE.... LETI LIBENTES VOTA SOLVANT QUE PEREGRE CONSTITUTI PRO ITU AC REDITU FELICI SUO ET SUORUM VOVERANT.

Ifis en particulier devoit être l'objet des voeux des voyageurs, à caufe des maux qu'elle avoit fouffert dans fes courfes, & qu'un poëte a chantés dans ces vers:

Tu certè, Jovis occultis in amoribus, Io,

Senfifti, multas quid fit inire vias, Quum te juffit habere puellam cornua Juno

Et pecoris duro perdere verba fono.

Des pieds ou des plantes des pieds fculptés fur les tombeaux des premiers chrétiens ne défignoient pas des vœux pour un voyage réel, mais pour le voyage que les défunts avoient faits fur la terre pendant leur vie. C'étoit une allufion myftique à ces paroles de l'écriture, peregrinamur à Domino.

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lectis tricliniaribus, in fulcris capita aftorum vite exactes. Les modernes n'ont inventé depuis que le alligata habuerunt. grand appareil.

Lorfque les jeunes enfans des deux fexes étoient admis dans les feftins des romains, ils fe plaçoient aux pieds des lits. Suétone dit de Claude (c. 32. n. 3.) adhibebat omni cœna & liberos fuos cum pueris puellisque nobilibus, qui more veteri adfulcra lectorum fedentes vefcerentur.

PIELUS, fils de Pyrrhus & d'Andromaque. Il paroit conftant que c'eft lui qui fuccéda au trône de fon père, & que c'eft de lui que defcendoit Pyrrhus, fi célèbre par fes guerres contre les romains. Voyez ANDROMAQUE, LANASSE, PYR

RHUS.

PIERA, fontaine qui étoit fur le chemin d'Élis à Olympie les directeurs & directrices des jeux olympiques, ne pouvoient entrer en fonction, qu'ils ne fe fuffent auparavant purifiés avec de l'eau de la fontaine Piéra, qui étoit réputée facrée.

PIÉRIDES, filles de Piérus, roi de Macédoine, étoient neuf foeurs qui excelloient dans la mufique & la poehe: fières de leur nombre & de leurs talens, elles ofèrent aller chercher les neuf Mufes fur le mont Parnaffe pour leur faire un défi & difputer avec elles du prix de la voix; le combat fut accepté, & les nymphes de la contrée furent choifies pour arbitres. Celles-ci, après avoir entendu chanter les deux parties, prononcèrent toutes de concert en faveur des déeffes du Parnaffe. Les piérides, piquées de ce jugement, dirent aux Mufes beaucoup d'injures, & voulurent même les frapper, lorfqu'Apollon les métamorphofa en Pies, leur laiffant toujours la même envie de parler.

Gori a publié (infcript. étrur. t. 3. pl. 33.) un tombeau étrufque fur lequel eft fculptée leur infortune. Jupiter, Junon & Pallas font témoins du défi ; & les Mufes tuent les filles de Pierus. Elles ont déjà les pieds & les cuiffes d'oifeau; quoiqu'elles jouent encore de la lyre.

PIERIDES, furnom des Mufes, dérivé de Pierius, montagne de Theffalie qui leur étoit confacrée.

PIERRE DE COURTENAI, troisième empereur françois à Conftantinople.

Ses médailles manquent.

PIERRE. Perfonne ne doute que les anciens n'aient connu l'opération de la taille. Celfe & plufieurs autres en ont donné des defcriptions très

PIERRE DE TOUCHE. V. BATTUS, BASALTE.

PIERRE qui rend des oracles. On voit, dit Winckelmann, dans la collection de Stofch fur une cornaline fciée d'un fcarabée & de gravure étrufque, Hercule fans barbe, courbé, qui tient quelque chofe dans les deux mains fur une espèce de table ou d'autel qu'il regarde avec attention. Ce fujet eft fort difficile à expliquer. Je trouve dans l'ancien catalogue des pierres gravées de notre cabinet, qu'on a cru voir ici un gâteau dont Hercule va faire une offrande; mais je ne me fouviens d'aucun trait dans l'hiftoire d'Hercule qui y ait du rapport. Il ne s'agit ici que de conjectures, & je vais propofer une explication, qui relevera dumoins un trait de la fable rapportée par( L. IX. p. 731.) Paufanias, & qui n'eft pas trop connu. »

« Hercule étant tombé dans une espèce de démence, peu s'en fallut qu'il ne tuât Amphitrion fon père putatif; une pierre que lui jetta Minerve l'arrêta dans fa frénéfie, en le faifant tomber dans un profond fommeil. On appella cette pierre, Sophronifter, c'est-à-dire qui fait revenir à la raison. Peut-être donc qu'ici Hercule après s'être réveillé de fon fommeil, regarde cette pierre myftérieuse, & la met fur l'autel de Minerve. Une autrefois (fchyl. ap. ftrab. l. V. p. 183.) Hercule ayant à combattre les liguriens, il fe trouvoit fans fléches, le deftin l'ayant ainfi ordonné, & de plus il étoit dans un lieu où il ne pouvoit pas avoir des pierres, mais Jupiter par le moyen d'une nuée remplie de pierres, lui fournit bientôt des armes contre fes ennemis ».

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» On lit dans un poëme (Falconet, differt. fur les bactyles dans les mém, de l'acad, des infcript. t. V. p. 183. A.) fur les pierres, attribué à Orphée, qu'Appollon donna au troyen Helenus une pierre qui avoit le don de la parole. Helenus voulant effayer la vertu de cette pierre, s'abstint pendant plufieurs jours du lit conjugal, des bains, & de manger de la chair des animaux. Enfuite il fit plufieurs facrifices, il lava la pierre dans une fontaine, il l'enveloppa foigneufement, & il la mit dans fon fein. Après cette préparation qui rendoit la pierre animée ; pour l'exciter à parler, il fit fem

blant avec la main de vouloir la jetter, & alors elle fit un cri femblab'e à celui d'un enfant qui défire le lait de fa nourrice. Hélénus profitant de ce moment interrogea la pierre fur ce qu'il vouloit favoir, & il en reçut des réponses certaines; c'eft au moyen de ces réponses qu'il prédit la ruine de Troye, fa patrie».

Qu'on le figure donc de voir ici Hélénus, fon bâton à terre, qui lave cette pierre miraculeufe dans une fontaine, on auroit de cette forte ane autre explication qui peut convenir à notre gravure ».

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PIERRE SPECULAIRE, lapis fpecularis. C'étoit une pierre tranfparente avec laquelle les romains faifoient leurs fénêtres & les glaces de leurs litières. Les favans font fort partagés fur ce que c'étoit que cette pierre; les uns foutiennent que cette pierre Spéculaire des romains, eft celle que les grecs nommoient σκίστος d'autres veulent que ce foit l'apyopodamas, à caufe qu'elle réfifte à la violence du feu; quelques-uns prétendent que c'est la pierre ridevirns, à laquelle les romains ont donné le nom de pierre spéculaire, eu égard à la transparence. Saumaife foutient que le lapis fpecularis, & le pins font la même chofe. Comme cette diverfité des fentimens marque que le lapis fpecularis n'eft pas aujourd'hui trop connu, M. de Valois penche à croire que ce n'eft autre chofe que ce que l'on appelle talc en Allemagne & en france, non pas ce tale commun qui fe trouve, dans la plupart de nos carrières, mais ce tale parfaitement blanc & tranfparent, dont il y a encore aujourd'hui une fi grande quantité en Mofcovie.

Le principal ufage auquel le lapis Specularis étoi employé par les romains, c'étoit à fermer les fenêtres. Sénéque fait mention de ces fortes de fenêtres, comme d'une chofe établie de longue main: ce qui donne lieu de préfumer qu'elle étoit déjà en vogue dès le temps de la république ; c'étoit de la même pierre fpéculaire que fe faifoient les glaces des litières couvertes des dames romaines.

A l'égard des fenêtres de verre, telles que font maintenant les nôtres, elles étoient déjà en ufage dans le cinquième fiècle, puifque Saint-Jérôme en fait mention.

PIERRE-PERTUIS, en latin du moyen âge, petra pertufa, chemin de la fuiffe, percé au travers d'un rocher. Le val de Saint Imière, avec les terres en deçà, font dans l'enceinte de l'ancienne helvétie!: les autres au delà, font le véritable pays des rauragues. Ces deux parties font féparées par une chaine de montagnes & de rochers, qui font, une branche du Mon-Jura. Dans ce quartier-là, pour avoir un paffage libre d'un pays à l'autre, on a percé un rocher épais, & on a taillé un chemin à

travers. Ily a quarante-fix pieds de longueur dans l'épaiffeur du rocher, & quatre toifes de hauteur. Ce paffage appellé pierre-pertuis, eft à une grande journée de Bâle, & à une demie-journée de Bienne, près de la fource de la Birs. Ce chemin n'eft pas nouveau; une infcription romaine qu'on voit audeffus de l'ouverture, mais que les paffans ont mutilée, nous apprend-qu'il a été fait par les foins. d'un Paterius ou Paternus, duumvir de la colonie helvétique établie à Avenche, fous l'empire des deux Antonins. (D. J.)

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PIERRES NOIRES. Winckelmann dit (hift. de l'art. liv. 2. ch. 3.

«De toutes les ftatues de l'antiquité, les plus maltraitées font celles des égyptiens, faites de pierres noires. A l'égard des ftatues grecques, la fureur des hommes s'eft contentée de leur abattre la tête & les bras, & de renverfer les autres parties qui fe brifoient en tombant du haut de leurs piéditaux. Mais pour les ftatues égyptiennes, ainfi que celles qui ont été exécutées en pierres d'égypte par des artiftes grecs, elles ont été brifées à grands coups d'inftrumens, après avoir réfifté à leur chute; & les têtes qui n'auroient pas fouffert en tombant & en les jettant, fe trouvent brifées en plufieurs morceaux. Il y a toute apparence que c'eft leur couleur noire qui a occafionné cet acharnement, & qui a fait naître l'idée dans l'efprit des deftructeurs que ces figures étoient des productions du prince des ténèbres, que c'étoit les images des

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