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conjectures fondées fur les traits de l'écriture courante, nous donnerions les dip ômes mérovingiens aux calamus, ainfi que les chartes romaifies, dont l'antiquité remonte encore plus haut. Au VIII. fiècle, la plume & la caune auroient écrit cn France tour-à-tour les diplômes. Mais la plume auroit infenfiblement pris le deffus. Au fiècle fuivant, le rofeau n'auroit prefque plus eté admis à écrire le corps des actes émanés de la puiflance royale, quoiqu'il ne fût pas exclus des fignatures, & que les bulles des papes & les actes fynodaux le préféraffent encore à la plume ».

« L'abbé de Godwic obferve fort judicieufement, qu'au défaut de textes clairs des auteurs fur l'antiquité des plumes, on peut s'en tenir aux peintures des anciens manufcrits. Mabillon en cite deux, l'une de l'abbaye de Hautvilliers, du temps de Louis le Débonnaire, & l'autre de l'abbaye de Saint-Amand, du X. fiècle. La première nous offre les portraits des évangélifles, tenant des plumes à la main; la feconde repréfente dans la même attitude Baudemont, ancien écrivain de la vie de Saint Amand. Il ne s'enfuit pas qu'aux IX. & X. fècles, l'ufage des cannes fut totalement aboli, mais bien qu'on fe fervoit de plumes, même pour écrire les manufcrits. Après tout, quand les cannes n'auroient plus été employées dans les manufcrits, on n'en pourroit rien conclure par rapport aux diplômes. Comme on remarque dans ces derniers des traits nets & dégagés, qui femblent caractériser la plume on en obferve d'autres obfcurs & groffiers, qui paroiffent nous annoncer le calamus, fuppofé que la canne fût encore alors de quelque ufage en France, pour tranfcrire les manufcrits. Au X. fiècle, Pierre-le-Vénérable ne conno ffoit plus que celui de la plume ». ( Nouvelle diplomatique grecque )

PLUNTERIES. Voyez PLYNTERIES.

PLURIELS. « Après la barbarie du langage & de l'orthographe, tant vicieufe qu'extraordinaire par rapport à la nôtre, rien n'influe davantage fur le ftyle des chartes que l'ufage des pluriels pour les finguliers. Ce n'est pas qu'on ne s'exprima fouvent par le fingulier, lorfqu'on parloit en première perfonne, ou qu'on adrefloit la parole à quelqu'un. Mais il étoit beaucoup plus ordinaire d'employer le pluriel quand on mettoit les dip'òmes dans la bouche des princes, des prélats, ou des grands feigneurs. Jufqu'au XI. fiècle, nos rois parlèrent prefque toujours en pluriel; & combien n'y a-t-il pas de fiècles qu'ils ont repris ce flyle? Les exceptions, fous la première race, ne s'étendoient pour ainfi dire qu'aux fignatures, cu à certaines chofes qui regardoient les princes perfonnellement, comme lorfqu'ils demandoient qu'on priât Dieu pour eux. Les évêques & les

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feigneurs mêloient un peu plus les finguliers avec les pauriels en parlant d'eux-mêmes ; mais les particuliers fe boinoient alors prefqu'aux finguliers. Le pluriel pour le fingulier à la feconde perfonne paroît prefqu'auffi rare dans les diplômes, qu'ordinaire dans les lettres. Mabillon va jufqu'à révoquer en doute fi ces pluriels fubititues aux fingulers avoient lieu dans les chartes; mais il en fourrit lui même des exemples au fixième livre de fa Diplomatique. Si le nombre n'en eft pas fort grand, c'eft que la plupart des diplômes ne fe trouvent pas adreffés à un feul homme. Ainfi, pour bien juger à cet égard du ftyle ancien, il faut s'en tenir aux bulles des papes, & aux lettres eccléfiaftiques, dans lefquelles il arrive fouvent qu'on ne parle qu'à une feule perfonne ».

» Dans plufieurs actes inconteftables des empereurs romains, on ne parle fouvent que d'un empereur, quoiqu'il y en eût deux, & quelquefois on en nomme plufieurs, quoiqu'il n'y en eût qu'un feul. Il y a des pièces très-authentiques où l'on parle au fingulier & au pluriel des anciens empereurs. Ni ceux d'Allemagne, de la race carlovingienne, ni leurs fuccefleurs jufqu'à l'interrègne arrivé après Frédéric II, n'ont mis nos ou ego avant leurs noms, quoique cela fût pratiqué par quelque comtat. Dès le X. fiècle, on voit les rois d'Espagne commencer leurs diplômes par l'invocation fuivie immédiatement de Nos Sifnandus, ego Ordonius, &c., & ufer en même temps du pluriel & du fingulier. Thomas Ruddiman, dans la préface du Thréfor choifi des diplômes & des médailles d'Ecoffe, prétend convaincre de faux une charte de Malcolm III, parce que ce prince y parle de foi-même au pluriel. Selon lui, Richard I en Angleterre, & Alexandre II en Ecoffe, font les premiers qui aient employé le pluriel, loifqu'ils ne parloient que d'eux feuls. Guillaume Nicolfon veut que ce foit Jean Sans-terre qui ait introduir nos dans les lettres, ufage que fes fucceffeurs ont conftamment retenu ».

» Clovis, à l'exemple des empereurs & des rois plus anciens que lui, ou fes contemporains, s'attribue le nombre pluriel dans fes diplômes & fes lettres. En écrivant aux évêques, il dit: Ingrederemur, pracipimus, populus nofter. Cependant, à la fin de la lettre, il parle de lui au fingulier: Orate pro me. Dans fon diplôme pour le monatlère de Mici, il fe fert de ces termes: Concedimus, tradimus, prabemus, & finit ainfi : Ita fiat, ut ego Clodovaus volui. Childebert, dans fon diplôme de la fondation de Saint-Germain-des-Prés, après avoir commencé par le pluriel, emploie une fois dans le texte. Il eft donc conftant que les rois méroving ens fe font quelquefois fervis de ce pronom, mais non pas au commencement de leurs diplômes Il eft rare de le trouver employé par nos rois, avant Henri I. Mabillon ne cite que le roi Cccccip

ego

Raoul, dont une charte commence ainfi : Ego defquels on la conduit où l'on veut. Ce paffage Radulftus rex ». ( Nouv. diplom.)

PLUSIA, dans la Sicile. пAоYCIAC.

Cette ville a fait frapper des médailles impériales grecques en l'honneur d'Augufte.

PLUTEUS. Le pluteus, tout comme le mufcule, paroifloit dans les fieges fous diverfes formes de mantelet, & fouvent comme une tortue fort légère & fort petite. Daniel en fait mention dans fon Hiftoire de la milice françoife, où il tombe dans une contradiction manifefte. It prétend que cette machine étoit couverte par-deffus, & en cmble rond; il cite un palage du poëme du Siége de Paris du moine Abbon, dont le tens eft que les normands employèrent à ce fiége une nfinité de machines que les latins appellent plutei, dont ch.cune pouvoit mettre à couvert fept ou huit fo dats, & que ces machines étoient couvertes de cuir de boe if, & cependant il en donne une fi gure qui I. s repréfente découvertes. L'auteur leur donne, d t notre hittorien, le nom de tentoria, parce qu'elles n'étoient pas plattes par-delius, mais comme arrondies Ne diroit-on pas à ces dernières paroles, qu'il ett perfuadé que le pluteus étoit couvert par-deffus? On va voir que non. Cette machine, continue-t-il, eft compofée d'une charpente en manière de ceintre, couverte d'un tiffu d'ofier, & recouverte de cuir ou de peaux crues ; elle eft appuyée fur trois petites roues, une au milieu & les autres aux extrémités, par le moyen

de Végèce eft clair, & cependant Daniel le renverfe, & ne couvre point fon pluteus. Ce qui prouve qu'il devoit être couvert, c'est qu'on approchoit cette machine fur le comb'ement & audevant des tortues; car, fans cel+, ceux qui fe trouvent derrière, n'auroient pu fe garantir des coups d'en haut. Les modernes ont leur plutei, comme les anciens, fous le nom de mantelets.

Les anciens ménag oient un peu mieux la vie des hommes dans les tiéges & dans les batailles,que ne font les modern s; les machines dont ils fe fervoient pour couvrir les travailleurs, font in finies, & celles qui regardent la defcente & le paffage du foffé; & les précautions qu'ils prenoient pour travailler à couvert des armes de jet, font admi rables. (V.)

PLUTEUS fignifie auffi le côté du lit qui étoit tourné vers le nur " dont l'oppoté s'appel'oit Sponda, ainfi que le dit Ifidor (29 11.). Sronda exterior pars leti, puteus autem interior. Car les anciens p'çoient toujours leur lit le long du mur,

a nfi que nous le pratiquons affez communément, & le côté où couchoient les femmes, fe nommoit pluteus; l'autre côté qui étoit la place du mari, fe nommoit fpenda.

Pluteus étoit encore une tablette fur laquelle on plaçoit des livres, ou les buftes des grands hommes, comme le dit Juvenal (II.7.):

Et jubet archetypos luteum fervare Cleanthas,

Fin du quatrième Volume.

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