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de la paffion, de la refurrection, de l'afcenfion AN. 400. de J. C. & de la defcente du S. Efprit. Mais ce qui s'obferve differemment en divers lieux; comme de jeûner le famedi, ou non; de comu nier tous les jours, ou bien le famedi, ou non ; de comunier tous les jours, ou à certains jours feulement d'offrir tous les jours, ou bien le famedi & le dimanche, ou le dimanche feule. ment: on eft libre fur ces chofes; & il n'y a point de meilleure regle pour un Chrétien fage. que de fuivre ce qu'il voit pratiquer dans léglife où il fe trouve. Car tout ce qui n'eft ni contre la foi, ni contre les bonnes mœurs, doit paffer pour indifférent, & être obfèrvé pour le bien de la focieté. Il aprouve ceux qui ne comunient pas tous les jours par refpect, & ceux qui comunient tous les jours par d'autres motifs de refpect; pourvû qu'ils ne comunient pas dans le temps où on doit s'éloigner de l'autel pour faire pénitence, par l'autorité du pafteur. Mais il aprouve encore plusceluiqui les exhorteroit à demeurer en paix, non obftant ladiverfité de leur conduite. Il marque en cette lettre differens ufages des églifes. En quelques lieux, on ne jeûnoit point les jeudis de carême: quelques-uns of froient deux fois le facrifice le jeudi faint; le matin, & le foir après fouper: hors ce feul cas, la coutume de recevoir l'euchariftie àje un, étoit dès-lors univerfelle dans l'églife. On ne se baignoit point les jours de jeûne; mais on se baignoit ordinairement le jeudi faint: ce que S. Auguftin croit être venu de ceux qui doivent recevoir le baptême, & qui s'y difpofoient par cette propreté exterieure.

Epift. 55. al. 119,

Dans la feconde lettre à Janvier, S. Auguftin rend raifon pourquoi à pâque on obferve le jour de la lune & de la femaine, plûtôt qu'à noël. C'eft que le jour de pâque ne contient pas la

Gal.

n. 32.

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fimple mémoire, mais la fignification des myf teres qui s'y font accomplis. S. Paul défend AN. 400. d'obferver les jours & les temps en deux manieres: ou comme les Juifs affujettis aux cérémo nies de l'ancienne loi; ou come les payens, qui croyoient des jours heureux& malheureux,pour les actions ordinaires de la vie : mais il ne nous défend pas de nous fervir des divifions du tems pour regler prudemment notre conduite. On obferve par toute l'églife le jeune des quarante jours avant pâque ; c'eft à-dire, le carême; & les cinquante jours de joie jufques à la pente. côte; pendant lefquels on ne jeûne point, on chante alleluia, & on prie debout. Je ne fai, dit S. Auguftin, fi on obferve par tout de prier debout ces jours-là & le dimanche. Il y a des lieux où on chante auffi alleluia, en d'autres temps: mais par tout on le chante dans le temps pafcal. L'octave des neophytes eft diftinguée du reste. Lelavement des pieds étoit en usage, à l'imitation de N. S. Quelques-uns n'avoient pas voulu 33. le recevoir, de peur qu'il ne fût regardé comme partie du bapteme: d'autres l'avoient aboli parla même raison. Le chant des hymnes & des pleaumes étoit diverfement pratiqué, & les églifes d'Afrique s'y apliquoient moins. S. Augustin eft d'avis que l'on y employe tout le temps des affemblées ecclefiaftiques, hors les lectures, les inftructions & les prieres.

1.34.

Enfin il donne pour regle, de conferver & d'imiter tout ce qui peut nous porter à mieux vivre; à moins que la foibleffe de quelques uns ne le rende dangereux. Je ne puis aprouver, ajoûte-t-il, les nouvelles pratiques, qu'on intro- . 35. duit quafi comme des facremens, quoique je n'ofe les défaprouver trop librement, pour ne fcandalifer perfonne. Mais je fuis fenfiblement affligé que l'on néglige tant de préceptes si sa

lutaires des livres divins, & que tout foit plein AN. 400. d'inftructions humaines : jufques-là que fi quelqu'un met le pied nud à terre dans l'octave de fon baptême, on lui en fait un plus grand crime, que s'il s'étoit enyvré. Donc toutes ces pratiques qui ne font ni contenuës dans l'écriture, ni ordonées par les conciles, ni confirmées par l'ufage univerfel de l'églife, & dont on ne voit point de raifon, j'eftime fans aucune difficulté qu'elles doivent être retranchées. Car encore qu'on ne puiffe montrer en quoi elles font contraires à la foi, c'eft affez qu'elles changent de pratiques ferviles la religion, que Dieu par fa mifericorde a voulu rendre libre: en forte que la condition des Juifs eft plus tolerable, puis qu'au moins ils font affujettis à la loi de Dieu, & non à des inftitutions humaines. Mais l'église le trouvant environnée de beaucoup de paille & d'yvroïe, tolere beaucoup de chofes, fans toutefois aprouver, ni diffimuler ce qui eft contre la foi & les bonnes mœurs. S. Auguftin condamne en particulier l'ufage de chercher un fort dans capitulare. l'évangile; pour regler les affaires temporelles an.789.c.4 fur les paroles qui fe trouvoient à l'ouverture S. Aug. du livre.

37. V. Baluz

not. ad 3.

p. 213. XLIV.

Livre con

nien.

Sup. liv.
XVI.7.40
Gennad.
n. 18.

Cependant S. Auguftin ne ceffoit pas de combattre les Donatiftes.Parmenien qui avoit fuccétre Parme- dé à Donat, en qualité de leur évêque à Carthage, & queS.Optat avoit combattu de fon tems, avoit laiffé une lettre à Tichonius, queS, Auguftin entreprit de refuter. Tichonius étoit un Donatifte, home d'efprit, fçavant & éloquent, qui avoit fort étudié l'écriture fainte, & compofé divers ouvrages: entre autres, une explication de l'apocalypfe, & des regles pour l'intelligence 6.30. Bibl. de l'écriture, que nous avons encore, & que S. PP. 1677. Augustin recomande, pourvûqu'elles foient apliquées avec jugement. Ce Tichonius en étudiant

Aug. 151

doct. Chr..

l'écriture reconnut que l'églife devoit être répandue par tout le monde, & qu'aucun peché ne AN. 400 pouvoit empêcher l'effet des promeffes de Dieu. Il commença à défendre fortement cette vérité, fans toutefois ceffer d'être Donatifte, ni voir la conféquence de fon principe: que les Chrétiens d'Afrique, qui étoient unis de communion avec tout le refte du monde, appartenoient à la véritable églife. Parmenien & les autres Donatiftes virent bien cette conféquence; & pour ne la pas accorder, ils aimerent mieux nier le principe, foutenant que l'églife étoit corrompue par la communion des méchans. Parmenien écrivit donc une lettre à Tichonius, comme pour le défabufer: mais il demeura dans fon opinion, & fut enfuite condamné par les Donatiftes, dans un de leurs conciles. C'eft à cette lettre de Parmenien, déja mort depuis long-temps, que S. Auguftin entreprit de répondre, à la priere des freres ; & il divifa fa réponse en trois livres,

11. Retract Il y traita la queftion de droit contre les Do- c. 17. natiftes: fçavoir fi les bons font foüillez par le commerce des méchans, en demeurant dans l'unité de la même église & la participation des Lib. 2, C, 2 mêmes facremens. Il montre donc que les re- c. 7. proches des Donatiftes contre ceux qu'ils accufoient d'avoir été traditeurs, ne pouvoient nuire aux Chrétiens des autres pays, qui n'avoient point eu de connoiffance de ce qui s'étoit paffé en Afrique; ni empêcher l'effet des promeffes de Dieu, exprimées en tant d'endroits de l'ancien & du nouveau teftament, pour l'univerfalité de l'églife répandue par toute la terre, & fon éternité dans tous les fiecles. Et comme les Donatiftes fe prévaloient des paffages de l'écriture, qui défendent de comuniquer avec les méchans, & qui femblent rejetter le facrifice, la priere & la prédication des impies; S. Auguftin explique

tous ces paffages, & montre que le prêtre, quoiAN. 400. que pecheur, eft exaucé, quand il prie pour le Lib. 11.8 peuple; que fa prédication eft utile aux autres, quand il enfeigne la verité; & que le facrifice de l'impie ne nuit qu'à lui-même : parce qu'il n'y a qu'un facrifice toûjours faint, offert principale. ment par J. C toûjours jufte.

ข. 17. C. 9.

c. 6.

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En un mot tous les facremens profitent à ceux qui les reçoivent dignement, & ne nuifent qu'à ceux qui les adminiftrent indignement; foit que leur peché foit connu, foit qu'il ne le foit pas. c. 24. Le bon miniftre en communiquant la grace au

C. 20. 2.40

4.

Lib. 11.6.1)

2. 35.

peuple, mérite pour foi la récompenfe: le mauc. 15. m. 34. vais ne laiffe pas de communiquer la grace. Car c'eft Dieu qui donne la grace par les hommes, comme il la donne quelquefois par lui-même, fans le miniftere des hommes. Ce n'eft donc pas participer au peché, que de communiquer avec le pecheur, en vivant avec lui, & recevant Lib. 1.c. deluila parole de Dieu ou les facremens, mais en confentant à fon peché. Ni les prophétes, ni les apôtres, ni J. C. même ne fe font point feparez de la focieté des pecheurs qu'ils reprenoient. Toutefois, comme il eft quelquefois ordonné de fe féparer des méchans, S. Auguftin donne les regles de cette féparation, c'eft à-dire de l'excommunication. La severité de l'églife eft un effet de fa charité, aussi bien que fa douceur. Quand un Chrétien eft convaincu d'un peché digne d'anathême, l'églife le fépare pour le corriger; & s'il ne fait penitence, c'eft lui-même qui fe retranche de l'églife. Mais c'est au cas qu'il n'y ait aucun péril de fchifme, que ce particulier foit fans apui, & que la multitude aide le pafteur contre lui. Car quand la maladie a gagné le grand nombre,il ne refte aux gens de bien que de gémir, de peur d'arracher le bon grain avec l'ivroïe. On peut feulement ufer de repro

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Lib 111 6. 2.n. 13.

2. 14. 15.

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