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Vita PP. lib. IX.

à caufe de leur âge & de leur vertu, quoiqu'ils fuffent fimples anacorétes, fans avoir d'autres AN. 395 moines à conduire. On croit que ce Nesteros eft le même qui eft qualifié ailleurs ami de S. Antoine. Il entretint Caffien & Germain de la fcience fpirituelle, & de la difference de la vie active & de Rofvv. p la vie contemplative; où il marque en paffant 562.6. 12. l'étude des poètes,& des autres auteurs profanes 13. comme un obftacle à la perfection religieufe.

n. It.

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Après le repas & la priere du foir, ils s'affirent Goll. xv. fur des nattes à l'ordinaire ; & Nefteros continuant la converfation, leur parla de la diverfité des dons de Dieu, c'est-à-dire, des miracles & des autres graces femblables, afin qu'ils eftimaffent davantage les vertus. Le troifiéme qu'ils vifiterent, fut l'abbé Joseph, Il étoit né à Thmuis, CollxvI.fe d'une famille très-noble, & des premiers de la ville, & avoit été élevé avec grand foin: enforte qu'il parloit fort bien grec, & n'avoit point befoin d'interprete comme les autres, qui né fçavoient que l'Egyptien. Il demande d'abord à Caffien & à Germain s'ils étoient freres ; & comme ils eurent répondu qu'ils ne l'étoient que fpirituellement, il les entretint de l'amitié, montrant que la véritable eft celle qui eft fondée fur la vertu. Enfuite il les mit dans une cellule féparée, pour y paffer la nuit: mais ils ne purent dormir, tant ils étoient agitez par le zele que fon difcours avoit excité dans leurs cœurs.

Ils fortirent donc de la cellule,& s'affirent environ à cent pas, dans un lieu plus écarté. Alors Germain dit en gémiffant:Que ferons-nous? Ces Saints nous montrent parleurs exemples quel eft le chemin de la perfection, & nous y pouroient conduire, fans la promeffe que nous avons faite de retourner promtement à notre monaftere; & fi nous y retournons une fois, on ne nous permettra plus de revenir ici. Ils demeurerent

Coll, XVII

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fi courbez de vieilleffe & d'un afpect fi vénéraAN. 395. ble, que leur feule vûë eft une grande inftruction. Vous apprendrez d'eux ce que je ne puis plus vous enfeigner; parce que je l'ai oublié.

4.3.

6. 4.

Coll. XII.
Cell. XII.

Coll. xiv.

:

Archebius ayant ainfi parlé, prit fon bâton & fa peau de chèvre: car c'étoit ainfi que les moines d'Egypte voyageoient ; & conduifit fes hôtes à Panephyfe. Le pays tout inondé ne laiffoit de fec que quelques hauteurs, qui faifoient comme des ifles. Là vivoient trois anciens anacorétes, Cheremon, Nefteros & Jofeph. Archebius mena d'abord fes hôtes à Cheremon, qui étoit le plus proche & le plus vieux. Il avoit plus de cent ans, & la vieilleffe l'avoit tellement courbé,qu'il marchoit fur fes mains. Caffien & Germain étonnez de fon vifage & de fa maniere de marcher, le fupplierent de leur dire quelque chofe pour leur inftruction, puifque c'étoit le fujet de leur voyage. Alors Cheremon leur dit avec un profond foupir Quelle inftruction vous puis-je donner, puifque la foibieffe de l'âge m'obligeant à relâcher mon ancienne aufterité, m'a ôté la confiance de parler? Comment puis-je enfeigner ce que je ne fais pas moi même ? C'est pour cela que je ne permets à aucun jeune homme de demeurer avec moi, de peur qu'il ne fe relâche par mon exemple. Il céda toutefois à leurs prieres, & les entretint premierement de la perfection, leur montrant qu'elle confifte dans la charité. Après le repas, il les entretint de la chafteté, & le lendemain après les prieres du matin, il les entretint de la protection de Dieu, c'est-à-dire, de la grace, fans laquelle on ne peut conferver la chafteté, ni acquerir les autres vertus. Les queftions qu'ils lui propofoient, attirerent ces deux derniers entretiens.

Ils allerent voir enfuite l'abbé Nefteros:car on donoit le nom d'abbé à tous ces faints vieillards,

Vita PP. lib. IX.

n. It.

à caufe de leur âge & de leur vertu, quoiqu'ils fuffent fimples anacorétes, fans avoir d'autres AN. 395° moines à conduire. On croit que ce Nefteros eft le même qui eft qualifié ailleurs ami de S. Antoine. Il entretint Caffien & Germain de la science fpirituelle, & de la difference de la vie active & de Rofov. pé la vie contemplative; où il marque en paffant 562.6. 12. l'étude des poëtes,& des autres auteurs profanes 13. comme un obftacle à la perfection religieufe. Après le repas & la priere du foir, ils s'affirent Gell. xv. fur des nattes à l'ordinaire ; & Nefteros continuant la conversation, leur parla de la diverfité des dons de Dieu, c'est-à-dire, des miracles & des autres graces femblables, afin qu'ils eftimaffent davantage les vertus. Le troifiéme qu'ils vifiterent, fut l'abbé Joseph, Il étoit né à Thmuis, CollxvI.fe d'une famille très-noble, & des premiers de la 1 ville, & avoit été élevé avec grand foin: enforte qu'il parloit fort bien grec, & n'avoit point befoin d'interprete comme les autres, qui né fçavoient que l'Egyptien. Il demande d'abord à Caffien & à Germain s'ils étoient freres; & comme ils eurent répondu qu'ils ne l'étoient que fpirituellement, il les entretint de l'amitié, montrant que la véritable eft celle qui eft fondée sur la vertu. Enfuite il les mit dans une cellule féparée, pour y paffer la nuit: mais ils ne purent dormir, tant ils étoient agitez par le zele que fon difcours avoit excité dans leurs cœurs.

Ils fortirent donc de la cellule,& s'affirent environ à cent pas, dans un lieu plus écarté. Alors Germain dit en gémiffant:Que ferons-nous? Ces Saints nous montrent parleurs exemples quel eft le chemin de la perfection, & nous y pouroient conduire, fans la promeffe que nous avons faite de retourner promtement à notre monaftere; & fi nous y retournons une fois, on ne nous permettra plus de revenir ici. Ils demeurerent

Coll, XVII

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6. 20

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6. 4.

C. S. 8.6.

quelque temps à s'affliger tous deux de cetté AN. 395. penfée, fe reprochant leur mauvaise honte, qui leur avoit fait faire cette promeffe, pour obtenir leur congé. Enfin Caffien dit: Confultons ce vieillard; & prenons ce qu'il nous dira pour un oracle divin. Ils attendirent l'heure des prieres nocturnes; & quand elles furent finies, ils s'affirent à l'ordinaire fur les nattes où ils avoient couché; & Jofeph les voyant triftes, leur en demanda le fujet. Germain le lui expliqua; & Jofeph leur dit: Eftes-vous perfuadez de tirer un plus grand profit pour les chofes fpirituelles en ce pays-ci? Nous croyons, dit Germain,qu'il n'y a point de comparaifon. Alors Jofeph leur fit un entrentien fur l'engagement des promeffes,leur montrant qu'il eft quelquefois meilleur de ne les pas accomplir. Il y approuve même le menfonge officieux, & prétend l'autorifer par des exemples de l'écriture, fuivant l'erreur de quelques Orientaux. Les deux amis perfuadez par le difcours de Jofeph, réfolurent de demeurer en Egypte, & y pafferent fept ans,pendant lefquels ils écrivoient fouvent à leurs freres.

8.7. €. 8. 9. &c.

IV.

Pynufe.

Coll. 20.

Dans le voisinage de Panephyfe,ils virent l'ab bé Pynufe, qui leur étoit déja connu, pour avoir 6.1. Instit. été dans leur monaftere de Palestine. Il étoit 6.30. prêtre, & fuperieur d'un grand monaftere, & honoré par toute la province, pour fes vertus & fes Sup. liv miracles. Ne pouvant à fon gré exercer l'humi*Y. . 58. lité, il prit un habit féculier, & s'en alla dans la

Thebaïde, au monaftere de Tabenne, fondé par faint Pacome. Il fçavoit que la régularité y étoit grand, & efperoit s'y cacher dans la multitude des moines, joint la diftance des lieux. On le laiffa long-tems à la porte à poftuler, & fe jetter aux genoux des freres. Ils le regardoient comme un vieillard qui quittoit le monde, quand il n'en pouvoit jouir,& qui cherchoit à s'affurer du pain

plutôt qu'à procurer fon falut. Enfin, après plufieurs refus, on l'admit & on le fit travailler au AN. 395€ jardin fous un jeune frere. Il lui obéïffoit avec une extrême foumiffion:fe chargeoit de tous les travaux les plus bas&les plus dégoutans,&le relevoit même la nuit pour les faire fecretement, Après avoir été ainfi caché pendant trois ans, quoique fesfreresle cherchaffent par tout le païs: enfin quelqu'un qui venoit de la baffe Egypte, le vit & le reconnut à grande peine; le trouvant avec un méchanthabit,quilabouroit la terretout courbé, pour femer des herbes, & qui portoit du fumier. Il douta très long-tems fi c'étoit lui: mais l'ayant reconnu au vifage & à la voix, il fe jetta àfes pieds,au grand étonement des moines de Tabenne qui le regardoient comme le dernier de la communauté. Ils furent bien plus furpris: quand ilsaprirent fon nom,quela renoméeavoit rendu célébre. Touchez d'une fenfible douleur, ils lui demanderent pardonde lamaniere indigne dont ils l'avoient traité par ignorance.Lui defon côtépleuroit abondament d'avoir été découvert; & d'avoir perdu l'occafion de s'humilier, qu'il avoit tant cherchée. Ses freres le ramenerent à fon monaftere, le gardant avec grand foin, de peur qu'il ne leur échapât encore.

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Toutefois il s'enfuit quelque temps après & paffa en païs étranger,pour n'etre point reconu. Etant forti de nuit, il s'embarqua, & vint en Paleftine au monaftere de Bethleem, où Caffien & Germain demeuroient alors. Il y fut reçu come novice, & l'abbé le mit dans la même cellule qu'eux. Mais il y demeura peu de temps: des moines Egyptiens qui étoient venu aux lieux faints faire leurs prieres, le reconurent bien-tôt, & le ramenerent à fon monaftere.Caffien &Germain étant venus en Egypte, le chercherent avec Coll. grand foin; & furent témoins d'une inftruction 4, 2,

C. 32. 331

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