Imágenes de páginas
PDF
EPUB

groffiere explication de l'écriture, les AntropoAN. 400. morphites traitoient d'Origeniftes ceux qui les vouloient défabufer; & ceux-ci les traitoient eux-mêmes de blafphemateurs & d'idolâtres.

[merged small][ocr errors]

L'évêque Theophile foutenoit la faine doctrine, & enfeignoit publiquement que Dieu eft incorporel. Il s'en expliqua même dans une lettre pafcale, où il réfuta fort au long l'erreur contraire. Cette lettre étant portée à l'ordinaire dans les monafteres, irrita étrangement tous les moines d'Egypte. Ils difoient que l'évêque Theophile étoit tombé dans une dangereufe héréfie; & la plupart de leurs anciens avoient réfolu de fe féparer de fa communion: parce, difoientils, qu'il combattoit l'écriture-fainte, en difant, que Dieun'avoit point de figure humaine, quoique l'écriture témoignât fi expreffement qu'Adam avoir été créé à fon image. Les moines de Scetis, qui paffoient pour les plus parfaits de toute l'Egypte, rejetterent cette lettre ; & entre les prêtres qui les gouvernoient, il n'y eut que Fabbé Paphnuce qui la reçut ; ceux des trois autres églifes ne permirent pas feulement de la lire dans leurs affemblées.

Entre ces Antropomorphites, étoit un vieillard nommé Serapion: dont l'aufterité & la vie exemplaire autorifoit beaucoup l'héréfie. Paphnuce effaya de le défabufer par plufieurs exhortations, mais inutilement : car Serapion regardoit toûjours ce qu'on lui difoit, comme une nouveauté contraire à l'ancienne tradition. Il arriva qu'un diacre fort fçavant, nommé Photin, vint alors de Cappadoce. Paphnuce le reçut avec grande joye; & l'ayant fait venir devant tous les freres, lui demanda comment les églises catholiques de tout l'Orient expliquoient ce paffage: Faifons l'homme à nôtre image & reffemblance. Photin répondit, que tous les évêques l'enten

doient, non fuivant la baffeffe de la lettre, mais fpirituellement, & prouva doctement par un AN. 400. grand difcours, & par plufieurs paffages de l'écriture, que Dieu eft immenfe, invifible & incorporel. Serapion en fut perfuadé. Paphnuce avec les autres qui étoient préfens, furent ravis que Dieu eût délivré ce faint vieillard de l'erreur où il étoit tombé par fimplicité. Ils fe leverent pour prier tous enfemble, & Serapion profterné à terre, crioit en pleurant : Helas! on m'a ôté mon Dieu, & je ne fçai plus qui j'adore, voulant dire, qu'il avoit perdu ce fantôme qu'il avoit accoûtumé de former dans fon imagination, pour le reprefenter Dieu dans la priere. Caffien & Germain furent préfens à cette converfion, & ce fut l'occafion du fecond entretien qu'ils eurent avec l'abbé Ifaac touchant la priere, où il leur fit voir que cette erreur étoit un refte de l'impreffion qu'avoit fait l'idolâtrie dans l'efprit des hommes.

Sup. liv.

xx n. 7.

Coll⋅ x. c. 4

Mais la multitude des moines ne fut pas fi-tôt défabulée.Ils quitterent leurs monafteres,& vinrent en foule à Alexandrie, murmurant contre Theophile,le traitant d'impie, & le voulant tuer. En cette extrémité, il ufa d'industrie, & se préfenta devant eux, en difant : En vous voyant, je croi voir le vifage de Dieu. Cela les appaifa; & ils lui dirent: Si vous dites vrai,& fi vous croyez que Dieu a un visage comme le nôtre, anachématifez les livres dOrigene; finon,attendezvous à être traité comme un impie & un ennemi de Dieu. Je le ferai, dit Theophile: car je fuis aufli ennemi des livres d'Origene ; & il y a longtemps que j'avois.réfolu de le condamner.. Il renvoya ainfi les moines, & tint un concile,où il fut ordonné quequiconque approuveroit lesœu vres d'Origene, feroit chaffé de l'églife; & il en écrivit une lettre fynodale à tous les évêques

[blocks in formation]

AN. 400.
I I.

cales de

Caß. Coll.

li fe déclara encore contre Origene, dans les lettres pafcales qu'il envoyoit tous les ans à touLettres paf. tes les églifes, fuivant la coûtume. Car depuis le concile de Nicée, l'évêque d'Alexandrie étoit Theophile chargé d'avertir tous les autres du jour de la pâSynef. ep. 9. S Leo. epift. que. On envoyoit ces lettres après l'épiphanie, 49. al. 64. afin que tout le monde fçût de bonne heure le ad Marian. jour où commençoit le carême, & les autres fêtes mobiles dépendantes de la pâque; & ceux qui portoient ces lettres, étoient bien reçus dans toutes les villes: on leur donnoit les chofes né ceffaires, & des chevaux à changer pour continuer le voyage. Nous avons trois de ces lettres pafcales de Theophile, pour les années 401.402. & 404. mais nous les avons feulement en latin, de la traduction de S. Jerôme ; & dans les éditions, les deux premieres font tranfpofées.

X. c. 2.

Synef. epift.

13.

Bibl. PP.

Parif. to. 3. p. 123.

3.

Celle qui eft veritablement la premiere, combat plufieurs erreurs d'Origene. Premierement, que le regne de J. C. dût finir: ce que nous ne trouvons expreffement en aucun de ses ouvrages. Mais c'étoit une fuite de fes principes. Car fi tous les corps doivent être à la fin détruits,comme n'étant faits que pour la punition des efprits, J. C. doit être fans corps, & ceffer d'être homme, & par confequent d'être roi des hommes, au moins felon fon humanité. La feconde erreur, eft que les démons doivent être fauvez: ce qu'o rigene difoit, croyant que par leur libre-arbitre, ils pouvoient après de très-longs fuplices,fe purifier enfin, & que J. C. devoit être le fauveur de

toutes les créatures raisonables. La troifiéme erreur, eft que les corps ne reffufciteroient pas entierement incorruptibles; c'est-à-dire,qu'ils feroient à la fin anéantis. Ce qu'Origene avançoit, Princip. en confequence de fon principe, que les corps n'étoient que pour la punition des efprits: d'où s'enfuivoit qu'ils devenoient inutiles, quand l'ef

prit étoit entierement purifié. La quatriéme erreur, eft qu'il ne falloit point prier le Fils de Dieu: ce que j'ai expliqué en fon lieu.Theophile releve avec beaucoup de véhémence toutes ces erreurs d'Origene, & les refute par des paffages de l'écriture. A la fin de la lettre, il dit: Nous aurons lecommencement du carême le huitiéme jour du mois Egyptien Phamenoth; la semaine fainte le treizième de Pharmouthi; le famedi faint le dix-huitiéme; & le jour de pâque le dixneuvième du même mois; c'est-à-dire, que le carême commençoit cette année-là le lundi quatriéme de Mars, la femaine fainte le lundi huitiéme d'Avril; & que le jour de pâque étoit le dimanche quatorziéme du même mois, qui font des caracteres certains de l'année 401. Les Grecs commencent encore leur carême par le lundi de la premiere femaine.

AN. 4919

1

. Hue.

2.1.28.

9.3.18

La feconde lettre pafcale de Theophile, mal comptée pour la premiere, refute d'abord les erreurs d'Apollinaire, & enfuite celles d'Origene. Elle eft encore plus véhémente que la premiere, & il y a fujet de foupçonner Theophile Orig 11 qu d'avoir trop pris à la rigueur quelques expreffions d'Origene, qui pouvoient être bien expliquées. Cette lettre marque le comencement du carême le trentiéme jour du mois Mechir ; c'eftà-dire, le lundi vingt-quatrième de Février; la femaine fainte le cinquiéme de Pharmouthi ; c'est-à-dire, le lundi trente-uniéme de Mars; le jour de pâque,l'onzième de Pharmouthi; c'eftà-dire,le dimanche fixième d'Avril. Ce font les caracteres de l'année 402. A la fin de la lettre, il eft dit : Vous devez fçavoir qu'à la place des faints évêques qui fe font endormis au Seigneur, on a ordonné à Lemnade,pour Heron, Nafcas: à Erythro,pour Sabatius, Paul à Omboës, pour Silvain, Vercz. Ecrivez-leur donc des lettres

pacifiques, & recevez les leurs, fuivant la cofAN. 401. tume de l'eglife. La troifiéme lettre pafcale marque l'abftinence du vin prefcrite en carême comme celle de la chair, & montre la maniere de le paffer faintement, Theophile y parle enco. re contre Origene, & indique le commencement du carême l'onziéme de Phamenoth, la femaine fainte, le feiziéme de Pharmouthi; la pâque le vingt-deuxième. Ce font le feptiéme de Mars, l'onzième, & le dix- feptiéme d'Avril, & par confequent l'an 404.Il marque auffi les nouveaux évêques,à qui l'on devoit écrire, & recevoir leurs lettres. S. Jerôme traduifit ces lettres à mesure qu'elles parurent, & les envoya en grec & en latin à fes amis de Rome. Nous avons fa lettre à Pammaque & à Marcelle, dont il accompagna la feconde lettre pafcale. Il y fait mention de la premiere, & loue extrêmement le zéle de Theophile.

Hier.ep 78.

III.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Une animofité particuliere excita Theophile à paffer encore plus avant. Le prêtre Ifidore ordonné par S. Athanafe, & âgé de quatre-vingt ans,gouvernoitalors l'hôpital d'Alexandrie.Une veuve de qualité lui donna mille fous d'or, & lui fit jurer par la table facrée, qu'il en acheteroit des habits pour les plus pauvres femmes de la ville, fans en donner connoiffance à l'évêque Theophile, de peur qu'il n'emploïât cet argent à acheter des pierres:car il étoit paffionné pour les bâtimens ; & il en faifoit d'inutiles à l'églife. Ifdore ayant pris l'argent, l'emploïa pour les pau vres femmes & les veuves. Theophile le fçut; car il avoit des efpions qui l'avertiffoient de tout. Il appella Ifidore,& lui demanda doucement ce qui en étoit. Ifidore avoüa la chose. Theophile en fut irrité mais il diffimula fon reffent ment. On rapporte encore quelque autre caufe de la haine de Theophile contre Ifidore. Deux mois après,

:

« AnteriorContinuar »