Imágenes de páginas
PDF
EPUB

tation nomé Tractoria: Mais, ajoûterent-ils, il faut qu'ils viennent; & nous nous affurons An. 403. qu'ils confent iront à ce qui aura été fait en ce concile. Il n'y avoit point de député de la province de Numidie, mais feulement trois évêques, S. Auguftin, Alypius & Poffidius. Alypius en rendit la raifon, que les évéques étoient retenus dans leurs villesà caufe du tumultedes nouveaux foldats. On croit que c'étoit des déferteurs, contre lefquels on trouve plufieurs loix d'Honorius donées cette année403.& particulierement une, L-14. Th qui donne pouvoir aux habitans des provinces de defert. d'en faire eux-mêmes justice, s'ils les pillent; excepté de ceux qui font enrôlez depuis peu, qu'elle ordonne de ramener à leurs compagnies. Alypius continuë, parlant à Aurelius: Je portois la lettre de votre fainteté au faint vieillard Xantippe; & l'on avoit réfolu de tenir un concile pour députer à celui-ci. Mais l'ayant averti enfuite du défordre des déferteurs, il s'eft excufé pas fes lettres. Aurelius dit: Il n'y a pas de doute que quand nos confreres deNumidie aurontreçu les actes de ce concile, ils y doneront leur confentement, & en exécuteront les réfolutions. C'est moi qui regarde le foin de leur en donner connoiffance. Quant à nos freres de Tripoli, j'ai apris qu'ils avoient envoyé pour député notre frere Dulcitius, & qu'il s'eft embarqué: il faut donc croire que le mauvais temps l'a retardé. C'est pourquoi fi vous le trouvez bon, nous leur envoyerons aufli les décrets du concile. Tous les évêques aprouverent la propofition. On voit ici diftinctement la procedure des conciles. généraux d'Afrique. L'évêque de Carthage envoyoit à tous les primats fes lettres de convocation. Chaque primat envoyoit les fiennes, pour affembler le concile de fa province, où on choiAffoit les députez plus ou moins en nombre, fe

lon que la province étoit grande. On excufof: AN. 403. les abfens, & l'évêque de Carthage leur en voyoit les décrets du concile,pour les confit mer par leur confentement.

[ocr errors]

Après ces préliminaires, on convint au con. Dion. Exig. cile de Carthage, que chaque évêque dans la ville iroit trouver lui même l'évêque Donatifte, ou fe feroit accompagner de l'évêque voifin; & qu'il feroit auffi affifté des magiftrats, ou des anciens de chaque lieu. Et afin que la conduite fût uniforme, on fit lire dans le concile la for mule de l'acte que les évêques devoient fairedevant les magiftrats; requerant en vertu de l'ordre du préfet du prétoire, de le faire notifier aux Donatites Cet acte portoit en fabitance:Nous vous invitons charitablement de l'autorite de notre concile, de choifir ceux à qui vous voudrez confier la défense de votre caufe, come nous en choifirons de notre part; pour examiner avec eux dans le temps & le lieu marqué, la queft on qui nous fépare de comunion. Si vous l'accep tez, la verité paroîtra. Si vous refusez, on verra XXVII. que vous vous défiez de votre caufe. Conduite

Plufieurs d'entre les Donatiftes avoient demanenvers les dé ces conférences Car quand les évêques CaDonatiftes. tholiques les preffoient de fe convertir, ils diAug. 111 foient: Il faut traiter avec nos évêques; nous cont. Cr.f. défirons ardemment une conférence, où l'on

6. 45.

F. 46.

puiffe conoître lavérité. Mais quand ons'adreffa aux évêques, en exécution de ce concile de Carthage, ils refuferent la conference avec des pa. roles artificieufes & injurieufes. Crifpin évêque Donatifte de Calame, étant fommé juridiquement par Poffidius évêque Catholique de la mê. me ville,remit d'abord la chofe à un concile, où il devoit voir avec les confreres, ce qu'il avoit à répondre. Affez long-tems après, étant preffé de nouveau, il répondit par un acte judiciaire,

Contenant des paffages de l'écriture, qui ne faifoient rien au fujet, & marquoient feulement de AN. 403. l'aigreur contre les Catholiques. En forte que tout le monde s'en moquoit; d'autant plus que Poflidius étoit jeune, & nouvel évêque, forti depuis peu du monaftere & du clergé de S. Au- Poff viaĽ Aug. c. tun guftin; & Crifpin étoit un vieillard, qui avoit grande réputation de doctrine dans fon parti. Peu de jours après, comme Poffidius étoit en chemin, vifitant fon diocéfe, & prêchant contre l'héréfie, un autre Crifpin prêtre & parent de l'évêque, lui dreffa une embufcade avec des gens armez. Poffidius y penfa donner: mais étant averti, il se sauva dans une maison, où le prêtre Crifpin vinc l'affiéger, jettant des pierres & mettant le feu autour.Les gens de la maifon trop foibles pour réfifter, demandoient grace, & tâchoient d'éteindre le feu. Crifpin pouffa fon entreprife:onenfonça la porte,on bleffa leschevaux qui étoient au bas de la maison, on fit defcendre d'enhaut Poffidius, le battant & le maltraitant. Enfin Crifpin feignit de céder aux priéres des au- Aug. ' Crefe tres,& empêcha qu'on ne lui fit plus de mal. Il y con°. perdit toutefois fes chevaux, & ce qu'il avoit. s. 47.

La nouvelle de cette violence étant venue à Clame, on attendoit que l'évêque Crispin fit juftice de fon pretre, & il en fut même fommé juridiquement; mais il n'en fit rien; & les Donatiftes commençoient à s'émouvoir, jufques à empêcher la liberté des chemins. Alors les Catholiques eurent recours aux loix,dont ils n'avoient pas encore voulu fe fervir. L'évêque Crifpin pourfuivi par le défenfeur de l'églife, fut déclaré avoir encouru l'amende de dix livres d'or, ordonée contre les hérétiques. Il en appella au proconful, & s'y présenta, difant qu'il n'étoit point hérétique. Pour l'en convaincre, on en vint à une conference, à la pourfuite de S. Auguftin.

Les deux évêques de Calame, Poffidius & CrifAN. 403. pin, difputerent trois fois à Carthage, devant une grande multitude de peuple. Le proconful declara Crifpin hérétique, & le condamna à l'amende de dix livres d'or, fuivant la loi de Theodofe: mais à la follicitation de Poffidius,il ne fut pas contraint à la payer. Il appella aux empereurs, prétendant n'être pas hérétique, & ilin tervint un referit du 8. Decembre 405. qui ordonna que les Donatiftes payeroient cette amende comme heretiques. On condamna aussi leju. ge & fes officiers à pareille amende, pour n'avoir pas fait payer Crifpin. Mais les évêques Catholiques, & principalement S. Auguftin, les en firent encore tous exemter. Ce qui fervit beaucoup à la rétinion des hérétiques.

L.39.C.Tb.

de bæret,

11. Cont.

6. 83.

Tot Tit.Ne

fanit. bapt. Ep. 66. al.

$73.

Quelque temps auparavant,ce même Crifpin Lit Petil, de Calame ayant pris une terre nommée Mappale à bail emphyteotique intimida tellement les habitans ferfs, qui étoient Catholiques,qu'il les contraignit à fe faire rebaptifer au nombre d'environ quatre-vingt, nonobftant les loix qui le défendoient. S. Auguftin fui en fit des reproches, par une lettre, où il dit: Si c'eft volontairement que ceux de Mappale ont paffé à votre communion, qu'ils nous entendent l'un & l'autre, qu'on écrive ce que nous dirons; qu'après que nous l'aurons foufcrit, on le leur traduife en langue Punique; & qu'étant hors d'état de vous craindre,ils choififfent ce qu'ils voudront.S'ils ne peuvent comprendre ce que nous dirons, quelle témérité eft la vôtre d'avoir abufé de leur ignorance?Si vous prétendez qu'entre ceux qui font paf fez à notre communion, il y en a qui ont été forcez par leurs maîtres, faisons la même chose; qu'ils nous entendent, & qu'ils choififfent ce qui leur plaira. Si vous le refufez, qui ne voit que vous ne vous confiez pas en la vérité ?

A Hippone S. Auguftin s'adreffa à l'évêque

Donatifte Proculeien, qui répondit d'abord, AN. 403. qu'ilstiendroient un concile, où ils verroient ce Ep. 88. al. qu'ils auaoient à répondre. Enfuite ayant été 68. n. 7, fommé une feconde fois fur fa promeffe, il re

fufa de conférer à l'amiable; & tout cela paroiffoit par les actes publics. Alors S. Auguftin écri- Epift. 76. vit une lettre aux laïques Donatiftes, où il ra- al. 171. maffe en abrégé l'état de la queftion, & les principaux faits qui fervoient à le decider, & conclut ainfi: Que vos évêques vous répondent fur tout cela, du moins à vous autres laïques,s'ils ne veulent pas parler à nous; & penfez, fi votre falut vous touche, ce que c'est que de ne vouloir pas nous parler.Si les loups font convenus entre cux de ne point répondre aux pafteurs, à quoi fongent les brebis d'approcher des cavernes des loups? Enfin les évêques Donatiftes firent par tout la même chofe; & étant fommez par les é vêques Catholiques de conférer amiablement, ils le refuferent toûjours, fous prétexte de ne point parler à des pécheurs. Les Circoncellions enragez du grand nombre des Donatiftes que S. Auguftin ramenoit à l'églife, lui drefferent quelquefois des embûches, lorfqu'il alloit à fon ordinaire vifiter & inftruire les paroiffes Catholi ques. Il arriva un jour qu'ils le manquerent, parce que fon guide s'égara, & quitta fans y penfer,le droit chemin, où les Donatiftes l'attendoient. Il rendit graces à Dieu de cette erreur fi falutaire,

Epist. 105. al 166.c.4. 14 Poffid. Агода

C 12

Enchir.

C.17.

XXVIII.

Difpute

entre S.

C'eft ici le temps d'un éclairciffement entre S. Jerôme & S. Auguftin, qui eût pû altérer la charité entre des perfonnes moins vertueuses. J-rôme Alypius étant revenu de Paleftine, & ayant par- & S Aulé à S. Auguftin de S. Jerôme qu'il y avoit vû, S. Auguftin lui écrivit une lettre pleine d'amitié, Sup 1 x1x0 où il le prioit au nom de toutes les églises d'A

guftin

n. 4'.

Ep 28. 8.

« AnteriorContinuar »