Imágenes de páginas
PDF
EPUB

D. ep. 141

Vous dife s'il a fait quelque chofe de plus en ce païs-là, & s'il y doit faire encore quelque bien AN. 404. a fon retour. C'eft pour cela que je défirois le voir. Ce goufre dont faint Chryfoftome veut tirer Maruthas, femble être la liaison avec fes ennemis; car il étoit avec eux à Calcedoine, & au concile du Chefne: mais d'ailleurs c'étoit un Sup. 2. 18. prélat d'un grand merite; & l'églife l'honore entre les faints martyrs le quatrième Decembre. Saint Chryfoftome continue dans la lettre à Olympiade: Donnez une attention particuliere à ce que je vais dire. Les moines Marfés & Goths, chez qui l'évêque Serapion fe cachoit toûjours, m'ont dit que le diacre Modoüaire eft venu,& a apporté la nouvelle qu'Oulinas, ce grand évêque, que j'ai ordonné il y a quelque tems, & envoyé en Gothe, eft mort, après avoir fait de grandes chofes ; & il a apporté des lettres du roi des Goths,qui prie qu'on leur envoye un évêque. Ne voyant donc point de remede plus utile au renversement, dont nous fommes menacez, que le retardement,faités-leur differer leur voïage,à caufe de l'hyver : aufli ne leur eft il pas poffible d'aller maintenant vers le Bofphore, ni dans ces quartiers-là. Car il y a deux chofes qui me feroient beaucoup de peine, fi elles arrivoient; que l'évêque fût ordonné par ceux qui ont fait tant de mal; & abfolument, que l'on en fit un. Car vous fçavez vous-même qu'ils n'ont point d'envie d'y en mettre un bon, & vous en voyez les confequences. Faites donc tout votre poffible pour l'empêcher, mais fans bruit. Que Modoüiaire, s'il fe peut, s'échappe fecretement jufques ici ; ce feroit un grand point: s'il ne fe peut, faifons ce qui fe pourra.

XLVI. S. Maru

thas en

Perfe.

Voici quelle avoit été l'occafion des conver fions que S. Maruthas fit en Perfe. Il y fut enyoyé en ambassade, comme il arrivoit fouvent Soer. vII. Kiiij

c. 8.

d'en envoyer de part & d'autre. Le roi de Perfe AN. 404. ayant reconnu la pieté de Maruthas, lui rendoit beaucoup d'honneur, & l'écoutoit comme un homme veritablement cheri de Dieu. Les mages qui avoient grand pouvoir auprès du roi, en fu. rent allarmez, & craignirent qu'il ne convertit le roi au Chriftianifme; d'autant plus qu'il l'avoit délivré d'un mal de tête, qui l'avoit incommmodé long-tems, & dont ils n'avoient pû le guérir. Ils firent donc cacher un homme fous terre, au lieu où étoit le feu perpetuel que les Perfes adoroient; & quand le roi vint faire fa priere à l'ordinaire, ils firent crier par cet homme, qu'il falloit mettre le roi dehors, parce qu'il avoit commis une impieté, en tenant pour ami de Dieu le prêtre des Chrétiens. Ifdegerd, c'étoit le nom du roi, ayant oui ces paroles, voulut renvoyer Maruthas, nonobftant le refpect qu'il lui portoit: mais Maruthas s'étant mis en priere, apprit par revelation la fourberie des mages, & dit au roi: Seigneur, ne vous laiffez pas jouer,mais quand vous entendrez cette voix, faites foüiller fous terre, & vous trouverez l'artifice: car ce n'eft pas le feu qui parle. Le roi le crut, & revint au lieu où étoit le feu perpetuel. Il entendit encore la même voix; & ayant fait creufer la terre, il découvrit l'homme qui parloit. Il en fut en grande colere,& fit décimer tous les mages. Puis il dit à Maruthas de bâtir des églifes où il voudroit.

[ocr errors]

Depuis ce tems-là, le Chriftianifme s'étendit chez les Perfes. Maruthas étant revenu à CP. fut encore envoyé en ambassade peu de tems après; & les mages recommencerent à chercher les moyens d'empêcher le roi de le recevoir. Ils répandirent par artifice une mauvaise odeur, en un endroit par où le roi avoit accoûtumé de paffer, & accuferent les Chrétiens d'en être la

cause. Mais le roi, à qui les mages étoient déja fufpects, en rechercha foigneulement les au AN. 404. teurs, & trouva encore que c'étoit des mages. Il en fit punir plufieurs, rendit plus d'honeur à Maruthas que devant, favorifa les Romains, & embrassa leur amitié. Peu s'en fallut même qu'il ne fe fit Chrétien, à l'occafion d'un autre miracle: car fon fils étant tourmenté du démon, Maruthas & l'évêque de Perfe,nommé Abda ou Ablaat, le délivrerent par leurs jeûnes & leurs prieres.

Saint Flavien évêque d'Antioche mourut vers le temps de l'exil de S. Chryfoftome, fans avoir jamais confenti à fa condamnation. Ilavoit tenu ce fiége vingt-trois ans.Pour lui donner un fuc ceffeur,tout le peuple jettoit les yeux fur le prêtre Conftantius, qui avoit fervi cette églife de. puis la plus tendre jeuneffe. Il fervit premierement l'évêque pour l'expedition des lettres, & s'en aquitta fans reproche d'aucun interêt fordide. Enfuite il fut lecteur, puis diacre; & vêcut dans une entiere pureté de mœurs,gardant toûjours le célibat. Il menoit la vie afcétique, & jeûnoit fouvent jufques au foir, pour foulager les affligez. Il conoiffoit promptement,punifloit lentement, étoit méditatif,recueilli, charitable, jufte dans les jugemens, patient pour les injures, perfuafif, d'une phifionomie grave, d'un regard fevere, d'une marche prompte. Son vifage étoit fouriant jufques dans fes maladies. Tel étoit le prêtre Conftantius, ami de S. Jean Chryfofto.

qui ce faint a écrit plufieurs lettres, & qui

vint l'attendre à Cucuse.

Il y avoit dans la même église d'Antioche un nommé Porphyre, qui depuis long-temps avoit exercé les fonctions de diacre, & puis de prêtre, fans avoir jamais rendu à l'église aucun fervice fpirituel. Il s'opofoit toûjours aux bons évêques

XLVII. Mort de S. Flavien Porphyre évêque d'Antioche Pall. dial. P.144.

Socr. VII. c. 9.

Soz. VIll.

. 14.

Ibid.p.142.

Sup. n. 18.

1bid. p. 345.

du voifinage & comme il étoit de C P. il avoit AN. 404, beat coup de pouvoir auprès des magistrats, & faifoit fi bien par fes intrigues, qu'il empêchoic les bonnes ordinations, & obligeoit les évêques, prefque malgré eux, à ordonner des gens indignes. Ses mœurs étoient impures, & on l'accufoit des débauches les plus abominables. On voyoit à fa fuite des cochers du cirque, des danfeurs, & il mangeoit avec eux. Il y avoit preuve par des plaintes formées devant divers magiftrats, qu'il étoit ami & protecteur de quelques enchanteurs. C'eft ce même Porphyre,qui avoit été le fujet d'un des chefs d'accufation contre S. Chryfoftome au concile du Chefne, comme ayant voulu le faire banir par Eutrope. Après la mort de Flavien, il voulut être évêque d'Antio, che, & commença par éloigner Constantius. Il écrivit à la cour aux évêques qui étoient en crédit, & obtint un ordre de l'empereur, pour l'envoyer en exil dans l'Oasis, comme feditieux: mais Conftantins en étant averti, fe fauva dans l'ifle de Chypre, à l'aide de fes amis. Porphyre fit arrêter deux autres prêtres, Cyriaque & Diophante, auffi amis de S. Chryfoftome, & tint cachez pour fon deffein les évêques Acace, Severien & Antiochus. Il prit fon temps que tout Sup liv.xv. le peuple d'Antioche étoit au bourg de Daphné, occupé à un spectacle qui fe faifoit tous les quatre ans, à l'imitation des jeux Olympiques. II entra dans l'église avec les trois évêques & quelques clercs, & ayant fermé les portes, il y fut ordoné en cachette, & avec tant de précipitation, qu'ils n'acheverent pas la priere, de peur d'être découverts. Enfuite Severien & les fiens fe fauverent par les montagnes.

22 1636.

.146.

Le peuple étant rentré dans la ville après le fpectacle, aprit l'ordination de Porphyre. Il deAcura en repos le foir: mais le lendemain ils ac

p. 149.

coururent tous avec du feu & du farment, pour brûler Porphyre dans fa maison. Il eut recours AN. 404• au comte Valentin; & lui ayant fait de grands préfens, il le fit venir à fon fecours, avec les troupes qui devoient marcher contre les faures. On attaqua le peuple, qui étoit forti pour prier p. 147. dans une terre inculte; & la croix qu'ils portoient fur leurs épaules, fut foulée aux pieds. Cependant les Ifaures pillerent Rofle & Selucie. Quelque tems après Porphyre envoya à la cour en diligence, & fit donner la charge de capitaine du guet d'Antioche, à un vieillard cruel & corrompu, qui lui aida à fe foum ettre le peuple. Ainfi illes contraignit à s'aflembler exterieurement avec lui dans l'églife, le maudiffant dans leur cœur. Mais les plus confiderables du clergé d'Antioche n'approchoient pas des murailles de l'églife, & s'affembloient en fecret avec les femmes les plus qualifiées & les plus riches. Cette Sozom divifion s'étendoit dans toute la Syrie & dans VIII.0.24. l'Egypte, & fut occafion d'une loi datée du dixhuitième de Novembre, la même année 404. & adreflée à Eutychien, préfet du prétoire, qui porte: Les gouverneurs des provinces feront L. ult C. avertis d'empêcher les affemblées illicites des Th de his Catholiques, qui méprifent les faintes églifes, qui fup. repour s'affembler ailleurs;& ceux qui s'éloignent lig. de la communion des très-venerables évéques Arface, Theophile & Porphyre, feront fans difficulté chaffez de l'églife. On croit que Porphyre Pall dial. avoit poursuivi cette loi, & on l'accufoit d'a- p 143. voir fait fondre les vales facrez après fon ordination, pour faire des préfens aux magiftrats qui le protegoient.

dez

Ilarriva plufieurs accidens, qui furent regar- XLVIII. comme des punitons div nes, pour la perfe- Punition cution excitée contre S. Jean Chryfoftome. Le des fchif vendredi trentiéme de Septembre de la même matiques K vj

Chr Pafch an. 43.

« AnteriorContinuar »