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& difparut. Ils y ajoûterent pour ceux qui vouAN. 395 droient apprendre l'écriture, deux leçons; une de l'ancien, & une du nouveau teftament; excepté le famedí, le dimanche & le tems pascal, où les deux leçons étoient du nouveau teftament s l'une des épîtres ou des actes; l'autre de l'évangile. Après chaque pfeaume, ils prioient debout les mains étendues, fe profternoient un moment, & fe relevoient auffi-tôt, de peur de s'endormir, fuivant exactement les mouvemens de celui qui préfidoit à la priere. Un profond filence regnoit dans l'affemblée quelque nombreufe qu'elle fût. On n'entendoit qu'une feule voix; du chantre qui prononçoit le pfeaume, ou du prêtre qui faifoit la priere. Celui qui chantoit étoit debout; tous les autres affis fur des fiéges fort bas; parce que leur jeûne & leur travail continuel ne leur permettoit pas de demeurer debout. Siles pleaumes étoient longs, ils les partageoient, ne cherchant pas à en dire beaucoup, & promptement, mais à y donner grande

C. 10.

$12.

Reg. S.

Pafch. n. 1.
Gaff. 11.

Hier pref.
Cass. iv.
Inft. c. 13

attention.

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Le fignal de la priere fe donnoit avec une trompe, c'est-à-dire, une corne; & celui qui étoit Inftit..17 chargé d'éveiller les freres pour la priere de la nuit obfervoit exactement l'heure aux étoiles car le ciel eft toûjours ferain en Egypte, Ainfi ils n'avoient ni cloches ni orloges. Dans leurs cellules ils n'avoient pour cous meubles, outre leurs habits, qu'une natte pour fe coucher & s'affeoir, & un paquet de groffes feüilles de la plante nommée papyrus, comme en Egypte;d'où vient le nom de papier, parce qu'on s'en fervoit auffi pour écrire. Ce paquet etoit leur chevet pour la nuit, & leur fiége pour le jour : ils s'en fervoient auffi dans l'églife. Les nattes étoient de jonc ou de feuilles de palmier, & ils les faifoient eux-mêmes. Ils ne s'affembloient point

Coll. 1. ·8.23.

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AN. 395

11. Infiit

. 14.

6. 11.

Coll xxiv.

r. 4. 5.

7.6.

le jour pour prier enfemble, fi ce n'étoit le famedi & le dimanche à tierce, pour la communion. Les autres jours ils demeuroient dans leurs cellules à travailler, en priant continuellement : car ils avoient reconnu que rien n'eft plus propre à fixer les penfées & empêcher les diftrations, que d'être toujours occupez. Ils travailloient même la nuit, quand ils veilloient. Et afin que le travail fût compatible avec la priere, ils choififfoient des ouvrages faciles & fédentaires, comme de faire des nattes & des pa- x. Inflit. 6. niers. Ces moines d'Egypte étoient ceux de tous qui recommandoient le plus le travail des mains, comme l'unique remede à l'ennui de la folitude, & à une infinité d'autres maux. Ils difoient que le moine qui travaille n'a qu'un démon pour le tenter, & le moine oifif en a fans nombre. Ils ne permettoient point que les moines reçuffent rien de perfonne pour leur fubfiftance: au con. traire ils travailloient fi abondamment, qu'ils exerçoient l'hofpitalité envers ceux qui les venoient vifiter, & envoyoient de grandes aumônes dans les lieux ftériles de la Libye, & même dans les villes, pour les prifonniers. Ils fe fon· doient outre l'expérience, fur les préceptes & 7.8.6% l'exemple de S. Paul. Toutefois nous trouvons des exemples de libéralitez faites aux moines même d'Egypte. Ce qui fait croire que l'on fe difpenfoit de cette régle de ne rien prendre dans XVI. 4. les cas de néceffité.

623°

622.

c.

V. Sp.

IX.

ment des

d'Egypte

Il y avoit alors des monafteres dans toutes les parties de l'Egypte.Les plus anciens étoient dans Dénombre. la baffe Thébaïde, vers le fond de la mer rouge. Là étoit le mont Colzin, où mourut S. Antoine, monafteres & le mont Pifper, autrement la montagne extéSup. liv. rieure, qu'il avoit auffi habitée, & où demeure- x. 35. rent la plupart de fes difciples. On en comptoit Rofvvedjufques à cinq mille, qui après S. Antoine, furent p. 233.

AN.

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8. 52.

33.

.

gouvernez par un S. Macaire,autre que les deux 395. dont nous avons parlé, l'Alexandrin & l'EgypSup. v. tien. S. Poftume les gouverna après S. Macaire. V1. n. 7. Il y avoit un monaftere de l'autre côté du Nil, Vita PP. près de la ville d'Hermopole, où l'on croyoit Pall Lauf que la fainte Vierge & S. Jofeph avoient amené JESUS enfant, & que l'on nomme aujourd'hui Sup. xv. n. Matarée. Là vivoient environ cinq cens moines fous la conduite de S. Apollon ou Apollonius, qui fut mis en prifon fous le regne de Julien.. Leurs habits étoient toujours blancs; ils obfervoient une grande propreté, & il leur confeilPall. Lauf. loit de communier tous les jours. S. Ifidore gou vernoit auffi dans la Thébaïde une communau. té de mille moines, qui gardoient une clôture très-exacte. Au-dedans de leur enclos, ils avoient des puits, des jardins, & tout ce qui leur étoit néceffaire. Perfonne n'y entroit que pour y paffer fa vie. Un vieillard gardoit la porte, pour répondre aux furvenans, & exercer l'hospitalité. Vita PP. Le prêtre Diofcore gouvernoit environ cent Pall. Lauf moines dans quelque endroit de la Thébaïde. 4.63. Près d'Antinoopolis, il y en avoit environ deux mille, dont quelques-uns étoient anacorétes enfermez dans des cavernes,

6.71.

Vita P P.

-6. 17.

11. c. 20.

Vita P P.

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Mais la grande merveille de la baffe Thébaïde 11. c.5. étoit la ville Oxyrinque, ainfi nommée en grec Srab. lib, du nom d'un poiffon à bec pointu, que les Egyp17. p. 812. tiens adoroient, & qui avoit un temple célébre

en cette ville. Elle étoit peuplée de moines dedans & dehors, en forte qu'il y en avoit plus que d'autres habitans. Les bâtimens publics & les temples d'idoles avoient été convertis en monafteres; & on en voyoit par toute la ville plus que de maifons particulieres. Les moines logeoient jufques fur les portes & dans les tours. Ily avot douze églifes pour les affemblées du peuple, fans compter les oratoiresdesmonafteres

Libell.

Sup. xv. É 58.59:

Pall Lauf. c. 38. 39.

Cette ville,qui étoit grande & peuplée, n'avoit ni hérétiques ni payens,mais tous Chrétiens catho- AN. 395. liques. Elle fut toutefois divifée quelque temps Sup. liv. par un fchifme. Car Theodore, qui en étoit éve 111. 2. 23. que, ayant embraffé le parti de George, évêque Marc & Arien d'Alexandrie, jufques à fe faire réordoner, Fauft. p. 7. les Catholiques d'Oxyrinque fe firent ordonner 76.6. un autre éveque,nommé Heraclide,que Theodore perfecuta long-temps avec les vierges & les moines de fa communion. Cette ville avoit vingt mille vierges & dix mille moines. On y entendoit jour & nuit raifoner de tous-côtés les louanges de Dieu. Il y avoit par ordre des magiftrats des fentinelles aux portes, pour découvrir les étrangers & les pauvres; & c'étoit à qui les retiendroit le premier,pour exercer envers eux l'hospitalité, Dans la haute Thebaïde étoit le monaftere de Tabene, fondé par S. Pacome, comme il a été dit, où il y avoit quatorze cens moines. De l'autre côté du Nil étoit celui de fa fœur, contenant quatre cens filles. Les fucceffeurs de S. Pacome furent Petrone, puis Orfiefius, puis Theodore, qui étoit entré dans le monaftare dès l'âge de quatorze ans, & y avoit long-tems vêcu avec S. Gennad. Pacome. Il étoit prêtre, quoique S. Pacome tint fript. visa pour maxime générale, de ne point faire ordon- S. Pac. c. ner les moines, de peur d'exciter entre eux des 24 jaloufies. S. Pacome avoit fondé plufieurs autres monafteres. Voyant que fes freres étoient trop vitas. Pas. Sup. xv. 592 prellez à Tabene, à caufe de leur grand nombre,il a. Sur. & en transfera quelques-uns à un bourg nommé Pi. 43. bi Ce fecond monaftere étant encore augmenté, il vint à lui quelque tems après un vieillard nomé Eponychus,fuperieur d'un ancien monaftere nomé Chenobofque, dont les moines vivoient dans une grande perfection. Il ne laiffa pas de prier S. Pacone de prendre cette communauté fous fa conduite: ce qu'il fit, & lui envoya tes freres de

Supxix .

ita.

3. Pac.c.19

30. &c.

fon monaftere. Il accorda la même chofe aux AN. 395. freres d'un autre monaftere, nommé Machons Cod Regul ou Mochans, & il y étendit fa regle. On a des p.100.10 lettres de faint Pacome à Corneille fon disciple, Hier praf abbé de Mochans, & à Syrus ou Sur, abbé de Sup liv. xv. n. 60. Chnum, qui vêcut plus de cent dix ans. S. Paco. Pall. c. 9. me fonda auffi un monaftere près de Panos,où il y eut trois cens moines. Ammon ou Ammonas, gouvernoit un monaftere de trois mille moines, de la regle de Tabenne.Mais le plus grand monaE. Pach. nastere de cette regle fe nommoit en Egyptien Baum,& peut-être eft ce le même que Tabenne.

Id. c. 4 8.

V.PP.C.3.

Ils s'y affembloient deux fois l'année, à pâque, Pref. Hier. & au mois Mefauri, c'est-à-dire,d'Août. Cette derniere affemblée étoit pour pardonner les fautes, & réconcilier ceux qui avoient quelque animofité. On y élifoit auffi les fupérieurs & les officiers des monafteres. S. jerôme dit qu'ils fe trouvoient jufques à cinquante mille enfemble,pour célébrer la pâque. C'eft le premier exemple que nous trouvions de plufieurs monafteres unis ca congregation fous une même regle. Un monaftere comprenoit trente ou quarante maisons, dont trois ou quatre faifoient une tribu, pour aller ensemble au travail, ou fervir la même femaine. Chaque maison contenoit environ quarante freres d'un même métier: par exemple, tous nattiers ou tifferans, ou couturiers ou foulons.Chaque maifon comprenoit plufieurs cellules où ils logient 3. à 3 mais ils mangeoient dans un refectoire commun. Chaque maison étoit marquée par une lettre de l'alphabet,que chacun des moines de la maifon portoit fur fon capuce.

Vitas Pac

C. 22.

Reg. 6 99.

Pita S.Eu. phrax.

Dans une ville de la haute Thebaïde, il y avoit un monaftere de femmes, au nombre de plus de cent, fort renommées pour leur vertu. Elles ne bûvoient point de vin, ne mangeoient point de fruits, & jeûnoient fouvent deux ou trois jours.

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