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tant les maux de l'Armenie font grands. Quelque part que l'on aille, on voit des ruiffeaux de AN. fang, quantité de corps morts, des maisons abatues, des villes ruinées. Nous pènfions être en fûreté dans cette fortereffe, où nous fommes enfermez comme dans uns affreuse prison; mais nous ne pouvons y être tranquilles, car, dit-il Ep. 67. alidans une autre lettre les Ifaures attaquent 131.

aufli ces places.

,

Cette fortereffe étoit celle d'Arabiffe, comme

il paroît par la même lettre, & par une autre

où il dit: Ayant eu quelque relâche, nous nous Ep: ye, ali.
fommes refugiez à Arabiffe, dont nous avons 69.
trouvé la fortereffe plus fûre que les autres : car
nous ne nous tenons pas dans la ville. Mais nous
avons tous les jours la mort à notre porte, par-
ce que les Ifaures ravagent tout par le fer & par
le feu nous craignons la famine, à cause de la
multitude des gens renfermez dans un lieu fi é- Ep. 1836
troit. Et dans une lettre à Polybe : La crainte al 1276
des Ifaures met en fuite tout le monde : les vil-

les ne font que
les murailles & les toits: les val-
lées & les bois font les villes. Les habitans d'Ar-
menie reffemblent aux lions & aux leopards,
qui ne trouvent leur fureté que dans les déferts.
Nous changeons tous les jours de place, com-
me les Nomades & les Scythes. Souvent les
petits enfans, que l'on emporte de nuit à la
hâte par le grand froid,demeurent morts dans
la neige.

al. 186. 111,

l.102.

Ces allarmes continuelles l'obligerent à ren- Ep.1.1, 4. voyer un jeune lecteur nommé Theodote, qu'il 1. 108 a!. avoit pris auprès de lui, pour l'inftruire & le '4 105. former à la piété : joint un mal d'yeux dont ce jeune homme étoit incommodé, & auquel le grand chaud & le grand froid étoient également contraires. Ille renvoya donc à fon pere, homme confulaire, & nommé auffi Theodote, &

AN. 405.

Pall. dial: 1.96.

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ftòme.

p. 27.

Pall 2.28.

rendit en même temps des préfens que le pere lui avoit envoyez. Il recommanda le fils au diacre Theodote pouf fa conduite fpirituelle, & lui écrività lui-même, pour le confoler, l'exhorter à prendre grand foin de guérir les yeux, & s'a pliquer autant qu'il pourroit à la lecture de l'écriture fainte. Aprenez-en, dit-il, toujours la lettre, & quelque jour je vous en expliquerai le fens. Après que S. Jean Chryfoftome eut été un an à Cucufe, fes ennemis le firent transferer à Arabiffe; c'est-à dire apparemment, que depuis la fin de l'année 405. il n'eut plus comme auparavant la liberté d'aller à l'une & à l'autre. Au refte ces villes étoient affez voifines; mais Arabiffe plus au nord.

Cependant les amis agiffoient toûjours à Ro Députame. Demetrius évêque de Peffinonte y fit un fetion d'Oc- cond voyage, après avoir parcouru l'orient, & cident pour publié la communion de l'églife Romaine avec S. S. Chryfo. Chryfoftome, en montrant les lettres du pape S. Innocent. Demetrius raportoit des lettres des évêques de Carie par lefquelles ils embrassoient la communion de S. Chryfoftome & des prêtres d'Antioche, qui fuivoient auffi l'exemple de Rome, & fe plaignoient de l'ordination de Potphyre, comme irréguliére. Enfuite arriverent à Rome le prêtre Domitien, œconome de l'église de CP. & un prêtre de Nifibe, nommé Vallagas, ou Vologefe, qui repréfenterent les plaintes des églifes de Mefopotamie. Ces deux prêtres aporterent à Rome les actes d'Optat prefet de CP. par où l'on voyoit que les femmes de qualité, de familles confulaires, & diaconeffes de l'églife" de CP. comme Olympiade & Pentadie, avoient été amenées publiquement devant le préfét pour les obliger à comuniquer avec Arface, ou payer au fifc deux cens livres d'or. Il fe trouva auffi à Rome des Afcetes & des vierges, qu

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montroient leurs côtez déchirez, & les marques des coups de foüet fur leurs épaules.

AN. 405.

Le pape faint Innocent en fut touché,& écrivit à l'empereur Honorius, lui marquant en détail le contenu des lettres qu'il avoit reçûës. L'empereur ordonna que l'on affemblât un con- 29. cile, & qu'on lui rapportât ce qu'on auroit réfolu. Les évêques d'Italie s'affemblerent,& prierent l'empereur Honorius d'écrire à l'empereur Arcade fon frere,qu'il ordonnât de tenir un concile à Theffalonique, afin que les évêques d'Orient & d'Occident püffent aisément s'ytrouver, & former un concile parfait,non par le nombre, mais par la qualité des fuffrages, & rendre un jugement définitif. Honorius ayant reçû cet avis, manda au pape d'envoyer cinq évêques, avec deux prêtres, & un diacre de Rome, pour porter à fon frere Arcade une lettre qu'il lui écrivit en ces termes.

C'eft la troifiéme fois que j'écris à votre clemence, pour la prier de réparer ce qui s'est fait par cabale contre Jean évêque de CP. mais il me femble que mes lettres ont été fans effet. Je vous écris donc encore par ces évêques & ces prêtres, ayant fort à cœur la paix de l'églife, dont dépend celle de notre empire, afin qu'il vous plaife d'ordonner que les évêques d'Orient s'affemblent à Theffalonique : car ceux de notre Occident ont choifi des hommes inébranlables contre la malice & l'impofture, & ont envoyé cinq évêques, deux prêtres & un diacre de la grande églife Romaine. Recevez les avec toute p. 304 forte d'honneur ; afin que fi on leur fait voir que l'évêque Jean a été chaffé juftement,ils me perfuadent de renoncer à fa communion, ou qu'ils me détournent de celle des Orientaux, s'ils les convainquent d'avoir agi par malice. Car pour les fentimens des Occidentaux à l'égard de l'évê

que Jean, vous le verrez par ces deux lettres, AN. 405. que j'ai choifies entre toutes celles qu'ils m'ont écrites, & qui valent toutes les autres, fçavoir, celles de l'évêque de Rome & de l'évêque d'Aquilée. Mais je vous prie fur-tout de fair etrouver au concile Theophile d'Alexandrie, même malgré lui: car on l'accufe d'être le principal auteur de tous ces maux.

32. P. 31.

perte.

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Liv. XVIII.

Quoique la lettre marque cinq évêques, il n'en paroît que quatre chargez de cette dépucation; fçavoir, Emilius évêque de Benevent, Gaudence de Breffe, Cythegius & Marien, dønt on ne fçait pas le fiége. Ils étoient accompagnez des prêtres Valentinien & Boniface, & chargez des lettres de l'empereur Honorius, du pape Innocent, de Chromace d'Aquilée, de Venerius de Milan, & des autres évêques d'Italie ; avec une inftruction du concile de tout l'Occident. Ils prirent le chemin de CP. par les voitures que fourniffoit l'empereur, & furent accompagnez de quatre évêques Orientaux, qui retournerent avec eux; fçavoir, Cyriaque, Demetrius,Pallade, & Eulyfius. L'inftruction des députez portoit, que Jean ne devoit point paroître en jugement, qu'il n'eût été auparavant rétabli dans fon églife & dans la communion, afin qu'il n'eût aucun fujet de refufer d'entrer au concile.

IV. Vers le même tems, le pape faint Innocent Decretale étant confulté par S. Exupert évêque de TouS. Exu loufe, fur divers points de difcipline,lui répondit par une lettre décretale. Sur la continence des Sup clercs, il renvoye à la décretale de S. Sirice,don2. 34. 35 née vingt ans auparavant, & veut que les diacres Decr. Sir. & les prêtres, qui ayant ignoré cette loi, auront habité avec leurs femmes, gardent leur rang; à la charge de vivre déformais en continence, & de ne pouvoir monter à un degré plus élevé ; mais pour ceux qui ont eu connoiffance de la dé

G. 7.

erétale, il veut qu'ils foient déposez. Quant à

Anton.

ceux qui après leur baptême ont toûjours vécu AN. 405. dans l'incontinence, & demandent la comunion à Decr. Inne la mort,S. innocent dit que l'ancienne difcipline c. 2. étoit plus fevere, & qu'on leur accordoit feulement la pénitence, & non la comunion; c'està-dire, qu'on leur impofoit la pénitence, & fup. liv. qu'on les abandonoit enfuite à la mifericorde de vn. n 3. Dieu, fans leur donner l'absolution. Mais à pré- ex.Cypr.ad fent, dit S. Innocent, on leur accorde l'un & l'autre. Il rend raison de cet adouciffement. Du temps que les perfecutions étoient frequentes, on craignoit que la facilité d'être reçûs à la comunion, & l'affurance d'être réconciliez, ne détournât pas affez de la chûte. Mais depuis. que l'églife eft en paix, on a eu plus d'égard à la mifericorde divine, & on n'a pas voulu paroître imiter la dureté des Novatiens. Il eft remarqua ble que la difcipline étoit plus fevere fous les perfecutions; & en général, qu'elle peut changer felon les temps.

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Ambr.

25.26..

On doutoit fi les Chrétiens après leur baptême pouvoient exercer des jugemens criminels, ou même donner des requêtes pour demander une peine fanglante. S. Innocent répond, que puifque la puiffance publique portant le glaive pour la vengeance des crimes, eft établie de Dieu, il eft permis aux Chrétiens de l'implorer, & même de l'exercer.S. Ambroise étant confulté fur ce point, avoit répondu de même. Le pape Sup. liv, S. Innocent déclare adulteres ceux qui après le xvi11.2_57. divorce,contractent un nouveau mariage, & les Decr. Inn, perfonnes qu'ils époufent: en forte que les uns & les autres doivent être exclus de la communion des fidéles. C'eft que les divorces étoient permis par les loix civiles. Il marque que les hommes faifoient plus rarement pénitence pour adultere que les femmes; non que la religion

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