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Chrétienne ne condamne également ce crime ex AN. 495. l'un & en l'autre, mais parce que les femmes accufoient plus rarement leurs maris, & que l'églife ne punit point les crimes cachez, A la fin de fa décretale,il met le catalogue des livres facrez, tel que nous l'avons aujourd'hui, & marque quelques livres apocryphes & condamnez. La décrétale eft datée du dixiéme des calendes de Mars, fous le confulat de Stilicon & d'Anthemius, c'est-à-dire, le vingtiéme de Février 405.

Paul ep.21. al. 12. ad

Amand. Hier. ad

4.6.

Saint Exupere, à qui cette décrétale eft adreflée, étoit un des plus illuftres évêques des Gaules. On croit que c'est le même qu'il eft nomé par S. Paulin, comme prêtre de l'églife de Bourdeaux. S. Jerôme releve fa charité, en disant Ruff. ep.4. qu'étant évêque, il jeûnoit pour nourrir les au c.1o. in fin. tres. Rien n'eft plus riche, dit-il, que celui qui porte le corps duSeigneur dans un panier d'ofier, Ep. ii. ad & fon fang dans du verre; c'eft à-dire, qu'il Ageruch. avoit vendu les vafes facrez pour affifter les pauvres. Il le louë d'avoir purgé l'églife de fimonies & attribue à fesmerites la confervation de la vil le de Toulouse,au milieu des ravages des barbares. Vers ce même temps S. Exupere envoya en orient le moine Sifinnius, avec une fomme d'argent pour foulager les moines de Palestine & d'Egypte. Sifinnius rendit à S. Jerôme une lettre de S.Exupere, des moines Minerius & Alexandre, & de plufieurs perfonnes pieufes, qui lui propofoient des questions fur l'écriture. A cette, occafion S. Jerôme envoya à S. Exupere fon comentaire fur le prophéte Zacharie, qu'il compofa en même temps,fous le confulat d'Arcade & d'Anicius Probus, c'est-à-dire, en 406. il Praf in 3. envoya auffi le comentaite fur Malachie à Milib. in Anerius & Alexandre, avec une grande lettre sur mos.ep.15 2. le jugement dernier & la réfurrection.

Pref. in lib. Zách, Praf. in lib. 2.

V.

AN. 405. Vigilance & les er

reurs.

In Vigil. c. 2. Genr nad de Script. Paul. ep.i al. 5. Sup. liv. xix. n. 56, Hier. ep 13. ad Paul.in Vigil c. 4.

Par le même moine Sifinnius, S. Jerôme envoya en Gaule fon traité contre Vigilance, aux prêtres Riparius & Defiderius, qui l'en avoient prié.Vigilance étoit Gaulois de la ville de Convenes, c'est-à dire, de Comminges. Il paffa en Efpagne, & vendit du vin: puis il fut prêtre de l'églife de Barcelone. Ce fut là aparemment qu'il fit conoiffance avec S. Paulin, qui en parle dans fes lettres comme d'un ami, & le recomanda à S. Jerôme, quand il alla en Palestine. Car Vigilance fit ce voyage,& demeura quelque temps Jerufalem.lly étoitdu temps du tremblement de terre qui arriva en 394. Il paffa en Egypte & en d'autres pays, & commença à enfeigner des erreurs. Il attaqua même S. Jerôme, l'accufant d'Origenifme, parce qu'il lui avoit vû lire les livres d'Origene. S. Jerôme lui écrivit fur ce fujet, vers l'an397.montrant qu'il ne le lifoit que pour profiter de ce qu'il avoit de bon; & exhortant D: ep. 75 Vigilance à s'inftruire, ou à fe taire.

à

Ep. 75.

53.

Environ fept ans après, & vers l'an 404. le In Vigil. prêtre Riparius écrivit à S. Jerôme que Vigi- c. 4. lance recommençoit à dogmatifer; qu'il parloit contre les reliques des martyrs, & contre les veilles dans les églifes. S. Jerôme lui répondit Ep. 53. ad fomairement;ajoutant que fi on lui envoyoit le Rip. livre de Vigilance, 'il y répondroit plus amplement. On le lui envoya en effet. Le moine Sifinnius envoyé par S.Exupere, fut auffi chargé par des prêtres Riparius & Defiderius de l'écrit de Vigilance; & S. Jerôme l'ayant lû, y répondit par un écrit très-vehement, qu'il diéta en une In Vigil, nuit, parce que Sifinnius étoit preffé d'aller en c. 2. Egypte.

Saint Jerôme y réfute toutes les erreurs de Vigilance, qu'il dit être fucceffeur de l'hérétique Jovinien, en ce qu'il blâmoit la profeffion. de la continence Il condamnoit le refpect que

.Eftdr. €15. 45.

l'on rendoit aux reliques des martyrs & nomAN. 405. moit cineraires & idolâtres ceux qui les hono roient. Il traitoit de fuperftition payene l'ufage d'allumer en plein jour des cierges en leur honeur. Il foûtenoit qu'après la mort on ne pou voit plus prier les uns pour les autres, s'apuyant d'un paffage du livre apocryphe d'Efdras. Il difoit que les miracles, qui fe faifoient aux fepulcres des martyrs, n'étoient que pour les infidelles. Il condamnoit les veilles publiques dans les églifes, excepté la nuit de pâque; & vouloit que l'on ne chantât alleluia qu'à cette fête.ll blâmoit la coutume d'envoyer des aumônes à Jerusalem, & de vendre fon bien pour donner aux pauvres: difant qu'il valoit mieux le garder, & leur en diftribuer les revenus. Il blâmoit en général la vie monaftique, difant que c'étoit fe rendre inutile au prochain. Telles étoient les erreurs de Vigilance: il y avoit même des évêques qui les fuivoient, principalement celle qui regardoit la continence:fous prétexte qu'elle étoit une occafion de débauche. Ils n'ordonoient point de diacres qui ne fuffent mariez; & ce fut peut-être la caufe des confultations des évêques d'Espagne au pape S. Sirice, & des évêques de Gaule au pape S. Innocent.

VI.

gilance.

C. 2.

S. Jerôme répond fur ce point: Que feront Ecrit de S. les églifes d'orient, d'Egypte & du fiége apoftoJerôme contre Vi- lique, qui prennent les clercs vierges ou continens: ou s'ils ont des femmes ils ceffent d'en être les maris? Quand à l'honeur des martyrs, il répond: que perfonne ne les a jamais adorez, ni cru les hommes des dieux; mais il ajoûte: Il fe plaint que les reliques des martyrs foient couvertes d'étoffes préticufes, & qu'on ne le jette pas fur un fumier. Nous fommes donc facriléges, quand nous entrons dans les bafiliques des apôtres ? L'empereur Conftantius fut un facrile

ge, quand il transfera à CP. les faintes reliques
d'André, de Luc & de Timothée, devant lef❤ AN. 405.
quelles les démons rugiffent? Il faut encore
maintenant traiter de facrileges l'empereur Ar-
cade, qui après un fi long-tems, a transferé de
Judée en Thrace les os du bienheureux Samuel.
Tous les évêques doivent passer non-feulement
pour facrileges, mais pour infenfez,d'avoir por-
té dans un vafe d'or,& dans de la foie des cen-
dres méprifables. Les peuples de toutes les égli-
fes étoient insensez,d'aller au-devant des saintes
reliques, & de recevoir avec tant de joie le pro-
phete, comme s'ils l'avoient vû préfent & vi-
vant: en forte que leurs troupes fe joignoient
depuis la Palestine jufques à Calcedoine, &
loüoient J. C. tout d'une voix. Adoroient-ils Chro Pafch
Samuel, ou plûtôt J. C. dont Samuel a été le p. 308.
levite & le prophete? En effet, les reliques du
prophete Samuel furent apportées à CP.du tems
de l'évêque Atticus, au mois Artemifius de qua-
torzieme des calendes de Juin, fous le confulat
d'Arcade & de Probus, c'est-à-dire, le dix-neu-
viéme de Mai 406.L'empereur Arcade marchoit
devant avec Anthemius, préfet du prétoire, &
conful de l'année précédente, Emilien préfet de
la ville, & tout le fénat, Les faintes reliques fu-
rent dépolées pour un tems dans la grande égli
fe, & enfuite mifes en une église bâtie en l'hon-
neur du prophete près l'Hebdomon.

Pour montrer que les faints prient pour nous, S. Jerôme dit: Si les apôtres & les martyrs éta nt encore dans leurs corps, peuvent prier pour les autres, combien plus après leurs victoires? ontils moins de pouvoir depuis qu'ils font ay ec J.C. Et enfuite: Nous n'allumons point de cierges en plein jour, c'eft une calomnie. Si quelques féculiers ou quelques femmes le font par ignorance, ou par Gmplicité, quel mal cela vous fait il?

{

Theod. Lett.
lib.2.adfin.

In Vigil.

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3.

A

ils reçoivent leur récompenfe felon leur foi: AN. 405. comme la femme qui parfuma J. C. quoiqu'il n'en eût pas befoin. Sans parler des reliques, par toutes les églifes d'Orient, quand on va lire l'évangile, on allume le luminaire en plein jour en figne de joie. L'évêque de Rome fait donc mal, lorfque fur les os venerables, felon nous, & la vile pouffiere, felon toi, de Pierre & de Paul, hommes morts, il offre à Dieu des facrifices, & prend leurs tombeaux pour des autels; nonfeulement l'évêque d'une ville, mais tous les êvêques du monde font donc dans l'erreur ? Il accufe Eunomius d'être l'auteur de cette héréfie.

C. 4.

6.5.

Sur les veilles dans les églifes, il dit : Que ce n'eft pas une raison de les abolir, parce qu'elles donnent occafion à quelques défordres entre de jeunes gens & de miferables femmes: autrement, dit-il, il faudroit auffi abolir la veille de pâques. Il infifte fur les miracles qui fe faifoient communément aux tombeaux des martyrs; & ajoûte: Quand j'ai été troublé de colere, de quelque mauvaise penfée, ou de quelque illufion nocturne,je n'ofe entrer dans les bafiliques des martyrs. Tu t'en moqueras peut-être comme d'un fcrupule de bonnes femmes. Il juftifie enfuite la pratique confervée depuis le tems des apôtres, parmi les Chrétiens, & même parmi les Juifs, d'envoyer des aumônes à leurs freres de Paleftine. Enfin il défend la profeffion monaftique, en difant, qu'il ne faut point craindre que l'églife manque de miniftres, quoiqu'il y ait des folitaires; comme on ne craint point que le genre humain périffe, quoiqu'il y ait des vierges. Le devoir du moine, dit-il, n'eft pas d'enfeigner, mais de pleurer, pour foi ou pour le monde, & d'attendre en crainte l'avenement du Seigneur. Il fuit les occafions, parce qu'il fe défie de fa foibleffe,& n'efpere de vaincre que par la fuite.

Tel

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