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étoient vêtuës d'un cilice, qui les couvroit

jusques aux pieds, n'ufoient point de bain, & ne AN. 395. lavoient pas même leurs pieds. Elles travailloient tant qu'elles pouvoient, n'ufoient point de remedes dans leurs maladies, mais les recevoient comme une grande bénédiction;&gardoient une clôture exacte. Euphrafie veuve d'un homme de grande qualité, nommé Antigone leur ayant offert vingt ou trente livres d'or de revenu, l'abbeffe le refufa, & reçut feulemene de l'huile pour les lampes, & des parfums pour l'oratoire. Euphrafie ou Euphraxi fa fille y entra à l'âge de fept ans,& devint illuftre par fes vertus & par les miracles. Près d'Antinous il y avoit douze monafteres de femmes ; un entre autres gouverné par Pall, Lauf. l'abbeffe ou Amma Talida, qui pratiquoit la vie . 137. monaftique depuis quatre-vingt ans. Elle avoit avec elle foixante jeunes vierges, qui l'aimoient tellement, que le monaftere ne fermoit point à clef comme les autres: mais elles lui étoient attachées par affection & par fes faintes inftructions.Elles fortoient le dimanche pour aller à l'é- c. 138. glife recevoir la communion: mais une d'entre elles, nommée Taor, qui étoit fort belle, ne fortoit jamais, & demeuroit toujours à travailler dans le monaftere, couverte de haillons.

Dans l'Egypte proprement dite, près d'Arfinoé, l'abbé Serapion gouvernoit environ dix mille moines. Le défert de Nitrie en avoit cinq mille en cinquante monafteres. Ils avoient une églife & huit prêtres, dont le plus ancien faifoit feul les fonctions : les fept autres n'en faifoient aucune pendant fa vie. Proche de-là étoit le monaftere des Celles & le mont de Phermé, habité d'environ cinq cens moines. Entre eux étoit Paul qui faifoit trois cens oraifons par jour, & pour les compter, fe fervoit de trois cens petites pierres, qu'il tenoit dans fon fein, & les jetroit à

Sup. xiv.
30.
Pall. Lauf
c. 76,
Sup. xv1.
2. 36.
Pall. 7.14.
Sup xvI.
Pall. c. 23.

n. 27

Pall. c. 7

Sup. xix. n. 3.1.

mefure. Là proche étoit le monaftere de Scetis, AN. 395. où habitoient les deux Macaires, où demeura S. Arfene, & où Caffien paffa quelque tems: Près d'Alexandrie il y avoit environ deux mille moines en divers monafteres. A Canope étoient: plufieurs monafteres, entre autres celui de Me-tanée. A Pelufe il y avoit auffi des moines, entre autres le fameux S. Ifidore, qui vivoit dans ce même tems. Et c'est l'état des monafteres d'Egypte à la fin du quatrième fiécle. Le nombre de tous les moines qui ont été marquez, monte à plus de foixante & feize mille; celui des religieufes à vingt mille fept cens ou environ, fans compter les monafteres dont le nombre n'eft pas exprimé. Je ne dis rien de plufieurs particuliers illuftres, dont on peut voir les vertus dans les relations d'Evagre & de Pallade, & les autres recueils de vies des peres..

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Chûte des héréfies Sozom

111. C. I.. C. L. 29.

Th⋅ de epif 1 24. 25. 26.17.28

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La mort de l'empereur Theodofe n'arrêta point les progrez de la religion: au contraire ceux qui gouvernoient attribuant à fa pieté la défaite d'Eugene & des autres tyrans, s'apliquerent à l'imiter. Ils confirmerent les loix qu'il a voit faites en faveur de la religion, & en ajouterent de nouvelles. Nous avons une loi d'Honorius pour conferver les privileges des églifes en 395. fept d'Arcade contre les hérétiques, & une contre les payens, données à CP. partie en 394. pendant la vie de fon pere occupé en Occident, partie en 395. depuis la mort : la plû part adreflées à Rufin préfet du préto re d'Orient, & comme l'on croit, dreflées par fon confeil: car il avoit la principale autorité. Mais. étant fufpect d'afpirer à l'empire, il fut tué le 27. Novembre de la même année 395.

Les payens fe convertiffoient, & les hérétiques: tevenoient à l'églife catholique; particuliere. ment les Eunomiens & les autres Ariens, à qui

feurs divifions faifoient ouvrir les yeux, & juger que la vérité n'étoit pas de leur côté. Les Mace- AN. 395. doniens n'avoient point d'évêque à C P. & n'étoient gouvernez que par des prêtres, depuis qu'Eudoxe leur eut ôté les églifes:ce qui ne contribuoit pas peu à les affoiblir. Les Novatiens é- Sup. liv. toient auffi troublez par le fchifine de Sabbatius: xtx, ~; 39. mais ils fe foûtenoient à CP.par la réputation de leur évêque Sifinnius, homme d'efprit & célébre en fon tems par plufieurs réponfes vives & ingé. nieufes. On vantoit fort fa fcience &.fa vertu :' toutefois il vivoit délicatement,fe baignoit deux fois le jour,& portoit des habits blancs; au lieu que les perfonnes de pieté s'habilloient de noir. En Afrique la divifion des Donatiftes continuoit toujours, & ils abufoient des loix donées contre les hérétiques, pour fe poursuivre les uns les autres. En exécution du concile de Bagaïe tenu par les Primianiftes, le délai qu'ils avoient doné auxMaximianiftes pour se réunir à eux étantpaffé; & deux mois au-delà, les Primianiftes préfenterent requête au proconful de Carthage le 2. de Mars 395. contre Felicien de Muftite & Prétextat d'Affurite,tous deux Maximianiftes, pour les faire chaffer des églifes; & cette pourfuite durajufqu'au 22. de Decembre de l'année fuivante 396. Les Primianiftes fe difoient catholiques; & pour le montrer, ils produifoient leur concile où lesMaximianiftesétoient condamnez demandant qu'ils fuffent chaffez des églifes en vertu des loix impériales contre les hérétiques. Le juge par connivence ou par erreur, prononça en leur faveur ; & en plufieurs endroits les Maximianiftes furent chaffez par autorité de juftice.

S.Auguftin faifoit toujours à Hippone les fonctions de prêtre fous l'évêque Valere, &prêchoit avec grand fuccès. La fête de S. Leonce évêque Hippone étant proche, le peuple murmuroit de

Sup. Lich xIx. 541 Aug. 111. conc. Crefc. 0.5.60

Aug...n .

$7.3.1.

XI. S.Auguftin prêche con tre les AgaEpift. an ad Aly

pes.

Sup. liz

X:X 13. 41.

Epift. 29.

autant

ce qu'on vouloit l'empêcher de la célébrer avec AN3 95. les réjoüiffances ordinaires, c'eft-à-dire, de faire dans l'églife des feftins, qui dégénéroient en yvrogneries & en débauches. Car le concile d'Hippone tenu en 393. avoit ordonné qu'on détourneroit le peuple de ces feftas, qu'il feroit poffible. S. Auguftin, qui avoit confeillé ce réglement, fçachant le murmure du peuple, commença dès le mercredi qui précédoit la fete, à lui parler fur ce fujet, à l'occafion de l'évangile du jour, où on avoit lû ce paff ge: Ne donnez pas les chofes faintes aux chiens, & ne jettez pas vos perles devant les pourceaux. Il compara aux chiens ceux qui aboyoient contre les commandemens de Dieu; & aux pourceaux, ceux qui s'attachoient aux fales plaifirs, & vouloient commettre dans l'églife ce qui les rendroit indignes des chofes faintes.

n. 2.

Matth. vil

6.

22.3°

Matth. XXI. 12.

2. 4.

Ex xx11. 6. n. 5. 6.

1. Cor. V. II. VI. 9.

Gall.5. 29. " 7.

Comme ce difcours avoit eu peu d'auditeurs, & que beaucoup y contre lifoient, il parla encore du même fujet dans une plus grande affemblée, où l'on avoit lû l'évangile des marchands chaffez hors du temple, Il le relut lui-même, & montra combien J. C. auroit eu plus de zele à chaffer du temple des feftins diffolus, qu'un comerce de foi innocent. Il ajouta que le peuple Juif,tout charnel qu'il étoit,ne faifoit point de fe. ftin dans ce temple, où on n'offroit point encore le fang du Seigneur ; & qu'on ne trouvoit point qu'ils fe fuffent enyvrez, fous prétexte de religion, qu'à l'occafion des idoles. Sur quoi il leur lut tout l'endroit de l'Exode; car il avoit prépa ré les livres & les paffages. Enfuite il prit S. Paul, & leur lut les paflages, où il compte l'yvrognerie entre les plus grands péchez, & les œuvres de la chair, qui excluënt du royaume de Dieu. Après avoir relu ces paffages, & plufieurs autres, avec une grande force, il rendit le livre, leur or

donna de prier, & recommença à parler avec toute la véhémence dont il étoit capable, leur AN. 395. repréfentant le péril commun des peuples & des prêtres,qui doivent rendre compte de leurs ames au chef des pafteurs. Je vous conjure, dit-il, par fes humiliations,fes fouffrances, fa couronne d'épines, fa croix & fon fang; ayez du moins pitié de nous, & confiderez la charité du vénérable Valere, qui n'a pas craint de m'imposer,à cause de vous, la charge périlleuse de vous annoncer la parole de verité. Il s'eft réjoüi que je fois venu ici; mais ce n'eft pas pour me voir mourir avec vous, ou être fpectateur de vôtre mort. Enfin, je me confie en celui qui ne peut mentir; que fi vous méprifez tout ce que je vous ai dit, il vous vifitera par fes fléaux, & ne permettra pas que vous foyez condamnez avec ce monde. Il dit cela d'une maniere fi touchante, qu'il tira les larmes de les auditeurs, & ne pût retenir les fiennes.

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Le lendemain, qui étoit le jour du feftin, il apprit que quelques-uns murmuroient encore, & difoient: De quoi s'avife-t-on maintenant?Ceux qui ont fouffert cette coûtume, n'étoient-ils pas Chretiens? S. Auguftin ne fçachant quelle plus grande machine employer pour les ébranler, avoit réfolu de lire le paffage d'Ezechiel,qui dit, Ezech. que la fentinelle eft déchargée, quand elle a annoncé le péril; enfuite fécoüer fes habits, & fe retirer Mais avant qu'il montât en chaire, les mêmes qui avoient fait ces plaintes, le vinrent trouver. Il les reçut doucement, & en peu de mots leur fit entendre raison. Quand le tems de prêcher fut venu, il laiffa la lecture qu'il avoit préparée, & qui n'étoit plus néceffaire, & pour répondre à cette objection: Pourquoi abolir maintenant cette cofitume, il dit: Aboliffons-la du moins à prefent. Mais pour juftifier ceux qui 9.

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