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# 10.

l'avoient fi long-tems foufferte, il expliqua fa AN. 365. néceffité qui l'avoit introduite. Après les perfecutions,les payens qui fe convertiffo:ent en fou le, avoient peine à renoncer aux feitins qu'i's faifoient à l'honneur de leurs idoles:on eut égard à cette foibleffe, & on leur permit de faire quelque réjotiiffance femblable en l'honeur des martyrs, en attendant qu'ils fuffent capables des joyes purement fpirituelles. Nous trouvons en Tita Thum effet que S. Gregoire Thaumaturge ufa de cette 1006.C. Condefcendance, au rapport de S. Gregoire de Nyfle. Mais à prefent,ajoûte S. Auguftin, il eft tems de vivre en vrais Chrétiens, & de réjetter ce qui n'a été accordé à vos peres, que pour les rendre Chrétiens. Il leur propofa enfuite l'exemple des églifes d'outre-mer, c'est-à dire, d'Italie, dans lefquelles cette coûtume n'avoit jamais eu de lieu, ou avoit été abolie par les bons évêques, entr'autres, par S. Ambroise, comme Confio S. Auguftin témoigne lui-même ailleurs. On objectoit l'exemple de l'églife de S. Pierre au Vati can, où ces feftins fe faifoient tous les jours; & faint Paulin fe plaint de ce même abus. Saint Auguftin répondit: J'ai oui dire qu'il a été fouvent défendu mais le lieu eft éloigné du logement de l'évêque ; & dans une fi grande ville, il y a une quantité d'hommes charnels, principalement d'étrangers, qui y abordent de jour en jour.En ce tems-là, & long-tems après, le pape demeuroit au palais de Latran, & le Vatican étoit hors la ville.

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Natal 9. Sion. fin.

Saint Auguftin voyant tout le peuple d'accord' d'abolit cette mauvaise coûtume, les pria d'affifter à midi aux lectures & au chant des pfeau mes que l'on feroit, au lieu des feftins ordinaires. L'affemblée y fut encore plus nombreuse que le matin : on lut & on chanta alternativement, jufques à l'heure où le clergé revint avec l'évêque,

qui obligea S. Auguftin de parler encore au peuple. Il y avoit répugnance, & fouhaitoit que AN. 395 cette journée fi dangereufe fût terminée pour lui: mais il falloit obéir. Il fit un petit difcours, pour rendre graces à Dieu; & fçachant que les hérétiques faifoient dans leurs églifes les feftins accoûtumez, il ne manqua pas de relever cette oppofition Enfuite on célébra l'office des vêpres, comme on faifoit tous les jours; & l'évêque s'étant retiré avec fon clergé, il demeura encore quantité de peuple dans l'église, à chanter des prieres jufquesà la nuit.S. Auguftin écrivit cet heureux fuccès à fon ami S. Alypius évêque de Thagaste.

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Res 18.

XXII. Il enfeignoit en public & en particulier; & S. Auguftin combattoit toutes les héréfies, principalement évêque les Donatiftes & les Manichéens: foit en com- d'Hippone. pofant des livres, foit en parlant fur le champ. Poff.vita, e Les hérétiques auffi-bien que les catholiques ac- 7. couroient avec ardeur pour l'entendre; & plufieurs amenoient des écrivains en notes pour conferver fes difcours. Tout le monde en parloit: fa reputation s'étendoit de tous côtez, & jufques aux églifes de deça la mer, qui s'en réjouifloient. Ce fut pendant le tems de fa prêtrife qu'il commença à expliquer l'écriture fainte. De là vint le livre imparfait fur la Genese, les deux livres fur le fermon de la montagne : l'explication fur quelques propofitions de l'épître aux Romains; car comme il lifoit cette épître. à Carthage, avec ceux de fa compagnie, ils fai foient écrire ce qu'il répondoit à leurs quef tions. Il expliqua auffi l'épître aux Galates, mais toute de fuite; & commença d'expliquer de même l'épître aux Romains. Il fit depuis recueillir . 26. fes réponses fur diverfes queftions traitéesdepuis fon retour en Afrique: ce qui produifit le livre. des quatre-vingt trois queftions. Il écrivit um. 2.

c. 2

6.25.

livre du menfonge, dont il n'étoit pas content AN. 395. mais il ne put empêcher qu'il ne devînt public. Le livre contre le Manichéen Adimante eft encore du même tems.

6. 22.

Poff. c. 8.

L'évêque Valere voyant fa réputation, commença à craindre qu'on ne le lui enlevât pour le faire évêque: ce qui fut arrivé, s'il n'avoit eu foin de le faire fi bien cacher, qu'il ne put être trouvé par ceux qui le cherchoient. Cette expérience redoubla la crainte de Valere; & fe fentant accablé de vieilleffe & d'infirmitez, il écri vit fecretement à l'évêque de Carthage, le conjurant qu'Auguftin fût ordonné évêque pour l'églife d'Hippone, comme fon coadjuteur, plûτότ que comme fon fucceffeur. Il obtint une réponfe favorable. Enfuite il pria le primat de Numidie, qui étoit Megalius évêque de Calame, de venir vifiter l'églife d'Hippone: & quand il fut arrivé,Valere lui déclara fon intention, & aux autres évêques qui fe trouverent préfens par hazard, à tout le clergé & à tout le peuple d'Hippone. Tout le monde en fut agréablement furpris; & le peuple demanda que la chofe fût exécutées témoignant par fes acclamations l'ardeur de fon défir. Il n'y eut que Megalius qui fit difficulté de l'ordonner. Ayant conçu de l'indignation contre S. Auguflin, fans qu'on en fache le fujet, il écrivit qu'il avoit donné à une femme un poifon pour s'en faire aimer du confentement de fon mari, & cela fous prétexte d'un pain, qu'il avoit envoyé pour Eulogie, fans Cont Crefc. Y entendre fineffe. Megalius preffé par le concile de prouver ce qu'il avoit avancé,& ne le pouvant faire, en demanda pardon, & l'obtint; & reconnut fi bien l'innocence de S. Auguftin, qu'il lui impofa les mains.

Cont. lit. Petil e. 16.

111.

Lib. IV.

6. 64.

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S Auguftin foûtenoit qu'il ne devoit point être ordonné du vivant de fon évêque, contre

Ep. 32 de 34. 4 Profp. Ch. an. 396. Aug. ferm

Taul. al.

339

15

ex 50.c: 3.

P'ufage de l'églife. Mais tout le monde lui foûtint que c'étoit une chofe ordinaire, & on lui en AN. 395•. apporta plufieurs exemples des églifes d'Afrique, & de celles de deça la mer. Ainfi il fut contraint de fe rendre; & ne trouvant plus d'excufe, il n'ofas'opiniâtrer à refufer. Il fut donc ordonné éveque d'Hippone, conjointement avec Valere, fous le confulat d'Olybrius & de Probin, c'eft-àdire, l'an 395. au mois de Decembre, près de la fete de Noël, étant entré dans fa quarante-deuxiéme année depuis le mois de Novembre. Il re- n. 3. v. nos. connut depuis qu'il avoit été ordonné contre les Bened. ad regles, & que le concile de Nicée avoit défen- ep. 31. du de donner un évêque à une églife,qui en avoit Ep.213.al un vivant; mais ni lui ni Valere ne fçavoient con Ni. 3. alors cette regle. Elle fe trouve à la fin du canon Sup. Liv. huitiéme de Nicée, énoncée & rapportée en paf- xi. #. 22. fant, à l'occafion de la réunion des Novatiens. Ainfi il fe peut faire que faint Auguftin & Valere euffent lû plufieurs fois ce canon,fans pefer affez ces dernieres paroles; comme il eft arrivé à un fçavant évêque de nôtre tems, qui a crû devoir chercher ailleurs cette difpofition du concile de Nicée.

10. n. 4.

M.God. vie de S. Am gustin.

Liv. X. 6. 33

XIII.

31. Paul.

Saint Auguftin écrivant à S. Paulin, lui fit part Réliques de fa promotion à l'épifcopat, & S. Paulin man- desSS. Na da cette agréable nouvelle à Romanien,l'ancien zaire&Cel, ami de S. Auguftin; & en même temps fc. écrivit une élegie à fon fils Licentius, pour l'exhorter Aug. eift. à s'attacher à un fi grand maître, & à quitter ep.7.al. 46. toutes les efperances du fiécle. Peu de temps Natal. 9 après S. Paulin reçut de S. Ambroise des reliques des SS. martyrs Nazaire & Celfe, qu'il mit dans l'églife de S. Félix. S. Ambroife avoit trou- paul vita vé leurs corps dans un jardin hors de la ville de Milan. Paulin fon fecretaire, qui étoit present, dit: Nous vîmes dans le fepulcre où repofoit le corps du martyr, fon fang auffi frais, que s'il

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AN. 395.

7.90. c. to. bibl. Patr.

avoit été répandu le même jour, & la tête cou pée fi entiere avec les cheveux & la barbe, qu'il nous fembloit qu'elle venoit d'etre lavée & enterrée. Nous fumes auffi remplis d'une odeur dont la douceur étoit au-deffus de tous les par.. Gaudent. fums. Onrecueillit ce fang avec du plâtre & ferm. 17. avec des lin ges; & c'eft ainfi que l'on envoyoit des reliques car on ne divifoit pas encore les corps. Paulin avoue qu'il n'avoit pû fçavoir enquel tems S. Nazaaire avoit fouffert le martyre. Son corps fut mis fur un brancard, & porté à la bafilique des apôtres, près la porte Romaine. Auffi-tôt S. Ambroife retourna prier avec fon clergé dans le même jardin où étoit faint Celse. Nous ne fçavons point, dit Paulin, qu'il y eût jamais prié auparavant : mais c'étoit la marque de la découverte du corps d'un martyr, quand le faint prélat alloit prier à un lieu où il n'avoir jamais été. Nous apprimes toutefois des gardiens de ce lieu, que leurs parens leur avoient recommandé de ne le point quitter, tant que du Feroit leur race,parce qu'il y avoit de grands tréfors. Le corps du martyr,c eft-à-dire,de S. Celfe, fut auffi porté à la bafilique des apôtres, où onavoit auparavant mis de leurs reliques avec grande dévotion. Là comme S. Ambroise prê choit,un homme du peuple rempli de l'efprit im. monde,commença à crier, qu'Ambroise le tourmentoit. Le faint évêque fe tourna vers lui, & lui dit: Tais- toi,démon, ce n'est pas Ambroise qui te tourmente,mais la foi des SS. & ton envie, parce que tu vois des hommes monter au lieu d'où tu as été précipité. Ambroife ne fçait point s'en faire accroire. A ces mots le poffedé fe tut, fe coucha par terre,& ne fit plus aucun bruit. On pretendavoir reconnu depuis, que S. Nazaire & S. Celtė avoie at fouffert la perfecution de Neron;& plufeurs églifes ont été honorées de leurs reiiques.

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