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fe fit le feptiéme des calendes de Janvier, c'eft AN. 415. à-dire, le vingt-fixiéme de Décembre, jour où l'églife à toûjours honoré depuis la mémoire de S.Etienne.Toutefois on fait là mémoire de cette invention le troifiéme jour d'Aouft: de quoi il n'eft pas aifé de rendre raifon. En même temps que l'on faifoit la tranflation,il tomba une gran de pluye qui remedia à la fechereffe, dont le pays étoit affligé.

Reliques de

S. Zacharis.

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Le prêtre Lucien fit part des reliques de S. Etienne, qu'il avoit gardées, au prêtre Avitus Efpagnol, qui fe trouvoit depuis quelque temps en Palestine, & à fa priere il écrivit une rela tion fimple & fidelle de la maniere dont il avoit trouvé ces faints corps. Avitus la traduifit en latin, & l'envoya par Orofe avec quelques reliques de S. Etienne, c'eft-à-dire, de la pouffiere de fa chair & de fes nerfs, & quelques os folides. Il envoya les reliques & la relation à Palconius -évêque de Brague en Lufitanie, avec une lettre adreffée à lui, à fon clergé & à fon peuple pour les confoler dans leurs maux, caufez par les incurfions des barbares. Nous avons encore la lettre, avec la traduction de la relation de Lucien.

Il y eut dans le même temps en Orient plu XXIV. fieurs autres découvertes de reliques. En Paleftine on trouva encore les reliques du Prophete Sozom. IX. Zacharie, dans un bourg nomé de fon nom Capharzacaria, au territoire d'Eleutheropolis. Le faint prophete aparut à un esclave nomé Calemere, qui gouvernoit cette terre pour fon maî tre; & lui montrant un certain jardin, il luidit: Creufe ici à deux coudées de la haye le long du chemin qui mene à la ville de Bittherebis: tu trouveras un coffre double, un de bois dans un de plomb, & autour du coffre un vaiffeau de verre plein d'eau, & deux ferpens de grandeur

2. Paralip

XXIV. 22

médiocre, doux & fans venin.Suivant l'ordre du prophéte, Calemere alla au lieu marqué, & dé- AN. 415couvrit le coffre facré aux fignes qui ont été dits. On vit dedans le prophéte revêtu d'un habit blanc, comme prêtre, à ce que l'on crut. Sous fes pieds hors du coffre, étoit couché un enfant enfeveli à la royale: car il avoit une couronne "d'or à la tête, une chauffure d'or & des habits précieux. Comme les fçavans étoient en peine qui pouvoit être cet enfant, Zacharie fuperieur du monaftere de Gerare, dit avoir lu un ancien livre hébreu, qui n'étoit pas de l'écriture fainte, qui portoit que quand le roi Joas fit mourir le prophéte Zacharie, un fils qu'il aimoit tendrement, mourut fubitement fept jours après. Il le prit pour une punition divine, & fit enterrer l'enfant aux pieds du prophéte, comme pour lui faire fatisfaction. Cette explication fuppofe que le prophéte Zacharie, dont on trouva les reliques, étoit le fils de Joïada, & non pas le fils de Barachia, dont nous avons la Prophetic. Le corps du prophéte fe trouva tout entier, après avoir été tant de fiécles fous terre. Il étoit rafe fort près: il avoit le nez droit, la barbe medio. crement grande, la tête petite, les yeux un peu enfoncez, couverts des fourcils Ce font les paroles de Sozomenes, dont l'hiftoire finit ici, c'est-à-dire, ce qui nous en refte. Il décrivoit enfuite l'invention des reliques de S. Etienne, & Id. pref. continuoit fon récit jufques à l'an 439.& au dix- p. 324 B. feptiéme confulat de Theodofe le jeune, fous le Alta Cyri. regne duquel il écrivoit. S.Cyrille évêque d'Ale- & Foap. xandrie, transfera auffi à Manuthe près de Canope, les reliques des faints martyrs Cyrus & Jean, pour achever d'y éteindre la puifiance des démons.

Sozom.

C. 16.

Sur. 31.

Fanu.

XXV.

IX.

Juifs chaf

fez d'Ale.

Il fit en ce temps là chaffer les Juifs d'Alexandrie à cette occafion. Un jour qu'Orefte gou- xandrie.

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6. 13.

verneur de la ville, faifoit la police dans le théaAN. 415. tre, quelques Chrétiens affectionez à l'évêque s'aprocherent pour entendre les ordonances du gouverneur: entre autres, un nommé Hierax, qui tenoit de petites écoles: fervent auditeur de l'évêque, & le plus empreffé à exciter des applaudiffemens dans fes fermons. Les Juifs toujours ennemis des Chrétiens, & excitez alors au fujet de quelques danfeurs, ayant vû Hierax dans le théatre, s'écrierent audi-tôt qu'il n'y venoit que pour exciter fédition. Orefte étoit depuis long-temps choqué de la punlance des évêques, quidiminuoit celledesgouverneurs. Ainficroyant que S. Cyrille vouloit contrôler fes ordonances, il fit prendre Hierax, & le fit foüetter publi quement dans le théatre. S Cyrille l'ayant apris, envoya querir les principaux des Juifs, & leur fit de grandes menaces ; s'ils ne ceffoient de remuer contre les Chrétiens: mais la multitude n'en fut que plus animée. Ils concerterent d'attaquer de nuit lesChrétiens, ayant pris entre eux pour figral des anneaux de feuille de palme, & firent crier par tous les quartiers de la ville, que le feu étoit à l'églife d'Alexandrie. Les Chrétiens y accoururent de tous côtez, & les Juifs fe jetterent fur eux, & en tuerent un grand nombre. Le jour venu, on connut les auteurs de ce maffacre; & S. Cyrille alla avec un grand peuple aux fynagogues des Juifs, les leur ôta, les chaffa eux-mêmes de la ville, & abandonna leurs biens au pillage. Ainfi les Juifs furent chaffez d'Alexandrie,oùils avoient habité depuis le temps d'Alexandre le Grand fon fondateur. Orefte le trouva fort mauvais, & compta pour un grand malheur, qu'une telle ville eût perdu tout d'un coup un fi grand nombre d'habitans. Il en fit fon raport à l'empereur, à qui Cyrille de fon côté écrivit les crimes des Juifs.

Cependant preffé par le peuple, il fit parlerà

Drefte, pour le reconcilier, & l'en conjura même AN. 415.
par le livre des évangiles: mais Orefte le refufa.
Alors des moines du mont Nitrie, qui avoient c.14.
pris avec chaleur le parti de l'évêque Theophile
contre Diofcore & les grands freres, quitterent
leurs monafteres, & vinrent à Alexandrie au
nombre de cinq cens. Ils guetterent le gouver
neur Orefte, comme il fortoit en chariot; & s'a-
prochant de lui, l'apellerent payen & idolâtre,
& lui dirent d'autres injures. Orefte foupçonant
que Cyrille lui tendoit un piége, s'écria qu'il.
étoit Chrétien, & qu'il avoit été baptisé par
l'évêque Atticus à CP. mais les moines ne l'é-
coutoient point, &un d'entre eux nomé Ammo-
nius, le frapa à la tête d'un coup de pierre, qui
le mit tout en fang. Ses officiers épouvantez par
la grêle des pierres, fe difperferent: mais le peu-
ple accourut à fa défense, & les moines furent
mis en fuite. On prit Ammonius, & on l'amena
au gouverneur, qui lui fit fon procès, & le fit
mourir dans les tourmens. S. Cyrille retira le
corps, & le mit dans une églife, lui changea de
nom, l'apella Thaumafe, c'eft-à-dire, admira-
ble, & le voulut faire reconoître pour martyr:
mais les plus fages des Chrétiens n'aprouverent
pas cette conduite; & peu de temps après, S.
Cyrille lui-même laiffa tomber la chose dans le
filence & dans l'oubli.

Le peuple n'en demeura pas là. Il prétendit c. 15.
qu'une femme illuftre nommée Hipatia, empê-
choit le préfet Oreste de fe reconcilier avec l'é-
véque. Elle étoit fille du philofophe Theon, fi
fçavante qu'elle furpaffoit tous les philofophes.
de fon temps. Elle avoit fuccedé à l'école Plato-
nicienne, & enfeignoit publiquement ; en forte
qu'on y acouroit de toutes parts: & nous avons
plufieurs lettres de Synefius à elle, où il se reco→

noît fon difciple.Sa doctrine étoit accompagnée AN. 415. d'une grande modeftie,qui lui attiroit beaucoup de refpect & d'autorité auprès des magiftrats. Elle voyoit fouventOrefte: ce qui dona occafion à la foupçoner de l'animer contre S. Cyrille. Donc unetroupede gens emportez,conduits par un lecteur nomé Pierre, la guetterent comme elle rentroit chez elle, la tirerent de la chaife, & la traînerent à l'églife nomée la Cefarée : ils la dépouillerent, la tuerentà coups de pots caffez, la mirent en pieces, & brûlerent fes membres au lieu nomé Cinaron. Cette action dit l'histo. rien Socrate, attira un grand reproche à Cyrille & à l'églife d'Alexandrie: car ces violences font tout-à-fait éloignées du Chriftianifme. Puis il ajoûte: Cela fe paffa la quatrième année de l'épifcopat de Cyrille, fous le dixiéme confulat d'Honorius, & le fixiéme de Theodose, au mois de Mars, pendant les jeûnes, c'est-à-dire, le carême de l'an 415.

L. 41. Thi de epifc.

On croit que ces défordres d'Alexandrie furent caufe d'une loi de Theodofe du mois d'Octobre 416. pour réprimer les entreprises des Parabolans. On apelloit ainfi des clercs du dernier ordre, deftinez à prendre foin des malades, principalement dans les maladies contagieuses, d'où leur venoit ce nom : car il fignifie en grec des gens qui s'expofent. La ville d'Alexandrie envoya une députation à CP. pour s'en plaindre. L'empereur ordona que tous les clercs en general ne priffent point de part aux affaires publiques; & en particulier pour les Parabolans, qu'ils ne feroient pas plus de cinq cens, & encore d'entre les pauvres & des corps de métiers: que leurs noms feroient donez au préfet d'Alexandrie, qui en mettroit d'autres à la place des morts: qu'ils ne pourroient fe trouver à aucun Spectacle, ni au lieu où fe tenoit le confeil, ni

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