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gius, alors évêque de Verone, fe rendit lui AN. 396. même dénonciateur, & preffa tellement l'évêque qu'il appella à l'églife les témoins. Trois femmes que l'on difoit avoir femé ce bruit, ne parurent point; mais feulement deux hommes, qui difoient l'avoir oui dire à ces femmes; & il y avoit contre ces deux hommes des reproches fuffifans. Toutefois fur ce témoignage, l'évêque Syagrius fans oüir les défenses d'Indicia, ni confulter les évêques fes confreres, ordonna qu'elle feroit vifitée par des matrones.

18. 2.

n. 4.

23.20.

Elle porta fes plaintes à S. Ambroife, & Maxime vint encore à Milan foutenir le jugement de Syagrius. S. Ambroise pour proceder dans les regles, voulut qu'il y eut un accufateur certain: mais Maxime ne voulut jamais en prendre la qualité, quoi qu'en effet il en fit toutes les démarches. Les trois femmes que l'on prétendoit être les principaux témoins, nomées Mercuria, Lea & Theodula, ne paroiffoient plus, quoi qu'elles euffent été amenées à Milan, Les deux hommes qui avoient dépofé fur le raport de ces femmes, nomméesRené & Leonce,furent interrogez par S. Ambroise, mais ils ne purent convenir des faits qu'ils avançoient. S. Ambroife affembla les évêques pour juger le procès. Il n'y avoit ni accufateur, ni témoins fuffifans contre Indicia; & d'ailleurs elle avoit pour elle des té2,21 22 23 moignages avantageux: de fa nourrice, perfone libre & digne de foi; de fainte Marceline fœur de S, Ambroife, de la vierge Paterna, avec laquelle elle avoit toûjours été à Milan pendant le procès,

1.19.

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Les évêques prononcerent donc qu'Indicia n'avoit rien fait au préjudice de fa profeffion; que Leonce & René demeureroient excomuniez, jufques à ce qu'ils cuffent fatisfait à l'églife par leur pénitence; & que Maxime auffi ne

pourroitêtre reçûà la communion,s'il ne fe cor

rigeoit. S. Ambroife manda ce jugement à Sya- AN. 396. grius, par une lettre forte & fevere, où il lui D Epift. S reprefente fa faute, d'ordonner qu'une vierge fût vifitée, fans accufateur & fans témoins: que ces vifites font une peine rigoureuse contre une vierge ; & que d'ailleurs elles font des preu. 12.2. ves très incertaines, felon l'opinion des plus favans médecins, qu'il confirme par un exemple 5.6 &c. récent. Il femble même pancher à rejetter entierement ces épreuves honteufes. Syagrius s'excufoit fur ce que quelques perfones l'avoient menacé de fe retirer de fa comunion. Sur quoi S. Ambroife lui reproche fa foibleffe, de foufrir que des particuliers donent la loi aux évêques, & leur prefcrivent la forme de leurs jugemens.

n14.

2.184

Ambroile
XVII.

Soin de S.

pour fon

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Office c.

fe choififfoit fon clergé, par ces exemples qu'il On peut juger du foin avec lequel S. Ambroiraporte lui-même. Un de fes amis lui rendoit des devoirs affidus, pour obtenir la place dans clergé. le clergé: toutefois S. Ambroife ne voulut point l'y admettre, par la feule raison de fon gefte, qui 18. 8. 7* étoit très indecent. Un autre qu'il avoit trouvé dans le clergé, ayant fait une faute, fut interdit pour quelque temps; & en le rétabliflant, S. Ambroise défendit qu'il marchât jamais devant lui, parce qu'il avoit une démarche extraordinaire, qui lui bleffoit les yeux. Car le faint évêque étoit perfuadé que les mouvemens mal reglezdu corps, font un effet du déreglement de l'efprit. L'évenement fit voir qu'il ne s'étoit trompé ni en l'un ni en l'autre. Le premier abandona la foi dans le tems de la perfécution des Ariens: le fecond, pour n'être pas jugé par les évêquess dans une affaire d'interêt, renonça auffi à a religion Catholique. Il raporte ces deux exemples dans le traité des offices ou des devoirs, qu'il

compofa pour l'inftruction de fon clergé, à l'iAN. 395. mitation de Ciceron & des Grecs, que Ciceron

%. 184.

même avoit imité en fes offices. S. Ambroise

prend ce que leur morale avoit de bon, l'ap. puyant par l'autorité de l'écriture, & l'élevant aux maximes de l'évangile. Il défend aux clercs 1. Off. 36. toute poursuite d'affaires & tout trafic, voulant qu'ils fe contentent de leur petit patrimoine,s'ils en ont, finon de leurs gages. Quelques-uns fe dégoûtoient du fervice de l'églife pour les difficultez qu'ils y trouvoient. A quoi bon,difoientils, demeurer dans le clergé, m'expofer aux mauvais traitemens, me charger de travail, pouvant vivre de mon bien, ou en gagner d'une autre maniere. Il leur répond qu'ils ne font pas clercs feulement pour vivre, mais pour mériter devant Dieu après leur mort: & c'est le sujet d'une de fes lettres.

Epift. VI.
Clericis.

Ep.2.al.19

8.27.

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Il y en a une à Conftantius,nouvellement établi évêque dans le voifinage de Ravenne, qui femble avoir été tiré de fon clergé, puifqu'il le nomme fon fils. Ce font des préceptes fur la conduite, principalement pour l'inftruction de fon peuple. Il lui recommande l'église de Forum Cornelii, que l'on croit être Imola, qui étoit vacante & proche de lui; afin qu'il la vifite fou→ vent, jufques à ce qu'on y ordonne un évêque. Car, dit-il, les occupations du carême qui s'approche, ne me permettent pas d'aller fi loin. Il Ip. 19. l. y en a une à un autre nouvel évêque, nommé Vigile, qui lui avoit demandé des inftructions. Il lui recommande en particulier d'exhorter fon peuple à rendre juftice aux mercénaires, fuir l'ufure, & pratiquer l'hofpitalité: mais fur tour d'empêcher les mariages avec les infidéles.

24.

Plufieurs difciples de S. Ambroife gouvernerent faintement des églifes. On peut compter pour le premier S. Auguftin, puis fon ami Aly

Martyr. R. 4. Dec. 4 Mai.

pius, & Paulin de Nole. Mais entre ceux de fon clergé, on remarque Venerius & Felix, quia- AN. 396. voient été les diacres, dont Venerius fut évêque de Milan,& Felix de Boulogne,tous deux comp tez entre les Saints. Theodule, qui avoit éré fecretaire de S. Ambroife, fut évêque de Mo. dene.S. Ambroife impofa les mains à S. Gaudence de Breffe, comme il a été dit, à S. Felix de Come,& à S. Honorat de Verceil. On voit par fes lettres l'eftime qu'il faifoit de S. Felix, & l'étroite amitié qui étoit entre eux.

Paul vita. n. 35.

Ep. 3 & 4. al. 59 60.

XVIII.

Lettre des.

Ambroise à l'églife de Verceil. Ep. 63. al. 2. Sup xvI..10

Vinot.in ep. 63.

Ep. 63. al.

L'ordination de S. Honorat fut une des dernieres actions de la vie de S. Ambroife. Après la mort de Limenius évêque de Verceil, qui avoit affifté au concile d'Aquilée, le fiége demeura long-temps vacant par la divifion qui fe trouva dans cette églife : & on s'en prenoit à S. Am. broile, qui étant métropolitain, fembloit y devoir mettre ordre. Cela l'obligea à leur écrire une grande lettre,qui commence ainfi: Je fuis accable de douleur de ce que votre églife n'a point 25. encore d'évêque, & qu'elle eft maintenant la feule qui en manque dans la Ligurie, l'Emilie, la Venerie, & les provinces voifines, elle à qui les autres églifes avoient accoûtumé d'en demander & ce qui eft de plus honteux, on s'en prend à moi, bien que votre animofité foit le feul obftacle. Car tant qu'il y aura des divifions entre vous, que pouvons-nous régler? quel choix pouvez-vous faire ? Qui peut, voyant les efprits partagez, accepter une charge, qu'à peine peut-on porter dans la plus grande union? Sont-ce là les inftructions de ce faint Confeffeur? Etes-vous les enfans de ceux qui préferent à leurs citoyens S. Eufebe, qu'ils ne connoiffoient point auparavant?

Il s'étend enfuite à plufieurs reprifes, fur les louanges de S. Eufebe de Verceil. Il les exhorte

C üj

2.2.4.68.

69.70.71 2. 7. 8. 9.

.43. 8.52. n. 8 3.

2. 86. 13.105.

à fe garder de deux moines apoftats, Sarmation AN. 396. & Barbatien, qui avoient vêcu quelque temps dans le monaftére de Milan: mais ne pouvant en fouffrir la régularité, les jeûnes, la clôture, le filence, & n'ayant pas profité des avis charitables de S. Ambroife, ils en fortirent, & ne furent pas reçus depuis, quand ils voulurent y rentrer. De quoi étant aigris, ils femerent une doctrine pernicieufe, affez conforme à celle de Jovinien, en difant que l'abftinence & le jeûne, la virginité, ni la continence ne fervoient de rien. S. Ambroife les traite d'Epicuriens, & les réfute amplement par les autoritez & les exemples de l'écriture. Enfuite il exhorte les fidéles de Verceil à fuir la médifance, la malignité, l'ef7. 10%, & prit de division, le défir de vengeance; à fouffrir les uns des autres, àne point s'élever à caufe des richelles; à exercer l'hofpitalité, la charité, & les devoirs réciproques des maris & des femmes, des meres & des enfans, des maîtres & des efclaves. Il leur repréfente quelles doivent être les qualitez d'un évêque, principaleGand. No- ment dans cette églife de Verceil, où la vie moar. Ball. naftique étoit jointe à la cléricature. S. Ambroife fut obligé d'aller lui-même à Verceil peu de mois avant fa mort, pour réünir les efprits : & par fes foins on y élut pour évêque Honorat, homme de grand mérite, que l'èglife compte

24.66.

Vit

Feb.
Martyr. R.
Oct.

28..

XIX. Réputation de S. Ambroife. raul vita 28.25.

entre les faints.

La réputation de S. Ambroife s'étendoit aux pays les plus éloignez. Elle attira quelques an nées auparavant deux Perfes des plus puiffans, & des plus fages de la nation, qui vinrent à Milan, chargez de plufieurs queftions pour éprou ver fa fageffe. Ils s'entretinrent avec lui par interpréte, depuis la premiere heure du jour, jufques à la troifiéme de la nuit; c'est-à-dire, environ depuis fix heures du matin jufques à neuf

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