Imágenes de páginas
PDF
EPUB

expérimenté & ennemi du relâchement. Ce Fidele eft foible, & a re>cours à l'aliment célefte pour fe fortifier: il eft imparfait, mais il en gé» mit, & travaille pour fe corriger de fes imperfections. Je dis qu'un bon Directeur peut & doit le faire communier prefque TOUS LES JOURS. Voici mes raifons. Les Peres nous enfei» gnent que l'Euchariftie eft notre pain 20 QUOTIDIEN: que Jefus-Chrift fe don»ne fous l'apparence du pain, l'aliment > le plus familier de l'homme, pour nous

39

familiarifer avec fon corps reffufcité » & glorieux. L'inftitution de ce Sacrement expliquée par la Tradition nous »y invite. Les Chrétiens des premiers » fiecles, & même ceux qui étoient conduits par les Apôtres, n'étoient pas exemts d'imperfections. Ils étoient → néantmoins tous affidument rompant » le pain. Nos Juftes de ces derniers tems » peuvent donc, à leur exemple, être > affidus à rompre ce pain TOUS LES JOURS, en travaillant à fe corriger de leurs imperfections. Envain certaines perfonnes croient honorer le Sacrement en fe privant de le recevoir souVENT. S. Chryfoftome les réfute &

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

les condamne ». Après avoir montré

dans onze articles la tradition des Peres & des Conciles, il conclut.

[ocr errors]

20

[ocr errors]

« Voilà l'Eglife qui eft la même en tous les tems. Rien ne la vieillit. Rien » n'altere fa pureté. Le même efprit qui » l'animoit du tems de S. Juftin & des > autres Peres, la fait encore parler en ces derniers jours. Elle invite fes enfans ≫ à une Communion FRÉQUENTE. Les » premiers Chrétiens communioient dans leurs maifons & de leurs propres mains, pendant le tems des perfécutions, plutôt que de ne pas communier TOUS LES JOURS. Ces derniers tems ne font pas moins périlleux. Le tentateur nous féduit par le venin de l'orgueil & de la molleffe. L'impiété rafinée, l'illufion flateufe, l'hypocrifie qui gagne comme la gangrene, font plus redou» tables que les glaives & les tourmens. Jamais le remède QUOTIDIEN ne fut > fi néceffaire.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

D

» Communiez donc comme les Apôtres ont fait communier les premiers Fideles, & comme les Peres de l'Eglife ont fait communier les Chrétiens des fiecles fuivans. Laiffez raifonner ceux qui veulent tout réformer, &

» mangez le pain QUOTIDIEN. Laiffez» vous juger, non par des Réformateurs toujours prêts à fe fcandalifer &

[ocr errors]

20

à critiquer tout, mais par vos Pafteurs, » ou par un Directeur modéré & expérimenté, qui vous conduife felon l'efprit de l'Eglife ». Que penfez-vous, cher Abbé, de tous ces témoignages? Vous demandiez des Traités faits exprès fur la fréquente Communion. En voilà une foule depuis fix fiecles, & par les plus favans hommes de tous les pays, qui tous affurent que de communier fou vent c'est l'efprit de Jefus-Chrift & de l'Eglife. Vous êtes réveur.Je lis dans votre ame, & je vais vous dire ce que vous penfez.

L'ABBE'. Que penfez-vous vousmême ?

voilà une

THEOPHILE. Je pense que nuée de témoins, de grands hommes, de profonds Théologiens, & de Docteurs éclairés, qui démontrent qu'on peut & qu'on doit communier fouvent. Je m'imaginois auparavant que c'étoit une pratique fondée fur le zele peu difcret & peu éclairé de quelques Directeurs, & même de quelques Prédicateurs relâchés & peu habiles: mais nous venons de voir

que

de blâmer la Communion fréquente, c'est une ignorance groffiere qui mar que bien qu'on n'a jamais lu les bons Auteurs & les Docteurs renommés.Ce n'eft pas une opinion feulement probable, c'eft le fentiment le plus fûr, & même le feul fûr & certain. O que j'ai été igncrant! & que ces prétendus Docteurs que j'ai entendus font ignorans eux mêmes, ou pleins de déguisement & d'impofture! Cher Abbé, le fentiment unanime des plus grands Docteurs de toutes les Ecoles, de tous les Ordres, de tous les pays, m'a fait paffer des ténebres les plus épaiffes à la lumiere la plus vive.

L'ABBE'. Non, Théophile, vous êtes tout au plus à la fin de la nuit éclairé par mille étoiles. Ce font des Docteurs particuliers qui vous ont parlé, & qui vous ont débité leurs fentimens. J'avoue qu'ils font d'un grand poids. Mais il faut que le foleil fe montre, & qu'il diffipe tous mes doutes: c'eft le jugement & la prédication infaillible de l'Eglife qu'il faut écouter, & à laquelle feule je me foumettrai. Mais fans cela je ne rendrai pas.

me

[ocr errors]
[ocr errors]

VII. ENTRETIEN.

Décifions des Conciles, tant généraux que particuliers, fur la fréquente

Communion.

V

LE DOCTEUR. THEOPHILE.

LE DOCTEUR.

Ous avez l'air bien content, mon cher Théophile, vous eft-il arrivé quelque bonne nouvelle ? Faites-m'en part, car vous favez que tout ce qui vous fait plaifir m'en fait auffi.

THEOPHILE. Mon vifage n'eft point trompeur: il m'eft arrivé une petite aventure des plus réjouiffantes, & vous en êtes caufe. La voici.

En rentrant chez moi hier, je trouvai le jeune Abbé. La difpute fe renouvella d'abord. Eh bien, me dit-il, avez-vous découvert quelque Docteur diftingué, qui foit pour la Communion fréquente, & qui l'approuve dans quelque Traité raifonné & fait exprès? Hélas, mon cher Abbé, lui répondis-je, il n'y a pas un

« AnteriorContinuar »