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gers ofa le premier attaquer la préfence réelle de Jefus-Chrift dans l'Euchariftie, & ne fut pas fans partifans; trois fois il fut condamné, & trois fois il fe rétracta; il le fit même au lit de la mort. Depuis ce tems-là jufqu'à notre fiecle les Hérétiques (funeftes rejettons de la corruption des mœurs) n'ont combattu ce dogme que quand il a été trop affoibli par les rares Communions; & l'Eglife n'en a triomphé par-tout qu'en introduifant le fréquent ufage de ce divin Sacrement. (a) Ainfi l'affoibliffement de la foi, fur la présence réelle de Jefus-Christ dans l'Euchariftie n'eft venu que de l'affoibliffement de la ferveur des Chré tiens pour la FREQUENTE Communion c'est la remarque du fçavant & judicieux Maldonat. Craignons que la même chofe n'arrive dans notre fiecle où l'on fait de fi grands efforts pour jetter la terreur dans toutes les confcien

:

(a) Quo ardentior erat fides in Ecclefiâ Catholicâ, eo FREQUENTIOR erat ufus hujus Sacramenti. Et inferiùs. Licet animadvertere numquam fuiffe dubitatum de veritate corporis Chrifti donec adeò refrixit ardor ille veterum Christianorum, ut vix fingulis annis communicarent. Mald. lib. de Sacram. Euch, conjectu ra, 19.

ces, au fujet de ce Sacrement d'amour, les Juftes ne peuvent trop fouvent

que recevoir.

THEOPHILE. Quoi donc, croyez-vous que les Communions rares enfantent tant de défordres? Je connois cependant des gens de bien, des perfonnages très-vertueux, qui communient très-rarement.

LE DOCTEUR.Pour moi, je n'en connois point, ou du moins très-peu. L'expérience m'a appris au contraire que le relâchement dans les mœurs vient de l'abandon de ce Sacrement. Voyez les libertins, les voluptueux, les mondains, les mondaines, communient-ils fouvent? La jeuneffe fans frein, fans obéiffance fans pudeur, communie-t'elle fouvent? Les gens d'affaires, d'intrigues, de cour, de guerre, fi attachés ordinairement à leurs plaisirs, à leurs intérêts, facrifiant tout à leurs paffions, communient-ils fouvent? A peine font-ils leurs Pâques? Si notre fiecle ne cede en défordres à aucun des fiecles précédens, à quoi fautil s'en prendre? A la fauffe religion dont on fe pare pour ne pas communier fou

vent.

THEOPHILE. Vous ne canoniferez donc jamais les prétendus Saints, qui

par refpect ne font pas leurs Pâques, ni ceux qui détournent de la fréquente Communion?

LE DOCTEUR. Non affurément. Je ne canoniferai ni les uns, ni les autres ; & je dirai toujours avec Saint Cyrille que c'est par une fauffe & damnable religion, que l'on fe fait une méthode de ne pas communier fouvent ; je dirai toujours avec le faint Patriarche d'Alexandrie que nous devons craindre que le démon ne nous tende des piéges fur cela, en nous infpirant ce prétendu & religieux. refpect qui fait qu'on s'excommunie foimême. Caveamufque, ne loco laquei,dam- Cyrillus nofam religionem diabolus nobis praten

dat.

Et j'efpere bien vous montrer que cette prétendue religion eft condamnable dans fes principes & dans fes effets: voilà ce que je me propofe d'approfondir avec vous. Cela prouvé, vous changerez de conduite, mon cher fils, vous obéirez à votre Confeffeur en communiant comme il le veut ; vous obéirez à votre digne Evêque, qui vous preffe depuis fi long tems de vous faire ordonner Prêtre. Je me flate qu'enfuite vous célebrerez tous les jours la Meffe, que

Juprà.

vous prêcherez vous-même la Commu nion fréquente.

THEOPHILE. Ce feroit un grand changement dans moi, il tiendroit du miracle.

LE DOCTEUR. La grace de Dieu le fera. Ah mon cher fils, les hommes feront-ils toujours la dupe du démon. Au commencement du monde il perdit nos premiers parens & leur poftérité, quand il leur dit: mangez, mangez du fruit de l'arbre défendu, vous ne mourrez point, vous deviendrez des Dieux. Sur sa parole, ils défobéirent à leur Créateur & furent chaffez du Paradis Terreftre. Aujourd'hui que Jefus Chrift nous dit : mangez, mangez ma chair adorable & vous aurez la vie éternelle; le démon change de langage & nous crie: ne mangez pas la divine Euchariftie, car vous mourrez. Nous l'écoutons pour notre malheur; nous ne mangeons pas le fruit de vie, & nous mourons.

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Ecoutons le Sauveur de nos ames, lui feul a les paroles de vérité & de la vie éternelle. Je veux bien vous donner tout mon tems, & examiner avec vous quel eft l'Efprit de Jefus-Chrift, quel eft l'Esprit de fon Eglife fur la fréquente

Communion;

Communion; pour cela il faut plufieurs Entretiens. Il fuffit aujourd'hui de vous avoir mis en garde contre l'illufion d'un prétendu refpect & d'une prétendue religion, qui vous éloigne de cette fource de graces & de bénédictions.

THEOPHILE. Hélas! je fens, mais trop tard, la vérité des oracles de l'Efprit Saint, qui nous avertit qu'il y a un chemin qui nous paroît droit & qui nous conduit à la mort; que l'Ange de ténebres fe change fouvent en Ange de lumiere, pour nous tromper, & qu'il ne faut pas croire à toutes fortes d'efprits, mais les bien examiner, de peur de nous laiffer conduire par des feux follets dans les plus affreux précipices. Je tâcherai de répondre à vos efpérances. Demain j'aurai l'honneur de vous revoir & de profiter de votre zele pour mon inftruction.

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