meres, toutes fes recherches Liturgiftes, & toute fon érudition Angloife faites à pure perte,

§. 2.

Pour établir la verité de ce fait,que le R.P. le C. croit impoffible de faire, je n'aurois qu'à rapporter ce qui s'eft fait dans le premier Parlement d'Elizabeth fans aucun fuffrage Ecclefiaftique, par une Puiffance purement feculiere, où l'on avoit rétabli tout ce que Henri VIII.& Edouard VI.avoient fait pour changer la Religion qui fut mis à néant par la Reine Marie,à laquelle Elizabeth avoit fuccedé;mais pour la fatisfaction de ceux qui ne font informez de nos affaires que par des témoins peu finceres & intereffez, & qui ne peuvent s'informer par eux-mêmes de la verité de ces chofes, je rapporterai le plus fuccinctement qu'il me fera poffible le premier commencement du changement de la Religion, qu'on a voulu appeller la Reformation, fous Henri VIII. fon progrès fous Edouard VI.le rétablissement de l'ancienne Religion fous le court regne de Marie, & le rétabliffement de la nouvelle Religion par Elizabeth qui l'avoit fait revivre des cendres de fon Pere & de fon Frere:" pour y parvenir je ne confulterai que les Auteurs contemporains tous Proteftans,les actes publics de la Réformation Angloife, & les Pieces juftificatives du R. P. Apologiste dont il fe déclare garand.

Pref. p. 121

2

Henri VIII. foit par fcrupule , voyant ce qu'on a dit, mais fauffement, que François I. Roi de France avoit refufé fa fille Marie en mariage, fous prétexte que le mariage de Henri avec Catherine d'Arragon qui avoit été femme de fon frere Arthur, n'étoit pas legitime, quoique François I. l'avoit demandéc pour le Duc d'Orleans fon cadet; foit comme on l'avoit generalement crû,que Henri aimoit éperduement la Damoiselle Anne Bullen fille du Treforier de fa Maison le Chevalier Thomas Bullen, ou du moins qui étoit reputé telle; mais que le Cardinal Polus, le Juge Raftall, & Sanderus après eux l'ont crû fa fille propre: foit fcrupule, foit paffion, Henri prit la refolution de fe feparer de la Reine Catherine après vingt ans de cohabi

tation.

. Le Cardinal Wolfey favorifoit d'abord cette refolution de Henri dans l'efperance de tourner fon affection pour la fœur du Roi de France, & par d'autres motifs il fut nommé Legat du Pape pour examiner & terminer cette affaire avec le Cardinal Campege: mais voyant que les yeux de Henri étoient tournez vers Anne Bullen, qu'on la fçavoit portée pour le Lutheranifme, le Cardinal ne fut plus

porté pour le divorce; il écrivit fecretement au Pape, le priant de ne point preffer. la conclufion de cette affaire, & même de rap-. peller le Cardinal Champege, ce qu'il obtint:

mais il ne put conduire cette intrigue affez fecretement pour que le Roi ne l'eût découver te fur quoi le Cardinal fut dépouillé de tous fes emplois, & atteint d'un Pramunire dans la Chambre haute, & peu de tems après mourut de chagrin & de mifere. Le motif principal du Pramunire fut d'avoir exercé fa commiffion de Legat dans le Royaume au préjudice d'une Loi faite fous le regne de Richard II. En vain le Cardinal allegua qu'il n'avoit pas exercé la fonction de Legat fans un ordre du Roi figné du Sceau Privé, qu'il le pourroit produire, fi on ne lui avoit point enleyé, avec tout le refte de fes Papiers, comme l'affure Godwin dans fes Annales p. 119. & p. 107. le Lord Herbert, Vie de Henri VIII. fur l'année 1529. p. 260. & feqq.

Plufieurs des plus confiderables du Clergé étant connus pour ennemis du divorce, & les principaux Confeillers de la Reine Catherine, furent tous condamnez à la fomme de cent mille livres fterlin pour défraïer le Roi des fommes qu'il avoit été obligé de dépenfer pour confulter les Univerfitez étrangeres fur fon mariage, comme par voie d'amende pour avoir reconnu l'autorité des Legats quoique Henri l'avoit reconnu lui-même ayant comparu en perfonne devant ces mêmes Legats.

Le Clergé aïant refufé de payer cette fomme, il fut atteint & condanné aux peines de la Loi Pramunire. Le pauvre Clergé le voyant par là à la merci du Roi, condamné à une prifon perpetuelle, tout leur bien confifqué au

-Roi, s'affembla en la Chambre de la Convocation, & offre de païer les cent mille livres fterlin, c'est-à-dire environ trois millions de livres tournois, que le Roi avoit d'abord demandées de fa feule Province de Cantorbery, la Province d'York 18. mille 840. 1. sterlings.

Mais le Roi n'efperant plus de grace de Rome, l'Empereur ennemi du divorce, étant tout-puiffant en Italie, & s'étant déclaré de nouveau en faveur de la Reine Catherine fa tante, pour se mettre à couvert des decrets de Rome dont il étoit menacé, pendant qu'il tenoit le Clergé dans la crainte, & comme dans l'agonie par les peines du Pramunire dont il fut atteint; il le fit folliciter en fecret par fes Agens affidez, de lui donner le titre de Chef fuprême dans le fpirituel dans fon Roïaume, comptant qu'aïant ce titre il feroit fûrdu confentement de fon Clergé pour déclarer fon mariage nul. Ainfi pendant que le Clergé dreffoit fa requête au Roi pour fe faire relever du Pramunire, & en ayant montré la premiere ébauche à quelque Miniftre d'Etat, on leur fit fçavoir de la part de la Cour, qu'à moins de donner au Roi le titre de Protecteur & de Chef Juprême de l'Eglife & du Clergé; Anglicana Ecclefia & Clerici Anglicani fu premum caput, leur requête ne feroit reçuë. On a crû que Cranmer & Cromwel avoient été les auteurs de ce piege qu'on tendit au Clergé Hortatores fcelerum, c'est l'Auteur des Antiquitez Britanniques qui l'attefte, cujus confilii Cramerus & Cromwellus clam authores. fuiffe exiftimabantur. Antiq. Britt. p. 325

Pavis étoit digne de l'un & de l'autre.

Le Clergé enfin se rendit après bien des difputes & des débats, & mirent à la tête de leur requête comme on l'avoit demandé ; Ecclefia & Cleri Anglicani protectori, & fupremo capiti: adouciffant cependant ce titre d'une claufe qui fervoit à calmer un peu leur confcience agitée, quantum per legem Chrifti Licet, & qui fervit auffi à la plupart des feculiers par la fuite pour accommoder leurs confciences au Serment de la Supremacie, comme on le peut voir par une des Lettres de Thomas Morus écrite à fa fille Marguerite de fa prifon, qui fe trouve à la fin de fes œuvres...

Mais Henri VIII. rejetta cette claufe, comme indigne du Clergé, qui fçavoit, difoit-il, ou qui devoit fçavoir, étant chargé de l'inftruction des fideles, ce qui eft conforme à la loi de Jefus-Chrift, & ce qui ne l'eft point, pour l'enfeigner pofitivement & fans équivoque. Regi difplicuit, dit l'Auteur des Antiq. Britanniques, ancipitem dubiamque mitigationem & moderationem verborum à Cleri fui Synodo, que de Chrifti lege, aut certa fuit, aut certa effe debuit, tam frigidè proferri. C'est pourquoi Cromwell fut renvoyé au Synode i du Clergé pour lui déclarer de la part du Roi qu'il eût à ôter cette claufe, ou à fubir les peines du Pramunire qu'il avoit encourues. Itaque Cromwellum ad Synodum iterum mandans, eam aut tolli voluit, aut Clerum incurfas fanétionum poenas pati.

T

Le Clergé frappé de ce meffage, comme d'un coup de foudre fe foumit, & le Roi fut