Hooper qui étoit Evêque de Glocefter & de Worcester à la fois. Voici comme il déclare l'établiffement de la Reforme fous Edouard VI. c'eft dans la requête à la Chambre de Convocation fous la Reine Marie, pendant qu'il étoit en prifon, felon la relation de Fox. Dans fa requête il les appelle au fuprême tribunal du Parlement, comme le Juge competent des controverfes de Religion; il infifte fur un paffage du Deuteronome chap. 17. v. 8. où il eft fait mention d'un autre Juge que le Prêtre. Epifcopis, Decanis &c. Vos omnes obteftor, dit-il, ut caufam hanc vel aliam quamcunque ob Religionem ortam, inter nos & vos deferre dignemini ad fupremam Curiam Par liamenti, ut ibi utraque pars, coram facro & excelfo Senatu fe fe religiosè & animo fubmiffo judicio & authoritati verbi Dei fubjiciat. Veftra ipforum caufa certè poftulat,ut palam ea lites internos componantur: idque coram competenti Fudice...tantum iterum atque iterum perimus, ut coram competenti Judice detur nobis amicum Chriftianumque auditorium.Non vos fugit, quomodo publicè, palam & in facie, ac in prafentia omnium ftatuum hujus Regni in fumma Curia Parlamenti, veritas verbi Dei per fidos, doctos & pios Miniftros de veftra impia Missa gloriosè victoriam reportavit. Que quocunque titulo tempore, univerfalitate fplenduit, ubi per fanctiffimum Regem Eduardum VI. ad vivum Lapidem Lydium verbi Dei examinari, per proceres, beroas, ad doctos hujus Regni erat mandatum, ftatim evanuit.

Vous voyez comment ce zelé boutefeu de

la Reforme, déclare en face à toute l'Eglife nationale d'Angleterre affemblée, les Archevêques, Evêques, Doyens &c. que ce n'étoit pas à eux à juger la caufe d'un Evêque, s'il étoit heretique ou non,mais au fuprême tribunal du Parlement, comme le feul Juge competent, & que c'avoit été par ce Tribunal que la Meffe fut abolie, & tout ce qui s'enfuivit.

en2

Il est vrai que Cranmer eut grande part dans ce changement, & qu'il étoit alors Primat ou Métropolitain d'Angleterre, & qu'il eft dit dans le Canon 35. qu'on appelle des Apôtres, que les Evêques ne doivent rien entreprendre fans le confentement de leur Métropolitain. Nihil præter Metropolitani confcientiam gerant Epifcopi, &c. Mais outre que le même Canon ajoûte que le Métropolitain ne doit rien faire fans le confentement de tous les Evêques dans leurs Diocefes, nec ille preter omnium confcientiam faciat in eorum paraciis; & que c'est ainsi que la paix & le bon ordre fe confervera ; fic enim unanimitas erit:

Mais outre que Cranmer agiffoit en tout ici, non feulement fans le confentement & la participation de tous les Evêques, mais malgré leur oppofition & celle de tout le Clergé affemblé en Synode, il ne faifoit rien en qualité de Primat ou de Métropolitain, mais en qualité de Confeiller d'Edouard VI. & comme l'un de fes Députez, felon l'autorité que le Parlement lui avoit donnée de nommer fix Evêques & fix autres, ou la pluralité de ces douze pour faire une forme d'Ordination; mais comme cette forme faite la 3. & 4. an

née

née d'Edouard , non plus que le Livre des communes Prieres qu'on dreffa la premiere & feconde année ne furent pas fuivis, il est inutile de chercher qui en étoient les auteurs; n'ayant pas eu d'autorité que du Parlement de la 5.& 6. année d'Edouard VI. en 1552. puifque ce fut alors que le Roi & le Parlement les donnerent au Clergé, & que le Clergé ou plutôt quelques Evêques choifis par Cranmer les accepterent de la part du Roi & du même Parlement, comme ils déclarent: Liber qui nuperrimě authoritate Regis & Parliamenti Ecclefia Anglicana traditus eft, modum & formam orandi, & Sacramenta adi ministrandi in Ecclefia Anglicana fimiliter

libellus eadem autoritate editus de Ordina

tione Miniftrorum &c.

Il eft tems de venir au fond de cette queftion & d'examiner la Reformation Angloise dans fa veritable fource, qui eft la Reine Eli zabeth, qui l'ayant reffufcitée des cendres de

fon pere Henri VIII. & de fon frere Edouard VI. elle feule avec fon Parlement donna toute la force & toute l'autorité à la forme d'Ordination & à la Reformation entiere, après qu'elle avoit été éteinte & aneantie, comme je ferai toucher au doigt dans le Chapitre fui

vant:

CHAPITRE III.

Le rétablissement de la Religion Proteftante,& la forme d'Ordination Angloife s'eft fair par l'autorité purement feculiere, malgré l'E→ glife nationale fous la Reine Elizabeth.

N auroit pû fe paffer de tout ce qu'on a dit jufqu'ici des regnes de Henri VIII. & d'Edouard VI. fi le R. P. Apologifte des Anglois fe fût borné dans ce qui ferviroit à éclaircir cette question, fans fe jetter dans une multiplicité de citations qui regardent ces deux regnes, qui fervent plutôt à éblouir & à mettre la confufion, qu'à faire voir le veritable état de la queftion; puifque la Reine Marie ayant eu la même autorité que Henri VIII. fon pere & Edouard VI.fon frere,ayant ancanti & aboli tout ce que ces Princes avoient fait contre la Religion Catholique en Angleterre. L'Eglife nationale Anglicane fe trouvoit au moment de fa mort, dans le même état qu'elle avoit été avant que Henri VIII. eût commencé le Schisme: ainfi il n'y a qu'à examiner de quelle maniere la Reine Elizabeth qui fucceda immédiatement à Marie, fe fût prife pour détruire l'Eglife Catholique dans ces Iles infortunées, & pour y rétablir l'Eglife Anglicane, ou plutôt la Synagogue de Satan, pour voir qu'il n'y a eu que l'autorité feculiere & feminine fans le concours d'aucune Eglife,ni nationale, ni provinciale,

ni même paroiffiale, qui ait fait tout le changement, tant dans la forme d'Ordination que dans la Reformation entiere fi admirable dans les yeux du R. P. Apologifte, que peu s'en faut qu'il ne l'excufe de Schifme; du moins il ne qualifie que de Schifme de s'être attribuê tous les droits, privileges & juridiction qui aient jamais appartenu à aucune puissance fpirituelle, Diflert. 1. comme il l'avoue des Rois d'Angleterre: voïons comme Elizabeth cette racine & vraie fource de la Religion Anglicane les a tous fupplée : tu fupergreffa univerfos, en reformation & en iniquité.

S. 1.

Pour voir de quelle maniere la reformation qui fubfifte encore aujourd'hui, du moins en apparence, s'eft établie par la Reine Elizabeth, il faut voir en peu de mots dans quel état la Reine Marie avoit laiffé l'Eglife d'Angleterre à fa mort, & ce qu'elle a fait pour la rétablir après la mort d'Edouard VI. dont un des plus zelez Apologiftes de la Réformation, j'entens le Docteur Heylin a écrit, qu'il ne regardoit pas la mort d' Edouard pour un malheur pour l'Eglife Anglicane, puifque n'ayant en lui-même des principes ni d'honneur ni de prò→ bité, & étant facile de fon inclination à fuivre tous les mauvais confeils qu'on puiffe lui presen ter, il eft à préfumer que s'il avoit vêcu, tous les Evêchez enffent effuyé le fort de celui de Durham, & que la pauvre Eglife d'Angleterie eût été dépouillée auffi nuë qu'elle étoit en fortant du ventre de fa mere. King Eduard died whose

Part. F. 59.