VIRGINIE. Eh, vous me porterez de fi funeftes coups? APPIUS. Mon ame eft toujours incertaine La pitié me retient quand le devoir m'entraine: Sur-tout, tant de vertus, tant de charmes divers Ne me femblent point faits pour languir dans lo fers. Ainfi je vous foutiens au bord du precipice. VIRGINIE. Helas! pour me fauver, n'eft-il aucune voic! Madame, ouvrez-la moy, j'y fouferis avec joie. VIRGINIE. Ah! Seigneur, inventez-le vous-même & Hé, l'accepterez-vous, fi je vous le presente ? Cependant je vous jure, & j'attefte les Dieux, rieux, Et que fi vos refus le rendent inutile..... VIRGINIE. Pour éviter les fers tout me fera facile. AP PIUS. Il ne faut qu'un mot de votre bouche, Oui, dés ce même jour vous briferez vos fers, Vous-même finirez tous vos malheurs divers, Et porterez fi haut l'éclat de votre vie, Qu'aux premieres de Rome il pourra faire envie, Si vous voulés...... Et VIRGINIE. APPIUS. Me prendre pour Epoux, par des nœuds facrés m'attacher tout à vous. Venez, allons au Temple, & que mon Hymenée Repare le malheur de voftre deftinée; Que Clodius contraint de refpecter mon choix, VIRGINIE. Qu'entens-je, jufte Ciel & le pourray-je croire ? APPIUS. Ah! que foupçonnez-vous ? Au moment que ma main vous dérobe à fes coups Que penfez vous de moy? VIRGINIE. Ce qu'il falloit vous-même Me deguifer toujours avec un foin extreme. Mais c'eft pouffer trop loin ce funefte entretien, Faites voftre devoir, & je feray le mien. X X X X X X Q SCENE V. APPIUS, CLODIUS. CLODIUS. U'avez-vous fait, Seigneur, & que faut-il attendre ? APPIUS. Ah! l'ingrate à mes vœux refuse de se rendre. CLODIU S. Quoy, Seigneur grandeur, L'offre de votre main ne peut toucher son cœur Si la feule grandeur fatisfaifoit une ame, CLODIUS. D'un difcours imprevû Virginie allarmée, port. D'un amour irrité c'eft le dernier effort. De votre cruauté pourroit-elle fe plaindre ? Vous ne la contraindrez, que pour la mieux fervir ¿ A fes propres defirs il vous la faut ravir, Et l'arrachant par force à cette erreur qu'elle aime Je te doy tout, fuivons ce confeil important, Fin du fecond Alte. ** *** *** ACTE III. SCENE PREMIERE. PLAUTIE, FULVIE. M FULVIE. ADAME, OÙ Courez-vous ! Vous verray-je toûjours D'une douleur mortelle entretenir le cours? Sourde à tous nos conseils, desesperée, errante Loin d'adoucir vos maux, chaque inftant les aug mente: pas: Un chagrin dévorant précipite vos pas, Vous avez feulement répondu par des pleurs ; PLAUTIE. Eh, que puis-je repondre ? que me con Leurs difcours & leurs foins ne font fondre, Pour fater ma difgrace, ils m'en viennent parler Et leur zele ne fert qu'à la renouveller. |