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Mais vous vous abutez; mon adroite colere
Par un long châtiment cherche à fe fatisfaire:
Je prétens que vos cœurs endurent chaque jour
Mille tourmens divers, mille maux tour à tour;
Vous craindrez pour la vie, il craindra pour la
vôtre;

Ainfi vous tremblerez fans ceffe l'un & l'autre,
Et pourveu que l'effet reponde à mes projets,
Vous mourrez mille fois fans expirer jamais.
(aux Gardes.) Qu'on les ramene.

VIRGINIE.

Adieu, Seigneur.

ICILE.

Adieu Madame

**********************

C

SCENE IV.

APPIUS feul.

En eft fait, banniffons la pitié de mon ame,
Ne fongeons qu'à vanger le mépris...

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Craignez la fatale douleur.
On la voit en tous lieux, de Romaines fuivie,
A tous nos Citoyens demander Virginie.
Ces femmes, à l'envi, par de triftes accords
Expriment leurs regrets en des termes fi forts,
Qu'il femble que chacune ayant perdu fa fille,
Déplore les malheurs de fa propre famille.
Les unes par des pleurs exhalent leur courroux ;
D'autres, pour animer le peuple contre vous,

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Pouffent jufques au Ciel mille cris pitoyables; Plufieurs, pour eviter des difgraces femblables, Embraffent leurs enfans, & courent les cacher, Craignant que de leurs bras on les vienne arra cher:

Enfin à les fauver leur amitié s'empreffe,

Et la peur de les perdte augmente leur tendreffe;
D'ailleurs les Partisans de votre heureux Rival,
Sement par-tout un bruit qui vous feroit fatal;
On dit que c'eft l'amour, & non pas ma priere,
Qui vous fait enlever Virginie à la Mere:
Pour vous juftifier dans l'efprit des Romains,
Il faut dés ce moment la remettre en mes mains,
Attendant que ce bruit avec le tems s'efface.

APPIUS.

Vien, fuy-moy, nous verrons ce qu'il faut que je fafle.

Fin du quatrieme Acte.

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ACTE V.

SCENE PREMIERE. PLAUTIE, PISON, FULVIÉ.

PLAUTIE.

Uoy l'on me traine icy? quel injufte

projet...!

PISON.

Aux ordres d'Appius j'obeis à regret,
Madame; mais...

PLAUTIE.

O Dieux ! quelle fureur l'anime ?

C'en eft fait, ce Tyran marche de crime en crime. Il retient Virginie, & me fait arrefter !

PISON.

Madame, à cet effort il a dû fe porter.
Le foin de fon falut l'a forcé d'y foufcrire,
Il n'a pû s'en defendre, j'oferay vous dire
Que fon cœur quiet a long-tems balance;
Mais un peril trop grand il s'eft vû menacé.
Vos pleurs etoient plus forts que les armes d'Icile,
Déja de toutes parts on voyoit dans la ville
Les femmes à l'envy fur vos pas s'affembler;
Déja...

PLAUTIE.

Quoy, nos clameurs l'ont pû faire trembler? Il craint notre douleur, dont les plus fortes armes N'ont été que des vœux, des foupirs, & des lar

mes ?

Mais voilà le deftin des Tyrans tels que luy,
Ils trainent avec eux un éternel ennuy;
Et c'eft des juftes Dieux un ordre legitime,
Que la crainte fans ceffe accompagne le crime:
Sa rage va fans doute éclatter contre moy.

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FUyons, Camille. Ah Ciel! eft-ce vous que je

voy,

Madame? quel deffein icy vous a conduite ?

PLAUTIE.

Mais toy-même, quelle eft la raifon de ta fuite? Qu'a fait notre ennemy? Qu'est-ce qui s'eft paflé,

VIRGINIE.

Madame, mon Arrêt vient d'être prononcé

Que dis-tu?

PLAUTIE.

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