ARMINIUS, TRAGEDIE. ACTE PREMIER. SCENE I. SEGESTE, SUNNON Seigneur... SEGESTE. Uy, Sunnon, je le veux, je l'attens de ton zele, Parle, trace à mes yeux la peinture Des fentimens divers du Peuple & des SUNNON. SEGESTE. Parle, te dis je, & ne me flatte pas. Je fçay que le traité que je viens de conclure, De la plupart des miens excite le murmure; Que ne penetrant point dans mes juftes deffeins, Puifque vous m'ordonnez, Seigneur, d'être fincere, Qui de flots de leur fang couvrit nos Champs vingr fois, Qui fit trembler le Tybre au bruit de fes exploits Je fais plus. Du Senat je brigue la faveur, Les Dieux me font témoins que dans tous mes deffeins, Me propofant pour but le falut des Germains, Devois-je attendre icy qu'il raffemblât fur nous Tout l'effort, tous les traits de fon vafte courroux? J'ay cru devoir ceder, puifqu'un leger hommage M'affuroit le repos, & détournoit l'orage. Ce n'eft pas que fouvent un refte de fierté Ne m'ait prelque contraint de rompre le Traité: Je croy de cette paix les caufes legitimes; Pour abbattre l'orgueil & le pouvoir de Rome, Prétendre mieux que vous à ce fuprême honneur |