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Le falon de la guerre offre un bas-relief qui repréfente l'Hiftoire accompagnée de génies, & écrivant la vie de Louis XIV. Cet ouvrage, placé dans l'ouverture feinte de la cheminée, n'eft encore qu'un modèle.

A l'exemple du Titien, qui avoit peint trois fois Charles-Quint, des Jardins eut l'honneur de faire deux fois le portrait de Louis XIV. L'Empereur difoit à ce fujet qu'il avoit reçu autant de fois l'immortalité des mains de cet artifte.

Louis XIV étoit alors au comble de la gloire ; il avoit reculé les bornes de fon empire, & rendu le nom françois redoutable à toute l'Europe. Dans ces glorieufes circonftances le maréchal de la Feuillade, dont l'amour pour ce prince alloit presque jufqu'à l'adoration, fit ériger à fes frais, & avec le plus pompeux appareil, le monument qu'on voit à la place des Victoires. C'étoit en 1686. Le roi revêtu des habits de fon facre eft debout, avec un cerbère fous fes pieds, pour marquer la triple alliance dont il a fi glorieufement triomphé. La Victoire eft derrière lui, qui d'une main lui met une couronne de laurier fur la tête, & de l'autre tient un faisceau de palmes & de branches d'olivier. Ce grouppe de bronze, haut de treize

pieds, a été fondu d'un feul jet avec tout ce qui l'accompagne. On remarque l'heureuse licence qu'a prife l'artifte, d'habiller le monarque fuivant le coftume des rois de France, licence qui eft un pas du génie dans la carrière des arts.

Les quatre bas-reliefs qui occupent les faces du piédestal repréfentent, l'un, la préféance de la France fur l'Espagne en 1662; l'autre, le paffage du Rhin en 1672; le troisième, la prise de la Franche-Comté en 1674, & le dernier la paix de Nimegue en 1678; il y a encore deux petits bas-reliefs, dont les fujets font l'extinction des héréfies & l'abolition des duels.

Aux quatre coins des corps avancés du piédestal, on voit des figures en bronze d'esclaves enchaînés, qui défignent les nations dont la France a triomphé. Des Jardins donna les modèles de ce magnifique monument, & en conduifit la fonte avec un fuccès qui furprit tout le monde, perfonne avant lui n'ayant entrepris un ouvrage de cette conféquence. Une de fes principales beautés confifte dans un rapport exact entre les figures & les acceffoires qui accompagnent la ftatue du héros.

On connoît de cet habile homme, la figure en bronze de la Vigilance, dont est décoré le

tombeau du marquis de Louvois aux Capucines. Il avoit auffi modelé la ftatue de la marquife, placée aux pieds de fon mari dans une attitude de douleur, mais la mort l'empêcha de la finir, & Vanclève l'a achevée.

Dans l'églife de la Sorbonne, la Vierge tenant l'enfant Jéfus en marbre, qui n'eft pas terminée.

Aux Minimes de la place Royale, quatre Vertus dans la chapelle de S. François de Sales. Elles font de pierre, & repréfentent la Justice, la Force, la Tempérance & la Prudence.

Un des bas-reliefs de la porte Saint-Martin, du côté de la ville, offre la feconde réduction de la ville de Befançon.

Notre artiste, après avoir été nommé profesfeur de l'Académie, en 1675, fut élevé au grade de recteur en 1686, & mourut revêtu de cette dignité, en 1694, à l'âge de cinquante-quatre ans, au moment que fa figure équeftre, destinée pour Lyon, alloit y être pofée. On prétend qu'il laiffa une fortune confidérable, dont il devoit une partie à l'amitié particulière du dục de la Feuillade. Après fa mort, fon fils, contrôleur des bâtimens à Marly, obtint des lettres de nobleffe: l'Académie fuivit les intentions du roi en le plaçant au nombre de fes amateurs.

FR

FRANÇOIS.

JEAN GOUGEON.

RANÇOIS I, fi zélé pour les progrès des lettres, ne le fut pas moins pour ceux des arts. Il appela en France quelques Italiens qui y ont fait fleurir la peinture, & il fit venir d'Italie de bons modèles, d'après lefquels fe formèrent d'habiles gens. La rapidité des progrès de nos premiers Sculpteurs tient du prodige. Prefque en entrant dans la carrière ils atteignirent le but. Les ouvrages qu'ils nous ont laiffés, ne font pas moins des objets d'admiration pour les connoiffeurs, que d'imitation pour les artistes.

Jean Gougeon', le premier Sculpteur dont la France puiffe fe glorifier, naquit à Paris, & doit être regardé comme le reftaurateur de la Sculpture, de même que Vouet l'a été de la peinture. A ces deux fameux artistes nous devons le bon goût de deffin, l'élégance des formes, la nouveauté des tours, le fvelte & la correction. des figures. Ils ont fait disparoître la barbarie qui défiguroit les travaux de leurs prédécef

feurs; ils ont frayé à l'Académie, le chemin de la gloire, & par leurs excellentes productions ont acquis aux arts cette force & cette vigueur qui ne fe trouvent que dans l'âge parfait. Ainfi, les ouvrages de Boileau ont le plus contribué à

bannir de la littérature l'affetterie & le mauvais goût. La France devra toujours à ce grand homme la folidité & la jufteffe qui caractérisent les ouvrages de nos bons écrivains.

On ignore le temps de la naiffance & les circonftances de la vie de Gougeon; fans fes productions qui conftatent la célébrité de fon nom, ce nom auroit été enseveli dans l'oubli. C'est dans ce fens qu'un habile homme peut dire avec Horace :

Non omnis moriar, multaque pars mei
Vitabit Libithinam.

Ód. Lib. III, od. ult.

On ne peut s'en prendre qu'au fiècle où il a vécu, que j'appellerai avec raison incuriofa fuorum atas, nom que Tacite donnoit autrefois au fien.

Le plus confidérable ouvrage de Gougeon eft la fontaine des Nymphes appelée des Innocens. Cette fontaine commencée fous le règne de

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