Imágenes de páginas
PDF
EPUB

François I, & terminée fous Henri II, en 1550, eft le premier modèle de la belle Sculpture en France. Ses deux faces font ornées de cinq figures de Naïades en demi-relief, dont la correction, les graces, l'élégance des contours, & la légèreté des draperies, ne peuvent être trop admirées. Dans l'attique, ainfi que dans les bas reliefs placés au-deffus du grand foubaffement, fe voient les divinités de la mer & des eaux.

Voici les autres ouvrages de Gougeon, qui ne font pas un des moindres ornemens de cette ville. La porte qui fert d'entrée à la pompe Notre-Dame étoit décorée d'un fleuve & d'une Naïade en bas-relief, dont le deffin eft des plus élégans.

Il a orné de quatorze masques l'arcade qui conduit à l'hôtel du premier préfident, & la porte Saint-Antoine des figures affifes de la Seine & de la Marne (1).

La façade de l'hôtel de Carnavalet eft décorée fur la rue, de refends vermiculés, & de deux bas-reliefs où font un lion & un léopard. Au

(1) Ces figures en bas-relief font préfentement appliquées au mur de la terrasse du boulevart, à l'entrée de la rue Amelot.

1

deffus de la porte, deux enfans placés dans un cartouche foutiennent des armoiries. Les figures en bas-relief de la Force & de la Vigilance fe voient dans les trumeaux.

Au Louvre dans la falle des Cent-Suiffes qui eft aujourd'hui la falle des antiques, on remarque une tribune enrichie d'ornemens trèsproprement travaillés & foutenue par quatre Cariatides de douze pieds de haut.

Dans la cour de ce château, à l'ordre compofite, Gougeon a imité le grand relief des frifes qui font à l'arc de Titus & à la place de Nerva. Il a représenté dans cette frise des enfans entrelacés avec des feftons fi artiftement taillés, qu'elle eft regardée comme un des plus beaux morceaux de Sculpture qui aient été faits. Il faut néanmoins convenir que de cette richesse naît un peu de confufion, lorfqu'on regarde l'objet d'un certain éloignement. Les ornemens adoptés par Michel-Ange, dans la frise de fon ordre ionique, ont moins de relief, & il semble que la Sculpture des frifes du temple d'Antonin & de Faustine, que Vignole a imitée dans son ionique, peut fervir de règle à cet égard. Les frontons circulaires qui couronnent les corps avancés de l'ordre compofite du Louvre, font remplis

remplis par des figures de demi-relief, Mercure, l'Abondance, & au milieu deux génies, fupports des armes du roi. Dans les entrepilaftres de l'attique paroiffent des trophées d'ef claves enchaînés, & des figures relatives à la prudence & aux vertus de S. M. Le bel accord de la Sculpture avec l'architecture de ce palais, fait croire que notre artifte eut part à leur deffin.

Deux Naïades coëffées de rofeaux, qui verfent l'eau de leurs urnes, fe voient au château de fainte Genevieve-des bois, à deux lieues de Corbeil. Çes figures en pierre, & de demi-bosse, font dans le goût de celles de la fontaine des Innocens.

Gougeon entreprit, vers l'an 1550, avec J. Martin, fecrétaire du cardinal de Lenoncour, la traduction de Virruve pour laquelle il fit des deffins. Le premier étoit verfé dans l'architecture, le fecond dans les belles-lettres : mais le de fuccès de leur travail prouve qu'un pareil peu ouvrage exige la réunion dans un degré éminent de ces deux qualités en une même perfonne.

Notre artiste joignoit aux talens de Sculpteur & d'architecte, celui d'habile médaillifte : il frappa pour Catherine de Médicis des médailles recherchées des curieux. Il étoit huguenot: on Tome 11. H

1

raconte ainfi fa mort. Le jour de la S. Barthelemi, époque du maffacre des huguenots, en 1572, il s'avifa de monter à l'échafaud, malgré les avis de la reine, pour retoucher quelque chofe à sa fontaine des Innocens, qui étoit achevée depuis long-temps, & il fut tué d'un coup de cara

bine.

En même-temps que Michel-Ange enrichiffoit l'Italie des fruits de fon génie, Gougeon offroit des chefs-d'œuvres à la France étonnée. Ce n'eft pas au refte que je veuille comparer enfemble ces deux artistes dont le mérite étoit fi différent. Celui qui nous appartient fut allier les graces & la flexibilité des mouvemens à la noble fimplicité de l'antique. Sa manière de draper eft délicate & légère; fes reliefs indiquent autant d'intelligence que de goût; les attitudes de fes figures font quelquefois forcées. Le plus fouvent il n'a travaillé qu'en petit, fans doute qu'il étoit peu propre aux grands ouvrages. On ne connoît de lui ni figures ni grouppes ifolés, d'où l'on peut conclure que fon génie étoit en quelque façon refferté. L'imperfection de fon fiècle le rend excufable, & relève d'autant plus fon mérite, qu'il n'avoit fous les yeux que des ouvrages informes & barbares. On peut lui ap

pliquer ce qu'on a dit du Dante, que fon poëme auroit été plus digne de fon efprit s'il eût vécu deux fiècles plus tard.

GERMAIN PILON(1).

L'HISTOIRE des arts ne nous a laiffé aucune

circonftance de la vie de cet artifte. On fait feulement que Paris fut fa patrie, & qu'il étoit originaire de Loué, à fix lieues du Mans. Il toute apparence qu'il vola de fes propres aîles & que par la feule force de fon génie il produifit les fublimes beautés dont nos yeux ne peuvent fe raffafier. Sous Henri II, & fous les règnes fuivans, la Sculpture étoit dans l'enfance. La barbarie l'avoit défigurée par des affectations puériles & par une vaine parure. Pilon les lui ôta pour la ramener à cette noble fimplicité qui dédaigne les ornemens fuperflus & fe fuffit à elle même. Génie fupérieur à Gougeon, plus fin, plus fpirituel, il a donné des exemples

(1) Bibliothèque françoife de la Croix du Maine. Le Journal de Verdun, Février 1759.

« AnteriorContinuar »