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qui ne peuvent être trop imités, quoique les premiers tiennent encore un peu du gothique. On n'a point de détails fur fes premières études, ni fur les occafions qui ont fait naître fes tra

vaux.

Les églifes de cette ville en font feules en pofTeffion. Parcourez-les, & vous admirerez une Notre-Dame de Pitié à la Sainte-Chapelle; un ecce homo à S. Gervais, un autre aux Picpusses; à S. Etienne-du-mont un Chrift mis au tombeau, une Réfurrection, & trois petits bas-reliefs d'Aaron, de S. Paul, & de la Prière au jardin ; à fainte Genevieve, la fépulture & la réfurrection de N. S. Ces deux derniers morceaux font des modèles en terre cuite placés fous de petites arcades en forme de niches. Le travail l'emporte ici fur la matière; n'eft-ce pas le cas de dire materiam fuperabat opus?

On doit à Pilon la décoration extérieure du cadran du palais, où font pour attributs la Loi & la Juftice, avec les armes de Henri III, roi de France & de Pologne.

Le fanctuaire de S. Germain-l'Auxerrois préfente quatre anges de bronze & fix vafes exécurés d'après fes defsins, ainfi que la balustrade en mofaïque antique. Le bas-relief du maître

autel fait voir J. C. dépofé dans le tombeau & vifité par les faintes femmes.

L'églife, ci-devant deffervie par les Célestins, renferme les plus beaux ouvrages de notre artifte, qui a inventé la forme du lutrin & de la balustrade de l'autel, tous deux exécutés en cuivre. A l'entrée de la chapelle d'Orléans s'élève une belle colonne torfe ornée de feuillages, dont le chapiteau porte une urne de bronze renfermant le cœur du connétable Anne de Montmorency. Mais ce qui attire le plus les regards, c'eft un piédestal en forme de trépied antique, & chargé de Sculptures, qui porte les trois Graces grandes comme nature, & d'un feul bloc d'albâtre ( 2 ). Elles fe tiennent par la main, dans l'attitude que les poëtes nous les dépeignent; leurs têtes foutiennent une urne de bronze qui

(2) Il n'eft pas rare de voir dans les églifes d'Italie des fujets de la fable affociés avec les bas-reliefs, ftatues & peintures modernes, où l'histoire de la religion eft tracée. La facriftie de Sienne renferme un grouppe antique des trois Graces, fort eftimé. On voit à Pise un tombeau antique avec un bas-relief de la chasse de Méléagre, & au dehors une urne fépulcrale en forme de vase, qui offre un Silène jouant de la flûte.

renferme les cœurs de Henri II & de Catherine de Médicis. Ce grouppe, le chef-d'œuvre de Pilon, eft remarquable par les beaux airs de têtes des figures, & la légèreté de leurs draperies. A fon exemple, les Sculpteurs, fans fuivre fervilement l'antique, pourroient varier davantage leur manière de coëffer, & hafarder quelques licences à cet égard.

Nous obferverons que dans cet ouvrage notre artifte s'eft conformé à l'ufage de représenter les Graces habillées, ufage qui étoit en vigueur dans les plus beaux temps de la peinture & de la Sculpture. Paufanias l'affure dans fon voyage de Béotie, & cite l'exemple des Graces que Socrate avoit fculptées fur les murs de la citadelle d'Athènes. C'étoit pour la première fois qu'elles avoient paru couvertes de draperies.

La chaire du prédicateur, aux grands Auguftins, eft ornée de beaux bas-reliefs. D'un côté, on voit S. Jean-Baptifte, & de l'autre J. C. fur le bord du puits de Jacob, s'entretenant avec la Samaritaine. Six anges en forme de termes font placés entre ces bas-reliefs, & portent les inftrumens de la paffion.

Dans le cloître eft un S. François à genoux, en habit de capucin, & dans l'attitude où l'on

fuppofe qu'il étoit, lorfqu'il reçut les ftigmates de N. S. Cette figure faite en 1588, eft en plâtre, & a été un peu gâtée par la couleur épaisse dont on l'a couverte.

Dans l'églife de S. Louis, rue S. Antoine, est le maufolée du chancelier de Birague, & de Valentine Balbiane fon épouse. Celle-ci eft couchée fur un tombeau, la tête appuyée fur le bras gauche, & les yeux fixés fur un livre qu'elle tient de la main droite : devant elle est un petit chien qui la confidère. Aux côtés du piédestal, un ange tient la torche funéraire renversée; fur le foubaffement on voit Balbiane enfevelie, près d'être mise au tombeau, & aux carnes du piédestal, deux têtes de mort agraffées. Toute cette Sculpture eft en marbre. Au-deffus eft la figure du chancelier qui, après la mort de fa femme, embraffa l'état eccléfiaftique, & fut élevé au cardinalat. Elle eft de bronze, avec un long manteau, à genoux, les mains jointes, & la tête nue. Le crucifix, les ftatues de la Vierge & de S. Jean, & le bas-relief de la fépulture du Sau- . veur placés au grand autel, font auffi de Pilon.

On conjecture que fa mort arriva en 1605, ce que prouve fon épitaphe en vers françois, faite par le préfident Mainard. Toujours gra

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cieux, quoique fouvent incorrect, il peut être regardé comme le Corrège de la Sculpture: fes ouvrages réuniffent en partie la belle fimplicité & les finesses de l'antique. Le caractère de l'enfemble & les graces font oublier que fa manière de draper est un feu fèche, & que les plis de fes étoffes font trop caffés.

JEAN DE BOLOGNA (1).

CE ftatuaire naquit à Douai en 1524,

de parens fort honnêtes. La nature lui avoit donné un goût fi décidé pour le deffin, que malgré les intentions de fon père, il quitta fes études, & s'appliqua à la Sculpture fous les yeux de Jean Beuch, Sculpteur & ingénieur. Ses progrès, dans cet art furent affez rapides. Le defir d'étendre fes connoiffances le conduifit en Italie: fon féjour dans cette belle contrée de l'Europe fut utilement employé à modeler les monumens antiques & modernes dont elle eft remplie. Il porta un jour à Michel-Ange un modèle de fon in

(1) Baldinucci. Sexie degli uomini illustri,

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