La fontaine qui se voir dans la grande place à Bologne, se distingue parmi les ouvrages du Bologna. Un Neprune en bronze, debout, a le pied sur un dauphin, tient d'une main son trident, & étend l'autre dans l'attitude où Virgile' a si bien peint sa fierté. Des enfans allis aux angles du piédestal, sur lequel pose cette belle figure, tiennent des dauphins qui jetrent de l'eau. Aux angles du soubassement sont quatre figures gracieuses de Natades allises sur des dau elles jettent de l'eau par leurs mamelles, qu'elles pressent de leurs mains. Les faces de ce piédestal présentent des coquilles dont l’eau se répand dans un grand bassin élevé sur trois marches au-dessus du niveau de la place. Les parties de détail de ce morceau sont belles mais en considérant la quantité d'ornemens dont il est chargé, on trouve l'ensemble trop resserré dans un petit espace. phins ; SIMON GUILLAIN(1). Le père de cet artiste , allez bon Sculpteur ; avoit fixé son séjour à Paris, où il étoit corinu (1) Mém, partic fous le nom du père Cambrai , lieu de fa naiffance. Doué d'heureuses disposicions pour son art , Simon naquit à Paris en 1581. L'exemple & les conseils d'un père, dont la réputation étoit fondée sur un mérire réel, décidèrent les progrès dans le defin, la Sculpture & l'architecture. Ils furent fi rapides , qu'il se trouva de bonne heure en état de faire utilement le voyage de Rome. On se persuade quelquefois qu'il ne faut que des dispositions naturelles pour profiter des beautés que présente l'Italie. Ces dispositions sont insuffisantes, li les connoissances n'ont pas acquis dans la tête un certain degré de maturité, si les yeux ne sont pas assez exerçés pour discerner le mérite & la convenance des objers de l'étude, & pour en apercevoir les beautés comme les défauts. Un jeune artiste est ébloui d'abord par le nombre prodigieux d'exemples anciens & modernes que Rome lui présente ; un penchant secret tarde peu à le déterminer à la manière & au goût dont la nature a mis le germe dans son esprit, La vivacité naturelle de Guillain, jointe aux tonnoillances dont il s'étoit muni avant son départ, favorisa beaucoup la perfection de ses talens à Rome. Tout ce qu'on fait de son séjour dans cette superbe ville, c'est que la jeunesse annonça les plus heureuses dispositions , & que l'étude paroissoit plus un amusement pour lui qu’un travail. A son retour il épousa Germaine Cochet, feur de Cocher, Sculpteur françois, connu par le mausolée élevé à la Chartreuse de Gaillon pour Charles de Bourbon, comte de Soissons, tué à la bataille de Sedan en 1641(2), On jugera de la prodigieuse facilité de Guillain , par la quantité des ouvrages dont je vais parler. Le plus considérable est le monument qui fut élevé à la gloire de Louis XIH & de Louis XIV sur le Pont-au-change, achevé en 1647. Placé à l'angle des deux rues qui fe trouvent à la culée de ce pont vers le petir châteler, il décore un endroit des plus fréquentés de la ville. Louis XIV y est représenté à l'âge de dix ans élevé sur un piédekal., & la Renommée le coyo sonne de laurier. Comme ce prince étoit monté sur le trône avant que ce monument fût terminé, on pourroit demander pourquoi le Sculpteur, lui (2) Ce monument a été totalement détruit par le feu qui a réduit en cendres l'église de la Chartreuse de Gaillon ĆA 1772. mettant le sceptre à la main, & le revêtant L'établissement de l'Académie remonte à peu près au temps où cet ouvrage fut achevé. Guillain fut un des dquze anciens qui contribuèrent à fon institution. On lui donna, en 1651, la place de trésorier, conjointement avec Errard, lorsque la jonction se fit des académiciens & des maîtres, & après la retraite de ces derniers il fut élu recteur en 1657 , au lieu de Corneille. Sa grande assiduité au travail lui procura une fortune conlidérable : il avoit acquis plusieurs maisons à Paris, surtout dans le quartier des rea ligieuses du Calvaire. Quant à son caractère ; il étoit plein de probité & d'honneur , la noblesse de ses procédés ne fut jamais accompagnée de fierté, & beaucoup de politesse relevoit ses actions les plus simples. Il a souvent donné des preuves de bravoure, La bonne police n'étoit point encore établie dans Paris, puisqu'elle ne le fut que sous Louis XIV. Guillain, très-zélé le bon ordre, s'étoit déclaré le défenseur des personnes attaquées la nuit dans les rues , & le vengeur redoutable des délits qui tendoient à troubler le repos public. Il ne marchoit jamais dans les ténèbres, sans portec fous son habit un fléau composé dans le tiers de la longueur, d'une chaîne de fer garnie de pour |