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Sur un farcophage, le duc eft représenté à moitié couché & appuyé fur le coude, portant une main fur fon cafque, & de l'autre tenant son épée. La ducheffe fa femme (Marie Félix des Urfins) qui lui a fait conftruire ce tombeau, est à ses pieds, voilée & en mante. Sur les côtés du farcophage, font deux ftatues affifes, dont l'une représente la Valeur défignée par Hercule, & l'autre la Libéralité. Un portique formé de quatre colonnes, dont deux foutiennent un fronton, enrichiffent ce tombeau. Dans les entre-colonnemens on voit les figures de la Nobleffe & de la Piété. Au milieu eft une urne cinéraire entourée de feftons que tiennent deux anges. Deux autres plus grands, fculptés par Poiffant, accompagnent les armes de Montmorency, placées audeffus du fronton.

THOMAS REGN AULDIN, né à Moulins en 1627, fut élève de François Anguier, & travailla beaucoup pour Louis XIV. Ce prince l'envoya à Rome, & le gratifia d'une penfion de 3000 liv. L'Académie fe l'incorpora en 1657. Le faire de ce Sculpteur eft lourd & maniéré, il avoit pris tout le mauvais de fon maître fans en prendre également le bon. Son meilleur ouvrage se voit à Versailles dans les bains d'Apollon; il confifte

veux,

en trois figures de nymphes placées derrière le dieu; celle du milieu prend foin de ses che& les deux autres tiennent des vafes remplies d'effences; il les exécuta fur les deffins de le Brun. L'enlèvement de Cybèle par Saturne eft placé aux Tuileries, près du grand baffin, du côté du manège. On voit de lui, à l'Académie, S. Jean-Baptifte appuyé contre un rocher, qui tient d'une main une croix faite de rofeau, & met l'autre fur un agneau, ce qui exprime les trois principales circonstances de fa vie. La porte de l'hôtel de Hollande, vieille rue du Temple, offre des renommées placées dans le tympan d'un fronton circulaire. Cet artiste donna, en 1704, à l'hôpital de Sainte-Catherine, une figure en marbre de la fainte, repréfentée dans fes habillemens de princeffe. Il mourut en 1706.

LOUIS LÉRANBERT (1). Le père (2) de ce Sculpteur, né à Paris en

1614, étoit garde des figures antiques & des

(1) Mém. partic.

(2) Il fe nommoit Simon.

marbres du roi. Son fils eut l'honneur d'avoir pour parrain Louis XIII, qui voulut lui donner une marque de bonté, dont nos rois ont honoré plufieurs artistes diftingués par leurs talens. Ce prince fe fit repréfenter dans cette cérémonie par le marquis de Cinqmars, fils du maréchal d'Effiat. Léranbert entra fort jeune dans l'école de Vouet, qu'ont rendue célèbre les hommes illuftres qui en font fortis. Le Brun & le Nostre, ces beaux génies du fiècle de Louis XIV, étoient alors dans cette école. Ils connurent Léranbert, & fe lièrent avec lui d'une amitié qui dura toute leur vie. Léranbert prit de bons principes chez Vouet, mais il y refta peu. La Sculpture à laquelle il fe deftinoit l'engagea à paffer dans l'attelier de Sarazin. Son génie & sa facilité le distinguèrent bientôt des autres élèves, & les graces du corps lui attirèrent cette prévenance qui facilite toutes les entreprises.

Le temps qu'il donnoit au modèle & au deffin ne l'empêchoit pas de paroître à la cour. La charge de fon père l'y appeloit affez fouvent, & le libre accès qu'elle lui avoit procuré auprès de Louis XIII ne lui fut pas refufé après la mort de ce prince. Il en profita pour mériter de plus en plus les bonnes graces du jeune roi ; d'ail

leurs, la cour étoit pour lui dans les difpofitions les plus favorables. Poëte, muficien, il réunifloit tous les agrémens analogues à l'âge d'un roi qu'on s'étudioit à amufer & à inftruire par des plaifirs & des fêtes galantes. Le ton de la cour fembloit lui permettre de tenir fa place dans les ballets. Il y figura toujours avec succès ; mais ces amusemens faits pour flatter sa vanité, fa ne l'empêchoient pas de venir reprendre avec empreffement la terre & le cifeau. Beaucoup d'autres auroient profité de ces heureuses circonftances; pour lui, on ne voit point que l'honneur d'être admis dans la familiarité de fon maître lui ait procuré aucune des 'graces qu'il auroit pu obtenir.

- Léranbert aimable, mais vertueux, ne fe livra jamais qu'avec réserve à ces nobles diffipations; elles ne le détournèrent point d'entreprendre dif férens ouvrages, & principalement les buftes & les portraits en médaillons des perfonnes les plus diftinguées de la cour, du cardinal Mazarin, du maréchal de la Meilleraie, fans compter ceux de M. Infelin, de monfieur & de madame Jaback.

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Une entreprise plus confidérable lui fut bientôt après confiée ; je veux parler du tombeau du

marquis de Dampierre placé à trois lieues de Gien, dans la paroiffe de la terre dont ce gentilhomme portoit le nom. On y voit les figures du mari & de la femme, dont les portraits font faits d'après nature, avec quatre termes d'enfans qui tiennent des infcriptions. L'architecture de ce tombeau eft riche, & tout, jufqu'à l'épitaphe en vers, eft de la compofition de notre artiste.

Il avoit un grand feu d'imagination, des ré. parties vives, jointes à beaucoup de gaiété ; les agrémens de fa converfation lui donnoient l'avantage de plaire, de féduire & d'amufer. Il vouloit vendre à un grand seigneur, un crucifix mille piftoles. Quoi ! dit une perfonne qui étoit présente, c'est bien cher, l'original n'a été vendu que trente deniers. C'eft, répondit le Sculpreur, qu'on ne connoissoit pas bien la marchandise én ce temps-là.

Un caractère & des talens auffi aimables dans la fociété lui obtinrent une grande réputation; on n'en fera pas étonné, mais on le fera de le voir paroître fur la fcène comme philofophe. La garde des antiques & des marbres du roi lui avoit été donnée après la mort de fon père. Elle lui fut êtée en 1663. C'étoit la première dif

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