grace qu'il éprouvoit. Il trouva dans une plus grande application au travail, un puiffant motif de confolation, & il fe donna des mouvemens pour entrer à l'Académie. Ils réuffirent aisément, & le dernier Mars 1663 il y prit féance. Son morceau de réception fut le bufte en terre cuite du cardinal Mazarin, qui a été dans la fuite exécuté en marbre.

L'Académie le nomma pour faire les fonc tions de profeffeur durant le mois de Novembre 1664 & 1665. Dans le cours de cette dernière année il fut chargé d'exécuter pour Versailles Pan qui tient un cornet, une Hamadryade qui danfe, une Nymphe avec un tambour de bafque & un Faune. Il devoit mettre au bas de chaque figure des vers de fa compofition, mais il s'est fagement reftreint à y écrire fon nom. Ces quatre figures qu'on a vues autrefois à Versailles autour du baffin d'Apollon, n'en ont été ôtées parce qu'elles font de pierre. Placées enfuite dans le jardin du Palais royal, elles y ont longtemps offert des modèles d'un bon goût & d'un travail large qui fera toujours honneur au ciseau de l'artiste. L'Hamadryade furtout eft charmante & drapée légèrement.

que

Plufieurs ouvrages de Léranbert décorent les jardins

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jardins de Versailles. Sur la terraffe, près de l'Orangerie, font deux fphinx en marbre blanc, montés chacun par un enfant de bronze qui joue avec des feftons de même métal. Les amateurs font frappés du bel effet que produit le contrafte des matières employées à ces grouppes; mais ils defireroient qu'ils fuffent traités dans le goût auftère dont les anciens nous ont laiflé des mo

dèles en ce genre.

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L'allée d'eau qui defcend à la fontaine du Dragon préfente quatre grouppes chacun de trois enfans, portant fur leurs têtes un baffin de fleurs & rempli de fruits, d'où s'élève un bouillon d'eau (2). Leurs airs de têtes, leurs contours, leurs attitudes, tout en fut trouvé si heureux, que le marquis de Louvois les fit jeter en bronze.

On remarque affez de fimplicité dans les quatre bénitiers de marbre de Saint-Germainl'Auxerrois, & on eftime la manière de la coquille & du pied en confole. Les têtes de Ché→ rubins qui les ornent ont des aîles fort maniérées.

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(2) Ces grouppes font le feptième, le huitième, le treizième & le quatorzième en defcendant: dans ces deux derniers il a fubftitué des termes aux enfans.

Tome II.

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Le carrefour des Rofiers dans la vieille rue du Temple, & celui du Pont-au-change, offrent deux Vierges en pierre tenant l'enfant Jéfus. La première, de demi-nature, a de l'élégance & de la fineffé; la feconde, grande comme nature, quoiqu'un peu courte, laiffe reconnoître dans fes draperies le goût large de fon auteur.

On voit à Blois, dans une chapelle de l'églife de Sainte Solenne, qui eft la cathédrale, deux bas-reliefs de marbre blanc de cinq pieds de haut fur quatre de large, & entourés d'une bordure de marbre noir. L'un repréfente la Mémoire défignée par une femme qui a devant elle un génie tenant un livre fur lequel elle écrit. L'autre eft la Méditation, & offre une Madeleine affife. Ces bas-reliefs furent faits en 1660, pour le tombeau de Jean Courtin, préfident au préfi dial de Blois, mort en 1626.

Dans l'églife paroiffiale de Meudon, où Léranbert avoit une maifon de campagne, il a placé une infcription destinée à fon tombeau ; elle est enclavée dans une pierre de deux pieds, qui offre en bas-relief tous les mystères de la religion. Ce monument eft peu digne de lui, ainsi qu'une croix de pierre élevée dans la campagne, à quelques pas du village de Meudon,

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Notre artiste estimé pour fa piété, fa fageffe & fa science, mourut à Paris étant profeffeur en `1670, à l'âge de cinquante-fix ans.

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JEAN THEODO N. LA France a eu l'avantage d'être la patrie de cet artiste, mais elle n'a pas eu celui de le pofféder dans fon fein & de jouir de fes travaux. Un peu de jalousie contre fes confrères, le chagrin de n'être point employé, portèrent Théodon à s'expatrier il s'en alla à Rome. Les Italiens lui rendirent plus de juftice, goûtèrent fa manière, & occupèrent fes talens. La belle figure de S. Jean-de-Latran faite en concurrence du Bernin, un autel aux Carmes déchauffés, en face de celui de fainte Thérèfe, fculpté par le même artiste, juftifièrent leur choix.

Lorfque les Jéfuites firent élever l'autel de S. Ignace dans l'églife du Jéfus, ils mirent au concours deux grouppes de cinq figurés de marbré qui devoient accompagner ce monument. Les plus habiles Sculpteurs d'Italie exposèrent des modèles, & la voix publique fe décida pour ceux de deux artistes françois, le Gros & Théo

don; ce dernier étoit alors Sculpteur de la fabrique de Saint-Pierre. Ils firent donc les deux grouppes qui font cités aujourd'hui parmi les chefs-d'œuvres de la Rome moderne. L'ouvrage de notre artiste représente la Foi qui foudroie les monftres de l'Idolatrie exprimés par une figure humaine terminée en ferpent, près de laquelle le roi de Bungo au Japon fe foumet à la Foi.

On voit de lui, au mont de Piété, un basrelief qui offre les enfans de Jacob trouvés coupables par Jofeph, à l'occafion de la coupe d'or; & à S. Pierre, au tombeau de la reine Christine de Suède, un bas-relief qu'Innocent XII lui fit faire.

Théodon avoit commencé à Rome un grouppe repréfentant Arrie & Patus, lorfqu'il étoit penfionnaire du roi. Ce grouppe refté imparfait, n'est venu à Paris qu'après fa morr, où il a été terminé par le Pautre. On peut préfumer que fr la main qui l'a ébauché l'eût conduit à la fection, elle auroit donné plus de légèreté aux figures & aux draperies.

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Les bofquets de Versailles renferment deux termes, l'un de l'hiver & l'autre de l'été. Théodon mourut à Paris vers 1680.