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teurs les ouvrages qu'ils entreprenoient pour Louis XIV? La galerie & les jardins du château de Versailles préfentent quantité de belles chofes forties de fon cifeau.

L'Académie de peinture, attentive au mérite de fes productions, se l'incorpora en 1676, & l'éleva au grade d'adjoint à professeur, le jour même de fa réception, en considération du deffein qu'il avoit d'établir à Lyon une école académique & d'aller y faire fa demeure. Ce projet n'eut pas lieu, il refta à Paris, fut nommé profeffeur l'année suivante, & fucceffivement recteur, directeur, & enfin chancelier perpétuel de l'Académie. On y voit de fa main les buftes en marbre du duc d'Antin & de le Brun..

Coyfevox fut choifi vers ce temps-là par les prevôt des marchands & échevins, pour fondre en bronze une statue pédestre de Louis XIV qu'on voit dans la cour de l'Hôtel-de-ville de Paris.

Onjugera de fes foins affidus à faifir les beautés de la nature, par les prodigieufes études qu'exigea la figure équestre du roi que lui ordonnèrent en 1689 les états de Bretagne. Seize ou dix-sept des plus beaux chevaux des écuries du prince lui furent amenés, pour qu'il pût raffembler dans

le fien les diverfes beautés de chacun en particulier. Ainfi, un fameux peintre de la Grèce fit une figure de Vénus d'après les fept plus belles filles de ce pays. Coyfevox pouffa encore plus loin cette étude. Plufieurs conférences avec d'ha

biles écuyers lui parurent néceffaires pour s'inf truire des plus beaux mouvemens des chevaux, ainfi que des attitudes les plus nobles des cavaliers. Il voulut même connoître, par la diffection de différentes parties du cheval, les refforts des os & des mufcles. Toutes ces études le mirent en état de n'agir que fur des principes

certains.

Après tant de preuves de fon habileté, Coylevox fut jugé capable des plus grandes entreprifes. On le chargeá de faire les tombeaux du grand Colbert à S. Euftache, du cardinal Mazarin aux Quatre-Nations, du prince Ferdinand de Fuftemberg à l'abbaye de Saint-Germain, & de Henri, comte de Lorraine, pour celle de Royaumont. Quelque temps avant que de fculpter le bas-relief de bronze qui accompagne ce dernier ouvrage, il avoit eu une violente attaque d'apoplexie. Ceux qui l'ont vu affurent que le feu de l'artiste n'en avoit été ni altéré ni af foibli.

Trois grouppes faits enfuite, & placés sur la terraffe du jardin des Tuileries, font l'éloge de fon difcernement & de fon goût fage & judicieux. Ils repréfentent un Faune jouant de la Alûte traversière, une Hamadriade qui l'écoute avec admiration, & une Flore; chacune de ces figures a un enfant derrière elle, dont l'action fait connoître la raifon qui l'attache à l'objet qu'il est accompagne. La gradation de leurs caractères eft fort différente. Dans le Faune font exprimées la force & la vigueur d'un homme champêtre, fes doigts font dans la plus belle pofition où ils puiffent être fur la flûte, en quoi il est aisé d'apercevoir l'attention du Sculpteur à ne rien négliger de tout ce qui peut embellir son ouvrage. L'Hamadriade parée des beautés de fon fèxe, a dans la bouche un air de fatyre qui n'en altère point les graces. La Flore exprime la tranquillité d'une déesse uniquement occupéé des avantages qu'elle pofsède dans l'empire des

fleurs.

On admire dans ce même jardin deux grouppes de chevaux aîlés, dont l'un porte une Renommée qui embouche une trompette, & l'autre un Mercure. Ces grouppes, très-diftingués par le travail du marbre, furent faits pour Marly en

1701, & n'ont coûté à leur auteur que deux ans & quelques mois de travail. La Renommée fupérieure au Mercure, participe de l'agilité & de la légèreté qu'on attribue à la déeffe à cent yoix. Il femble que cette figure toute célefte vole, & ne fafle pas plus d'impreffion fur le cheval qu'une groffe bulle d'air.

Louis XIV qui honoroit notre Sculpteur de fa bienveillance, venoit très-fouvent le voir travailler fous la tente dreffée dans les jardins de Marly. Il eut un jour la bonté de lui demander s'il avoit un fils qui fuivît fa profeffion. Sire, répondit Coylevox, j'ai plufieurs enfans, entre autres trois garçons qui dépensent au fervice de votre majefté ce que je puis gagner au bout de mon cifeau. Le roi lui promit de les avancer.

Les éloges que lui attirèrent les beautés qu'on découvre dans ces morceaux, ne fervirent qu'à l'animer davantage dans la compofition des quatre grouppes placés aux deux extrémités de la rivière de Marly. C'étoit une efpèce d'engagement qu'il avoit pris avec le public, d'y réunir fes talens pour rendre ces nouvelles produc tions encore plus parfaites. Attentif aux règles de l'optique, il a judicieufement observé de faire debout les figures d'en haut & les autres

accroupies même.

quoique leur proportion foit la

Coylevox ne mettoit pas moins de feu & de génie dans fes portraits qué dans fes compofitions. Leur nombre est très- confidérable. Les

perruques, fi difficiles à rendre légères, paroiffoient fous fon cifeau, plutôt des cheveux que du marbre, & on peut dire que dans ce genre perfonne ne l'a furpaffé. Il a fait plufieurs buftes de Louis XIV en divers âges, ceux de MarieThérèse d'Autriche, des princes de Condé, de Turenne, du maréchal de Créqui, du grand Colbert, du chancelier le Tellier, des ducs de Richelieu, de Chaulnes & d'Antin, des cardinaux de Bouillon & de Polignac, & d'une infinité d'autres personnages illuftres.

Les dernières années de fa vie furent confacrées à faire le portrait de Louis XV, tant en buste qu'en médaille, & la figure en marbre de Louis XIV, pofée dans le chœur de l'églife cathédrale de Paris. On peut dire avec fondement, de ce grand Sculpteur, ce que Longin a dit d'Homère, que dans fes derniers ouvrages il ressembloit au foleil lorfqu'il fe couche, qui a toujours la même grandeur, fans avoir ni la même ardeur ni la même force.

Au

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