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Au milieu de la gloire qui l'environnoit, Coyfevox conferva toujours beaucoup d'humilité. Il étoit fort généreux & charitable, affidu aux exercices de la religion & exact à en remplir les devoirs. Sur la fin de fa vie quelqu'un le félicitoit fur fon habileté. Si j'en ai eu, répon dit-il, c'est par quelques lumières qu'il a plu à l'auteur de la nature de m'accorder pour m'en fervir comme de moyens pour ma fubfiftance. Ce vain fantôme eft près de difparoire, auffi bien que ma vie, & de fe diffiper comme une fumée. Il mou rut à Paris dans ces fentimens, en 1720, âgé de quatre-vingts ans, après de longues douleurs fouffertes patiemment. Les plaifirs qu'il faifoit étoient accompagnés de manières encore plus agréables que fa générofité. Après être forti d'une grande maladie & avoir fatisfait aux honoraires de fon médecin, il lui dit : vous m'avez rendu la vie à votre manière, je veux vous immortalifer à la mienne, en faifant votre bufte en marbre. Ce qu'il exécuta avec tant de plaifir, que ce portrait paffe pour un des plus parfaits qu'il ait faits. Il avoit coutume de l'appeler l'Ouvrage de l'amour.

Les immenfes travaux de notre artifte le mirent à portée de former de très-bons élèves, tels que FRANÇOIS COUDRAI, né à Villacerf

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en Champagne, mort à Drefde en 1727, premier Sculpteur du roi de Pruffe; Lemoyne le père, les Couftou fes neveux, & JEAN THIERRY. Ce dernier naquit à Lyon, en 1669, d'un père Sculpteur, dont il suivit la profession dès l'âge de fept ans. Arrivé à Paris, il fut chargé de donner à la Vénus de Marly la modestie qui lui manquoit; les divers ouvrages qu'il com. pofa pour les maifons royales prouvèrent fon goût, & engagèrent Philippe V à le demander au duc régent de France. Il partit donc pour l'Efpagne avec Fremin, en 1721, & y travailla en marbre, en bronze & en plomb, dans les jardins & le palais de Saint-Ildephonfe. Les récompenfes de S. M. C. le mirent en état de revoir sa patrie, & d'y jouir d'un repos qu'il avoit bien mérité. Il y mourut, en 1739, dans le célibat.

On prétend que dans fa famille il y a un manufcrit intitulé: Defcription des fujets de Sculpture en figures de marbre, fontaines de plomb & vafes de marbre inventés par Jean Thierry, Sculpteur des rois de France & d'Espagne, & penfionnaire de leurs majeftés, dans les jardins & palais de Saint-Ildephonfe en Espagne.

Coyfevox répandoit toujours des graces propres au fujet qu'il traitoit : fier dans les occafions où

il falloit exprimer la force, & noble dans celles qui demandoient de la dignité. L'étude qu'il avoit faite de l'anatomie le conduifoit heureusement dans le choix des parties, des mouvemens & des muscles. Son deffin eft correct, & les compofitions de fes bas-reliefs font heureuses. Les imitations qu'il a faites de quelques figures antiques méritent d'être diftinguées parmi fes ouvrages; je ne les appelle point des copies, parce qu'il s'y eft montré égal à ses originaux. Sa Vénus à la coquille & fa Vénus pudique réuniffent les graces les plus féduifantes aux beautés févères de l'antique.

Les ouvrages de Coyfevox, placés dans les églifes de cette ville font : à S. Roch, le buste de le Noftre; aux Jacobins de la rue S. Honoré, la figure du maréchal de Créqui; à S. Eustache il a décoré le maufolée de Colbert, des figures de ce miniftre & de l'Abondance; à S. Paul, le tombeau de Jules-Hardouin Mansart, & la Juftice qui tient le médaillon de François d'Argouges, premier préfident du parlement de Bretagne; à S. Nicolas du Chardonet, le buste de le Brun, accompagné des figures de la Piété & de la Science; aux Invalides, un ange qui tient un cafque fous le dôme, & au portail, du côté

de la campagne, S. Charlemagne & les vertus couchées.

quatre

Au fond de la cour de l'Hôtel-de-Ville, on voit fous une arcade revêtue de marbre, une ftatue pédestre de Louis XIV habillé en triomphateur romain, & s'appuyant d'une main fur un faisceau d'armes, & de l'autre donnant fes ordres. Son piédeftal eft enrichi de deux basreliefs; le premier fait voir la Religion triomphant de l'héréfie qu'elle foudroie; le fecond repréfente le roi qui, dans la famine de 1662, diftribue aux pauvres du pain & d'autres ali

mens.

La bibliothèque de fainte Geneviève offre les buftes de Jules-Hardouin Manfart, de de Cotte, premier architecte du roi, du chancelier le Tellier, & de l'archevêque du même nom.

A la grille de la feconde cour du château de Versailles Coyfevox a fait un grouppe de l'Abondance qui vient réparer les maux caufés par la famine; fix grandes figures de pierres fur les corniches du château, la moitié des trophées de la galerie, & vingt-trois enfans fur la corniche.

Dans les jardins deux fleuves en bronze; savoir, la Dordognc & la Garonne, un vase de sept pieds entouré de bas-reliefs, qui repré

fentent plufieurs traits de l'hiftoire de Louis XIV; à l'une des fontaines des bofquets, un esclave attaché à des trophées, & dans la colonnade, fept bas-reliefs compofés chacun de trois enfans avec des ornemens. La Vénus pudique, la Vénus à la coquille, & le grouppe de Caftor & de Pollux font d'après l'antique.

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A la tête de la cascade de Sceaux, une figure de fleuve placée dans une niche rocaillée, & accompagnée d'un enfant.

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A Chantilly, la ftatue en marbre du grand Condé, avec des attributs qui rappellent fes belles

efcals, fe voit fur le pallier dut grand

La figure équestre de Louis XIV, placée à Rennes a quinze pieds de haut, eft de bronze, & montée fur un piédeftal enrichi de deux basreliefs. L'un repréfente la France qui conduit le char de Neptune, & l'autre l'Audience donnée par le roi aux ambaffadeurs de Siam. Cette figure qui offre ce prince habillé à la romaine, fut commandée par les états en 1685, & n'a été mife en place qu'en 1726.

Au château de Serah en Anjou, le tombeau en marbre de M. de Vaubrun, avec une ba taille en bas-relief, & fes armes en bronze.

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