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Dans l'abbaye de Royaumont, on voit le tombeau de Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, grand écuyer de France: fa figure mourante eft entre les bras de la Victoire, dont l'expreffion eft noble & douce.

CORNEILLE VANCLEVE(1).

CE Sculpteur, originaire de Flandres, naquit

à Paris en 1645 il fut l'aîné de huit enfans que fon père, orfèvre, laiffa en mourant. Placé chez François Anguier, il travailla inceffamment avec lui aux bas-reliefs de la porte SaintMartin, dont ce Sculpteur étoit chargé. On peut affurer qu'il ajouta à l'habileté de fon maître une correction & un faire aifé qu'Anguier n'avoit pas. Dans tous les arts, les grands hommes font moins ceux qui les exercent fuivant les règles qu'on leur a enfeignées, que ceux qui trouvent des routes inconnues à leurs guides,

Vancleve s'attacha à l'Académie, il en rem porta les prix, & partit pour Rome en 1671,

(1) Mém. part.

en qualité de penfionnaire du roi. Il y demeura fix ans, occupé à deffiner d'après l'antique, & les ouvrages du Bernin, j'ai prefque dit occupé à les traduire. En effet, ceux dont les artistes grecs & latins font les modèles ne reffemblentils pas aux traducteurs qui ont fans ceffe leur auteur devant les yeux pour s'efforcer à l'imiter? Tous les préceptes de l'art ne valent pas l'imitation, & peut-être que Cicéron n'eût jamais fait paffer dans la langue des romains les richeffes de la Grèce, s'il ne fe fût pas appliqué à traduire fes auteurs en latin.

On peut préfumer que les talens de Vancleve, depuis fon retour de Rome & de Venife où il refta trois ans, lui méritèrent, en 1681, l'adop tion de l'Académie. Son ouvrage de réception eft Polyphème affis fur un rocher, appuyant fa tête & un de fes pieds fur un pin recourbé & tenant une espèce de flûte nommée fyrinx. Il préfenta le 26 Avril cette figure, dont le fujet lui avoit été donné le Mars précédent; exactitude dont il feroit à fouhaiter qu'on vît plus fouvent des exemples. Ce Sculpteur parvint dans la fuite aux différens grades de l'Académie, & en 1711 à celui de directeur.

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La même année, Louis Henri, duc de Bour

bon, le choifit pour élever un monument en l'honneur de fes ancêtres, dans l'églife de faint Louis, rue Saint-Antoine. Un ange placé à la clef d'une arcade tient un cœur d'une main, & de l'autre une palme; une urne cinéraire, & différens ornemens de bronze fervent d'accompa gnemens.

On voit à Notre-Dame deux anges en bronze de grandeur naturelle, pofés fur des culs-delampe, & tenant des inftrumens de la paffion : ce font les plus proches du grand autel.

Dans l'églife de la Sorbonne, un ange de marbre fur le fronton du maître autel.

Aux Invalides, la fépulture du Sauveur à l'autel, du côté du dôme, & une partie des ornemens du baldaquin; les anges au-deffus de la porte, tant intérieure qu'extérieure, du côté de la campagne; le bas-relief où S. Louis fait la tranflation de la couronne d'épines, celui où il reçoit l'extrême-onction, & un ange qui tient l'étendard.

A S. Benoît, un petit monument qu'il a exé cuté fur le deffin d'Oppenord pour Marie Défeffartz, femme de Frédéric Léonard, fameux imprimeur. Au lieu de l'urne qui furmonte l'épitaphe, on y a vu affez long-temps un bufte que,

fur les représentations du curé, la famille a fait ôter.

Aux Capucines, la figure en marbre de la marquife de Louvois, que des Jardins avoit ébauchée.

Dans l'église de S. Paul, les deux anges & la gloire placés au grand autel.

L'ouvrage le plus confidérable de Vancleve eft un des grouppes de marbre qu'on voit aux Tuileries, au bas du fer à cheval. Il représente ia Loire & le Loiret fous la figure d'un fleuve & d'une rivière, dont la disposition indique leur union naturelle. La fertilité des provinces que ces rivières arrofent eft indiquée par des fruits & deux enfans. La beauté de leur travail ne détruit point la mâle exécution du fleuve & le contour agréable de la rivière.

Cet artiste eut part aux principaux ouvrages de Sculpture qui décorent le palais & les jardins de Verfailles, Marly & Trianon. Louis XIV récompenfa fes travaux par une penfion & un logement au Louvre.

La décoration du maître autel de la chapelle du roi à Verfailles lui appartient. Deux anges adorateurs, & de petite proportion, accompagnent le tabernacle dont la porte eft ornée

d'un bas-relief repréfentant les pélerins d'Emmaüs. Ce morceau grouppe avec les rayons qui environnent le nom de Dieu, & qui rempliffent le fond de l'arcade; cette gloire eft entourée de chérubins & d'anges dans diverses attitudes. Les côtés de l'autel offrent deux anges grands comme nature; ils font à genoux fur des nuages qui s'accordent avec l'architecture de ce morceau. Le bas-relief représente la fépulture du Sauveur.

On voit à la fontaine de Diane, dans le parterre d'eau à Versailles, un lion qui terraffe un loup, fondu par les Kellers, d'après fon modèle ; un terme repréfentant Mercure qui tient une bourfe de la main gauche, & un caducée de la droite; une Cléopâtre d'après l'antique, placée à Rome dans la cour du palais du Bel- ́ vedère.

A Trianon, une partie des figures de métal doré qui accompagnent le buffet d'architecture qu'on aperçoit au bout de l'allée de la cafcade.

Il fit à Marly, avec d'autres Sculpteurs, les Cariatides en termes, repréfentant les quatre faifons qui foutiennent la corniche architravée du grand falon, & les guirlandes de fleurs portées par des amours, dont les œils de beuf font entourés.

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