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noiffoit la fupériorité de celui-ci, y confentit très-volontiers, dans le deffein de l'exciter à fe furpaffer lai-même. Pour lui, piqué de cette concurrence, il obtint de la ducheffe la permiffion d'aller chercher les marbres, qu'il fit fcier en plufieurs morceaux, de manière qu'on ne pouvoit plus s'en fervir pour un ouvrage de conféquence. Les autres Sculpteurs s'en plaignirent au duc, qui l'auroit chaffé fans la protection de la ducheffe, dont il obtint les marbres gâtés. Quelques petits morceaux de Sculpture placés dans fes jardins, furent le gage de fa reconnoiffance, & lui méritèrent la permiffion de sculpter un Neptune pour la grande place.

La mort arrêta le cours de fes projets en 1659. Comme il faifoit tranfporter le corps de fon père dans une chapelle de l'églife des pères Servites, que le crédit de la ducheffe lui avoit procurée pour fa fépulture, la fatigue caufée par cette occupation, le conduifit au tombeau en huit jours de temps. Il étoit parvenu à l'âge de 72 ans fans avoir jamais été malade. Il venoit de placer fur l'autel de fa chapelle un christ mort foutenu par Nicodeme, que Clément, Clément, fon fils naturel, avoit fort avancé avant fa mort. MichelAnge travailloit alors à un pareil fujet compofé

de cinq figures, deftiné pour fon tombeau à Sainte-Marie majeure. La nouvelle qu'il en eut le détermina à l'imiter.

Rival de ce grand homme, Baccio fut accufé d'avoir mis en pièces fes cartons, & ceux de Léonard de Vinci, après y avoit pris la correction du deffin & le bon goût d'anatomie qu'il montra dans fes ouvrages à la faveur des eftampes qu'en grava Augustin de Venife. Sa façon de deffiner eft très-favante, & digne d'un maître auffi profond dans la connoiffance de la structure du corps humain, mais cette manière eft trop auftère & même fauvage. Les imitateurs qu'un ancien a fi bien nommés fervum pecus outrent prefque toujours le faire du maître qu'ils prennent pour modèle. Uniquement touché de la fcience avec laquelle Michel-Ange a exprimé les muscles, Bandinelle ramera toutes fes études à cette partie, & ne fit plus de figures qui ne fuffent un Hercule ou un géant. De-là, nulle variété dans fes ouvrages, non plus que dans l'exécution de fes idées. Il étoit peu familier avec les Graces, & eftimoit fes productions au point de les mettre en parallèle avec celles de Michel-Ange. Cette bonne opinion qu'il avoit de lui-même déprifa fouvent fes ouvrages dignès

de juftes éloges, s'ils euffent été produits avec plus de modeftie.

Ses talens furent moins connus de fon vivant qu'après fa mort. Naturellement farouche & peu obligeant, il n'eft pas étonnant qu'il ait eu peu d'amis. Querelleur & proceffif, il parloit toujours mal des ouvrages de fes confrères. Il avoit la mauvaise pratique de mettre des pièces à fes figures pour les raccommoder; quelquefois même il leur ajoutoir une épaule ou une jambe, ce qu'on ne peut attribuer qu'à fon peu d'intelligence à prendre ses mesures.

On compte parmi fes élèves Périn dà Vinci, neveu de Léonard, Barthélemi (7) Ammanati, Vincent Roffi, & J. B. Dominique Lorenzi, qui a fculpté à Florence, au tombeau de MichelAnge, la figure de la peinture & le bufte de ce fameux artiste, Il enfeigna aufli fon art à fon fils naturel nommé Clément, qu'une mort prématurée enleva à Rome avant lui.

Les ouvrages de Bandinelle font,à Rome dans l'églife de la Minerve, les bas-reliefs des tombeaux de Léon X & de Clément VII.

A la cathédrale de Florence, un faint Pierre

¿ (7) Né à Florence en 1511, mort en 1 §92.

dans une niche de marbre, beau pour le deffin," médiocre pour la Sculpture.

Dans la place, vis-à-vis faint Laurent, un gros piédeftal chargé de bas-reliefs, & destiné à recevoir la figure de Jean de Médicis, père du grand duc Côme I, laquelle n'a pas été finie.

Le palais Pitti offre un Bacchus en marbre deffiné dans le goût du Guide; les figures de quelques princes de la maifon de Médicis, & un Laocoon d'après l'antique. Il fit un bras droit à l'original, avec tant d'intelligence, que ce bras qui concourt fi bien à l'action de la figure, imite la manière des artistes grecs. On prétend qu'il ne voulut point rétablir cette partie en. marbre, dans l'efpérance que l'on retrouveroit un jour le morceau de l'original, & qu'il fe contenta de la faire en terre cuite. Dans la grande falle du vieux palais de Florence, on voit fur une eftrade, les figures en marbre plus grandes. que nature, de Léon X, de Jean de Médicis du duc Alexandre, de Clément VII, & de Côme I. La galerie du grand duc possède une. petite figure admirable de Bacchus.

On connoît des gravures en bois & au burin, dues à Bandinelle.

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DANIEL RICCIARELLI,

DIT

DANIEL DE VOLTERRE (1)

QUOIQU'IL

il

UOIQU'IL foit vrai de dire en général que, pour faire de grands progrès dans les arts, faut avoir reçu de la nature un génie élevé, & d'heureufes difpofitions; plufieurs artiftes néanmoins pourvus d'un talent médiocre, deviennent, par un travail affidu, des maîtres célèbres. Daniel de Volterre fut du nombre de ces derniers. Dans tous fes ouvrages on reconnoît moins l'élève de la nature & du génie, que l'artiste formé d'après une étude pénible & continuelle.

Né à Volterre en 1509, il apprit d'abord le deffin de Jean-Antoine Sodoma. Ses commen-. cemens ne furent pas heureux, comme ceux des: jeunes gens qui entrent dans la carrière des arts. Sous Balthazar de Sienne, fon fecond maître il fie des progrès plus rapides. Sa première occu¬ pation fut donc la peinture. On regarde avec

(1) Vafari. Serie degli uomini illuftri

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