taison, comme fon principal ouvrage, la chapelle de la Trinité-du-Mont qui l'occupa sept ans. Les ftucs dont la voûte eft chargée font de lui, ainsi qu'un ornement en feuillage qui entoure le grand morceau de la defcente de croix. Il eft accompagné de deux figures; leur tête foutient un fronton, une de leurs mains eft pofée fur la colonne latérale, & l'autre en tient le, chapiteau. Parmi les beautés que présentent fes peintures, on aperçoit de la féchereffe & de la dureté, loin d'y trouver ces graces & ce charme qui fatisfont le goût des connoiffeurs...

Pour prévenir la jufte critique qu'on en fit & indiquer la longueur du travail que cet ouvrage lui avoit coûté, Daniel fculptà dans cette chapelle deux bas-reliefs de ftuc, comme un monument de fon amitié pour Michel-Ange & le Piombo, dont il n'étoit pas moins jaloux d'imiter les ouvrages, que de fuivre les avis. Le premier fait voir des fatyres, pefant dans une balance des pieds, des jambes, & autres parties du corps humain, pour choisir celles qui font d'un ban poids, & envoyer les mauvaises au Piombo & à Michel-Ange, afin d'en juger. Dans l'autre bas-relief, ce dernier fe regarde dans un miroir

emblême de l'amour-propre qu'il attribuoit à cet artiste.

Volterre dut à fa recommandation l'ouvrage de la fontaine de Cléopâtre, que lui donna Jules III en 1550. Cette fontaine, placée au bout du corridor du Belvedère, a la forme d'une grotte, & eft décorée de la ftatue antique de cette reine d'Egypte.

Après la mort du pape, Daniel se détermina à quitter tout-à-fait la peinture, pour ne plus s'occuper que de la Sculpture. Paul IV en fut la caufe. Il lui ordonna un faint Michel deftiné à l'ornement de la grande porte du château Saint-Ange, & peu après le cardinal de monte Pulciano lui demanda les figures de faint Pierre & de faint Paul, pour les placer dans une chapelle à faint Pierre Montorio, qu'il entreprit de faire orner. Daniel alla à Carrare choisir les marbres néceffaires, & s'arrêta à Florence pour faluer Michel-Ange. Vafari, occupé alors dans le palais du duc, lui montra fes ouvrages, & l'introduifit chez ce feigneur. Daniel, charmé du goût qu'il lui voyoit pour les arts, eut envie de s'attacher à fon fervice. Le duc lui témoigna beaucoup de fatisfaction de fes offres, mais il exigea qu'auparavant, il remplît fes engage

mens à Rome. Daniel refta tout l'été à Florence, & moula en plâtre les figures de marbre qu'a fculptées Michel-Ange dans la nouvelle facriftie de faint Laurent.

Il fe rendit enfin à Carrare, & de-là à Rome; mais il fe hâta de retourner à Florence à l'occafion de la mort d'un jeune homme de fes élèves qu'il aimoit beaucoup. D'après un moule jeté fur fon vifage, Daniel sculpta fon buste en marbre, & le plaça fur fon tombeau, dans l'églife de faint Michel Berteldi. Tel fut le tribut que l'amitié du maître paya à la mémoire de fon jeune élève.

Revenu à Rome, où les marbres de Carrare arrivèrent auffi-tôt que lui, il commença inceffamment les ouvrages que le pape & le cardinal de monte Pulciano lui avoient commandés; mais fon extrême lenteur dans le travail, empêcha qu'ils ne fuffent achevés.

Sur ces entrefaites, le maréchal Strozzi arriva de France. Il étoit chargé par Catherine de Médicis, régente du royaume, d'engager MichelAnge à faire revivre Henri II fous fon cifeau. Tout le monde fait que ce prince fut tué dans un tournois qu'il donna en 1559, à l'occasion du mariage de fa fœur Marguerite avec le duc

de Savoie. Michel - Ange s'en excufa fur fon grand âge, & propofa Daniel à fa place, qu'il promettoit d'aider de fes avis. Strozzi y confentit; & après avoir conféré ensemble fur le projet auquel on s'arrêteroit, Volterre fe détermina à faire un cheval de bronze pour porter le roi armé, & d'après les conseils de Buonarota, il en fit les modèles, qui furent l'ouvrage de quatre ans. Comme il étoit près de le fondre, la fonte manqua ; il l'entreprit avec plus de fuccès une feconde fois. Cet ouvrage le fatigua fi considérablement, qu'il tomba malade. Son humeur triste & mélancolique ne lui permit pas de goûter les douceurs de la joie que donnent les fuccès. Après bien des chagrins & des fouffrances il mourut, en 1966, d'un catarre fuffoquant, à l'âge de cinquante-fept ans. Sa mort l'empêcha de faire la figure du roi. Il ordonna qu'on mît fur fon tombeau la ftatue de SaintMichel qu'il avoit commencée pour le château Saint-Ange. Deux de fes élèves (2), à qui il laiffa une partie de fon bien, exécutèrent ses volontés, & offrirent à l'ambaffadeur de France

(2) Michel Alberti de Florence & Felitiano dà fan Vito de Rome.

de finir le cheval & la figure du roi. Ce cheval ne fut pofé, au milieu de la place royale, qu'en 1639, c'est-à-dire quatre-vingts ans après; lorsque le cardinal de Richelieu le fit venir en France pour porter la ftatue de Louis XIII. Il a vingt palmes de haut fur près de quarante de long, & eft plus grand d'un fixième, 'que celui de Marc Aurèle au capitole.

On compte parmi les élèves de Volterre, fes deux exécuteurs teftamentaires, Léonard Olicciarelli fon neveu, qui fut affez bon Sculpteur, Jules Mazzoni, Pelegrin de Bologne, dit Tibaldi, Marc de Sienne, Jean-Paul Rofetti de Volterre, & Daniel Biagio de Carmigliano, de Pistoie.

GUILLAUME DE LA PORTE (1),

Né à Milan, ce Sculpteur fut inftruit dans fon

art par un oncle qui avoit toujours copié avec beaucoup de foin les ouvrages de Léonard de Vinci. Cet oncle qu'il accompagna à Gênes en 1531, le mit dans l'école de Périn del Vague

(1) Baglione.