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Camille a fait les Vertus cardinales en ftuc & de douze pieds, placées dans des niches, à Saint Ignace; l'autel eft au milieu de deux portes, furmontées d'anges en marbre qui tiennent un nom de Jéfus rayonnant, en bronze doré, avec des ornemens du même métal; deux anges fur l'arcade du maître autel de la Trinité des pèlerins; quatre autres pour les religieufes de faint Sylveftre, ainfi qu'un grouppe d'enfans dans la feconde chapelle de leur églife; deux petits anges au grand autel de S. Vite, deux autres dans la chapelle de la Piété à S. Salvator in lauro, & deux dans l'Oratoire. Tous ces ouvrages font en ftuc.

Dans l'églife neuve des Capucins eft le tombeau en marbre du prince Alexandre Subbiefchi, On y voit une urne cinéraire, & le médaillon du prince foutenu par deux génies & un aigle audeffous. Cette compofition fimple, accommodée à la petiteffe du lieu, & conforme au peu de dépenfe qu'elle a occafionnée, annonce qu'elle eft deftinée à la fépulture du fils d'un monarque. Rufconi n'y paroît pas moins un grand homme que dans fes autres ouvrages.

ANGELO DE ROSSI (1).

CET artiste, né à Gênes en 1671, peut être regardé comme un de ceux qui ont illuftré le bel art de la Sculpture. Ses premières années furent employées à l'étude du deffin, chez Philippe, Parodi, Sculpteur génois. Il alla enfuite fe perfectionner fous des maîtres vénitiens, & vint à Rome âgé de dix-huit ans. Ses études affidues d'après l'antique, & dans les Académies de cette. ville, le rendirent auffi grand deffinateur que grand Sculpteur. Il lia à Rome une amitié fi particulière avec le Trevifani, qu'ils fe défioient fouvent à deffiner à la plume des caricatures non moins belles que curieuses.

L'Académie de S. Luc diftribue annuellement des prix à fes jeunes élèves. Le fujet proposé pour cette année fut Nabuchodonofor qui fait jeter les trois enfans dans la fournaife Le basrelief de Roffi lui mérita la palme & une place, dans l'Académie; le morceau de la crèche dont il lui fit préfent, fut jugé digne d'être expofé publiquement avec les ouvrages des Sculpteurs

(1) Pafcoli. Ratti.

par

destinés à l'ornement de la chapelle de S. Ignace, dans l'église du Jéfus à Rome. Il y a tracé fur le marbre, la confirmation de l'inftitut des Jéfuites Paul III. L'élévation de ce morceau dérobe une partie de fes beautés. Un autre bas-relief qu'on voit dans cette chapelle, exécuté en bronze fur le piédestal d'une colonne, repréfente faint Ignace qui chaffe le démon du corps d'un poffédé. Roffi n'en a fait que le modèle.

Ces ouvrages firent connoître notre artiste, & lui méritèrent la protection du cardinal Ottoboni qui le logea dans fon palais, & lui donna une penfion.

Réfolu de faire élever dans Saint Pierre un mausolée à son oncle Alexandre VIII, il confia les modèles des statues à Roffi, qui furent exécutés par d'autres artiftes. Jofeph Bertozi jeta en bronze la figure du pape; Gagliardi exécuta les vertus de la Religion & de la Prudence, & notre artiste le bas-relief, dont le fujet eft la canonifation folennelle de plufieurs faints, faite par le pape: le pontife bénit un vafe qu'on lui préfenre; plus loin font deux colombes portées fur un plat, & dans un coin le Sculpteur s'eft repréfenté tenant un vafe. L'élégance de cet ou

vrage ( 2 ) lui affigne le premier rang parmi ceux qui ornent cette Bafilique. Je n'ajouterai point que fon auteur confulta la nature jufque dans les moindres détails, & qu'il fit des modèles de différentes grandeurs, tant pour la figure principale, que pour les accessoires.

Clément XI qui aimoit les arts, fit alors orner de figures coloffales, en marbre, l'églife de Saint-Jean-de- Latran. Il en donna une à Roffi; c'est celle de Saint-Jacques-le-mineur qui peut difputer de beauté avec celles des onze autres apôtres dues aux plus fameux artiftes, quoiqu'on puiffe lui reprocher d'être un peu courte.

Outre un bas-relief de la Piété confervé à Gênes, & un petit fatyre qui mange une grappe de raifin, on cite la Prière au jardin des oliviers, dont il fit préfent au cardinal Ottoboni, bas-relief destiné pour le fameux Corelli, mais dont le prix l'empêcha d'être poffeffeur.

(2) Ce bas-relief eft fi eftimé, que Louis XIV le fit inouler, & ordonna qu'on en mît un plâtre dans l'appartement de fon palais à Rome, pour fervir d'étude à la jeuneffe.

La mort vint, en 1715, arrêter le cours des progrès de notre attiste, qui n'étoit âgé que de quarante-quatre ans. Il eft vrai que les fatigues de fon art, & le chagrin de voir fes ouvrages médiocrement récompenfés, avoient totalement altéré fa fanté; de forte qu'il fut moins heureux qu'habile. Ses mœurs douces, fes talens généralement aimés, le firent également regretter. Il vécut dans le célibar, & laiffa à fon frère une médiocre fortune.

Roffi fut un des plus grands Sculpteurs pour le bas-relief, qui aient fleuri en Italie à la fin du dernier fiècle. Non-feulement il furpaffa en ce genre tous fes prédéceffeurs, mais il fert de modèle aux artistes qui font venus après lui. Quand je dis qu'il excella dans le bas-relief, j'en tends le demi-relief. On fait que les Sculpteurs en distinguent de deux fortes : dans la première, les principales figures paroiffent fortir du fond, & les autres font pofées fur un plan plus reculé. Dans la feconde, les figures placées fur une furface unie, occupent la première ligne, celles qui fuivent dégradent peu, les dernières ne font que tracées, & on ne les diftingue qu'à peine. Cette feconde manière, plus difficile que la première, illuftra notre artifte. Il ne laissa

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