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à peine de nullité des prefentes'; du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expofant ou les ayans caufe pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie defdites prefentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin de chacun desdits Livres, foit tenaë pour duëment fignifiée, & qu'aux copies collationnés par l'un de nos amés & féaux Confeillers & Sécretaires, foi foit ajoutée comme à l'Original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'exécution d'icelles tous actes requis & néceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant_clamear de Haro, Charte Normande & Lettres à ce contraires; car tel eft notre plaifir. Donné à Paris le dix-huitième jour du mois d'Avril l'an de grace mil fept cens trente-huit, & de notre regne le vingt-troifiéme. par le Roi en fon Confeil.

SAINSON.

Registré fur le Regiftre X. de la Chambre Royale des Libraires Imprimeurs de Paris, n. 32. fol. 29. conformément aux anciens Réglemens, confirmés par celui du 28. Février 1723 A paris le 20. Avril 1738.

LANGLOIS, Syndic

NOUVEAU

RECUEIL D'ENIGMES.

spanetel

I.

E reffemble au torrent qui par fon cours rapide

Se dérobe à foi-même, & s'enfuit loin de foi ;

Je fuis de l'Univers le Tyran & le Roi, Et de tous les humains le pere & l'homicide.

Les forces de Milon, & les forces d'Alcide Ont tenté vainement de s'oppofer à moi, Les fuperbes Céfars ont fléchi fous ma loi, Et je n'entreprens rien que le Ciel ne me guide.

Tout cede à mon pouvoir par force, ou par

amour,

La Lune & le Soleil font la nuit & le jour,
Afin d'entretenir ma puiffance fuprême.

A

2

Nouveau Recueil

Auffi vieux que le monde, & miniftre du fort, Je conduis ici-bas & la vie & la mort;

Et comme le Phénix, je renais de moi-même.

I I.

ON corps eft animé d'un efprit furieux,
Qui fait un grand fracas auffi-tôt qu'il
s'élance;

Plus je fuis refferré, plus j'ai de violence,
Et je porte la crainte & la mort en tous lieux.

Des obftacles de Mars je fuis victorieux,
Et mon coup eft plus grand que celui de ta lance:
J'excite la tempête, & je marche en filence,
Mon éclat eft fi vif, qu'il ébloüit les yeux.

Ce tonnerre de Mars qui furpaffe sa foudre, Cette bouche d'enfer qui réduit tout en poudre, Je l'imite, & pourtant mon deffein eft fecret.

Je fuis le noeud fatal d'une haute avanture, 'Lorfqu'on me voit fortir de ma prifon obfcure, J'affaffine fouvent le Pere qui me fait.

II.

E même que les Dieux je fuis fils de Cibelle: Quoique je fois commun,je fuis fort précieux. Je meurs afin de vivre, & l'homme induftrieux Me donne tous les jours une forme nouvelle.

Je maintiendrois dans l'homme une vie immortelle;

Il feroit à l'abri du malheur d'être vieux,

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Si d'Adam criminel l'Enfer victorieux, N'eût foumis l'homme au fort de la Parque cruelle.

Je tiens toûjours mon rang à la table des Rois, Je foutiens les Guerriers dans les fameux exploits; Si leur valeur s'abbat, c'est moi qui la conforte.

Les traits de mes Archers défendent mon trésor : Et felon la faifon le Ciel veut que je porte La robe d'Emeraude, & la couronne d'or.

J

I V.

'HABITE une folide & flotante maison,
L'on fait pour m'y tenir une garde fevere;
L'amour le plus jaloux eft celui de ma mere
Qui prend mon raviffeur fouvent à l'hameçon.

Il n'eft point de Palais fi beau que ma prifon
Je fuis un ceil charmant privé de la lumiere,
Et je fuis recherché de l'ame la plus fiere;
Pour pouvoir m'enlever, il n'est qu'une faison.

Mes amans animez à ma riche conquête, Sans craindre le péril, fans craindre la tempête, Afin de m'affranchir font les derniers efforts.

Dans un tombeau vivant je fuis enfevelie, Avec un riche éclat, je fuis ferme & polie; L'on fait de mes beautez les plus rares trélors.

V

V.

EUT-on que je travaille, on m'enchaîne la
A ij

tête ;

ertnom al

Pour mettre cette chaîne, il faut les meilleurs

yeux;

Elle fait mon travail, & le rend précieux :
Selon que je le veux, je peins l'homme, ou la bête;

Je ne me laffe point, & je fuis toûjours prête.
Voyez-moi travailler, je fais cent mille trous,
Sans que je gâte rien; les fages & les fous
S'amuferont à voir entrer, fortir ma crête.

Au fexe je fournis mille innocens plaifirs;
Que de travaux je fais au gré de fes défirs!
Et par moi l'art fouvent égale la nature.

J'inftruis, je divertis, je parle par figure;
Sans moi l'on verroit nuds même les plus grands
Rois.

Ma science, dit-on, fe place au bout des doigts,

V I.

E fais peu de chemin,& je marche à toute heure:
Bien qu'il femble à me voir que mes pas foient
pefans,

Ma vîteffe eft égale à la courfe des ans,
Je voyage toûjours fans quitter ma demeure.

Je ne puis repofer qu'à l'inftant je ne meure ;
Mais les fubtils humains de mon fort artisans,
Pour me reffufciter ont des fecrets puiffans,
Et felon qu'il leur plaît, je fuis pire ou meilleure.

Dans un riche Palais & fous une clef d'or,
Avecque des liens modérant mon effor,
Mes Amans curieux me tiennent afservie.

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