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XLIX.

OR ME' d'invifible matiere,

offeau ;

Je prens mon vol dès le berceau,
J'embellis l'Aube matiniere.

Ainfi qu'un Ange de lumiere
Je rends le Ciel ferein & beau,
Et devant moi la terre & l'eau
Reprennent leur grace premiere.

Par mon retour délicieux
J'appaife le lyon des Cieux,
Et l'ire de la Canicule.

Si vous voulez vous transporter
Au-delà des bornes d'Hercule,
Vous devez me folliciter.

L

L.

E beau nom que je porte est si rempli de char

mes,

Qu'à l'ouïr feulement il ravit les efprits:

Mon corps eft une fleur dont l'éclat eft fans prix, Et bien fouvent l'Amour l'arrofe de fes larmes.

Je donne aux plus vaillans de mortelles allarmes, Et de mon feul abord ils demeurent furpris, Je détruis quand je veux les deffeins qu'ils ont pris, Et fçais bien les dompter fans recourir aux arines.

Je vois de toutes pars les Rois humiliés Apporter leur Couronne & leur Sceptre à mes piés, Et je fuis des humains la Déïté visible.

Mon Empire autrefois s'étendoit jusqu'aux

Cieux.

Qui pourroit expliquer qu'il eût été poffible,
Qu'une fleur paffagere en attirât les Dieux ?

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LI.

Orci l'amoureuse Clytie
Avecque cet enfant fi beau

Qui vit naître & mourir dans l'eau
La flâme qu'il avoit sentie.

Sur eux Flore s'eft divertie
Par fon ingénieux pinceau,
Et brillant d'un éclat nouveau
Amarante eft de la partie.

Ces merveilles font leur féjour
Sur des monts où régne l'amour,
Où les feux fortent de la neige.

C'est là que leur captivité
Eft par un heureux privilege
Plus belle que leur liberté.

L

E meilleur de mon corps fe tient caché fous

terre,

Où durant deux faisons je demeure vivant : Puis on m'en fait fortir pour me faire la guerre, D'un yvrogne abattu j'aide le diffolvant.

Je fuis rond, blanc & net, & poli comme verre; Quand on me fait quitter ma prifon du Parterre, J'ai pour me garantir des injures de l'air, Des robes de fatin d'une couleur de chair.

Ma grace & ma beauté causent tout mon mal-
heur;

Car me voyant paré d'éclatante couleur,
Parfumé pour Bacchus d'une odeur agréable;

On eft de m'approcher tellement curieux,

Que bien qu'à mon abord les pleurs viennent aux

yeux,

Les plus friands mortels m'appellent à leur table.

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+++

A

LIII.

Ux climats où Zéphire a le plus de puiffance, Où Cybelle ma mere a le plus de douceurs, Je fors d'entre fes bras pour me nourrir des pleurs Qu'une Beauté divine épand à sa naissance.

A peine ai je quitté les langes de l'enfance

Que je m'élance en haut, que je furprens les

cœurs;

Que je veux imiter Uranie & fes fœurs,
Et que les Beaux Esprits admirent ma science.

Jene fçais point prévoir, je vis frugalement, Je mets mon plus grand foin à vivre nettement, Et porte fur mon dos un habit angelique.

Pallas a fait pour moi les arbres de la paix,
Je ne fais aucun mal, je ne pique jamais,
Et je paffe mon temps à chanter en Mufique.

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LIV.

La tête d'un camp-volant Que la nature vient de faire, Ainfi qu'un jeune volontaire

Je commence un combat fanglant.

J'ai le cœur fans ceffe brulant
D'une généreuse clere,

Dont ma trompette haute & claire
Devance le coup violent.

Mon attaque

ferme & foudaine

Surprend le plus grand Capitaine,
Quelque ordre qu'il puisse donner;

Et malgré fa Troupe guerriere
Je le choifis fans m'étonner,
Et lui romps droit en vifiere.

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L V.

DEMAND E.

EXPLIQUEZ-moi, fçavant Tyrfis,

Quels Zéphirs amoureux ont mêlé leurs haleines
Au courant des fontaines
Et n'ont produit que des foucis.

REPONS E.

Ces vents dont l'Amour eft le pere,

Sortent d'un antre si caché,

Que je ferois fort empêché

A vous découvrir ce myftere.

Ces triftes meffagers d'un amoureux travail,
Par une porte de Corail

Font toujours leur entrée au monde;
Ils font ennemis de la paix,

Et quand ils font fortis de leur grotte profonde,
Ils n'y rentrent jamais.
XXXXXXXXXXXXXX

LVI.

JE furprens le monde fans bruit,

Et par une noire avanture Compagne de la mort & mere de la nuit, J'efface les beautez de toute la nature.

L'excès de ma grandeur fait que je parois moins,

Et tous les Peuples font témoins

Que je change plus que la Lune.

Mon empire dépend des regards du Soleil,

Il fait ou défait ma fortune

e;

Je régne à fon coucher, je meurs à fon réveil.

LVII.

AINST qu'un long ferpent je traîne

Mon corps à replis tortueux ;

Je fuis fi peu refpectueux,

Que j'enchaînerois une Reine;
Le jour je me tiens dans mes trous,
Et la nuit je les quitte tous.

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