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Je m'accommode autems, & je fuis la saison ;
Je m'agite fans ceffe en ma belle prison,
Et d'un filet dépend & ma mort & ma vie.

V I I.

le rare

Je fuis le confident de fes vers accomplis,
Ses ennemis fouvent foüillent mon teint de lis,
En grimpant vainement fur la double montagne.

Les rivages de l'Inde & du fleuve d'Espagne,
De riches raretez ne font pas fi remplis ;
Les Heros dans l'oubli feroient enfevelis,
Sans l'immortalité qui me fert de compagne.

Partagé des couleurs de la nuit & du jour,
Interprête des cœurs, & confident d'amour,
J'exprime fes défirs par un muet langage;

Et quand les libertins corrompent ma candeur,
Je fais fouvent rougir l'innocente pudeur,
Ce papier ne doit pas en dire davantage.

++

VIII.

++

E fuis fouvent dans l'eau pour le bien de la

JE

terre,

Je présente la vie, & je donne la mort;

Et mon trait élancé par un fecret effort,
N'eft pas moins dangereux que celui du tonnerre.

Ceux qui pour leur profit me font faire la
guerre.
Admirent le pouvoir que me donne le fort,
Voyans que le plus foible entraîne le plus fort,
Et que mon ennemi de lui-même s'enferre.

macemok

Je n'attaque jamais, je ne fais point de bruit;
Je frappe en reculant, & plus on me poursuit;
Et plus je fuis certain d'acquerir de la gloire.

Je fuis fouvent captif dans les bras de Doris;
Sans quitter mes liens j'emporte la victoire;
Et celui qui me prend, a le fort d'être pris.
+++

J

I X.

'Ar comme le tonnerre une effroyable voix!, t
Il n'eft point ici-bas de monftre plus fauvage,r
Je cours en ferpentant les plaines & les bois, e
Et l'Hydre en fa fureur feroit moins de ravage. z

J'éclate de couroux, & j'écume de rage, z
Je fappe les maifons, & renverfe leurs toits. o
Tout le monde s'enfuit, alors que je parois; t
Et fi quelqu'un m'attend, la mort eft fon partage.

Dont le fuperbe front semble toucher les Cieux,

Ces amas de rochers, ces monts audacieux,

Doutent fi devant moi leur place efst assurée.

On voit par ma fureur leurs larges flancs ou

verts,

Et je pourrois enfin détruire l'Univers.
Si le Ciel à ma force égaloit ma durée.

U

X.

NE Amante dès fon bas âge

Sattache avec des noeuds d'aimant

A fon cher & fidelle Amant,

Dont la beauté lui fait ombrage.

et

m

Nature a commencé l'ouvrage, e
Le Soleil s'y porte ardemment,
Et fa fœur d'un regard charmant
Favorife leur mariage.

Le cher gage de leurs amours
Adoucit l'ennemi de nos jours,
Et fans magie eft plein de charmes.

On voit cet enfant triompher
Quand få mere a fenti le fer,
Dont le coup l'a réduite aux larmes.

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X I.

ANS Palais des Rois où le luxe commande,

Djembellis les feftins, & les jeux de la Cour;

Je fais voir des beautez qui bruleroient l'amour,
Je précede les Rois, le voleur m'appréhende.

Je m'éleve partout, & ma gloire eft fi grande,
Que des Dieux immortels j'habite le féjour;
On m'y conduit en pompe & la nuit & le jour,
Et fouvent je leur fers de victime & d'offrande.

J'ai pour ame le feu qui dévore mon corps,
Et ne pouvant fouffrir fes funeftes efforts,
Je fais couler enfemble & mes pleurs & ma vie.

Orace des humains! qui gouvernez mon fort,
Faut-il périr ainfi pour vous avoir fervie,
que de mon travail le loyer foit la mort ?

Et

в

et

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J

XII.

E m'applique au travail pendant toute l'année : Mais j'agis davantage aux plus grandes chaleurs Je ne repofe point deffus le lit de fleurs,

Où le Ciel me permet de paffer la journée.

Quand l'Aurore en pleurant fa course a termi-
née,

Je fors pour m'enrichir du butin de fes pleurs,-
Sans rien craindre, exercer le métier des voleurs ;
Mais voler noblement, voilà ma destinée.

Echo dans la campagne, Echo dans les Forêts
M'importune & m'afflige avec fes regrets;
Et partout où je fuis, je chéris le filence.

J'aime pourtant le bruit au milieu des hazards
Où quelquefois mes cris appellent le Dieu Mars;
Quoiqu'en tirant mes traits, moi-même je m'of-
fenfe.

XIII.

Lisages ont nou té ma nalého

Es Sages ont douté qu'elle étoit ma naiffance,

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La fortune en naiffant me rend digne d'un Roi;
Et c'est moi qui foutiens la vieilleffe & l'enfance.

Sans l'aide de Venus une Vierge a puiffance,
Toute chafte qu'elle eft, de m'engendrer de foi;
Ainfi naquit Pallas, fi l'on ajoute foi

Aux propos que l'on tient fur fa divine effence.

Ma figure eft semblable au cercle nompareil
Où commence & finit la courfe du Soleil,
Et j'ai comme cet aftre une vertu feconde.

Je fuis, comme l'on fçait, privé de sentiment; Bien que j'infpire aux miens l'ame & le mouve

ment,

Et je meurs à l'instant que je les mets au monde.

U

XIV.

'N heureux climat a produit
Ces aimables infortunées,
Que leurs Amans ont destinées,
A brûler le jour & la nuit.

Mercure avare les poursuit
Aux terres les plus éloignées ;
Puis elles font emprisonnées.
Leur extrême bonté leur nuit,

Leur mort en délices féconde
Les met en bonne odeur au monde,
Et fert de facrifice aux Dieux :

Mais quand leur corps eft dans la flâme,
On voit auffi-tôt que leur ame
Prend fon vol, & s'éleve aux Cieux.

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X V.

Superbes Beautez qui triomphez du monde,

trompeur,

Vainement ébloui par un éclat
Vos charmes & les miens ne font qu'une vapeur,

Et fur l'erreur des fens nôtre Empire fe fonde.

Αγ

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