re. M. MICHAUT. Bon! tous les jours vous en faites autant. Qu'on ne peut être noble et porter ces noms-là. De toutes les rigueurs ce seroit la plus grande; ORONTE. enrager. Je voudrois fort, monsieur, vous pouvoir obliger. Et rappeler de loin une famille illustre : Mais dans tous mes écrits jamais aucun appas M. MICHAUT. Ma foi, mon père est mort sans m'en avoir parlé : ORONTE. Qu'étoit-il? avoit-il quelque grade? M. MICHAUT. Entre nous, Feu mon grand-père étoit mousquetaire à genoux. Quelle charge est-ce là? ORONTE. M. MICH AUT. C'est ce que le vulgaire En langage commun appelle apothicaire. ORONTE. Fi! M. MICHAUT. Dépend-il de nous d'être de qualité ? N'eut que moi seul d'enfant, et passant mon attente, ORONTE. Je voudrois le pouvoir, j'y serois disposé : M. MICHAUT. Greffez-moi sur quelque vieille tige. Cherchez quelque maison dont le nom soit péri; Ajoutez une branche à quelque arbre pourri: Enfin, pour m'obliger inventez quelque fable; Et ce qui n'est pas vrai rendez-le vraisemblable. Un homme comme vous doit-il être en défaut? ORONTE. Et comment, s'il vous plaît, vous nommez-vous? M. MICHAUT. ORONTE. Ce nom-là n'est point noble, assurément. M. MICHAUT. Michaut. Qu'importe? ORONTE. Michaut? un gentilhomme avoir nom de la sorte? M. MICHAUT. Pourquoi non? Croyez-vous qu'à la cour chacun ait son vrai nom? ORONTE. Je vous l'ai déja dit, monsieur, aucun appas M. MICH AUT. Parbleu, tant pis pour vous d'être si formaliste. Qui pour quelques louis que je lui donnerai Qui jamais de noblesse a vu source moins pure? SCÈNE III. MADAME GUILLEMOT, ORONTE, JASMIN. MADAME GUILLEMOT. EST-CE vous qui faites le Mercure, Monsieur ? ORONTE. Oui, madame. MADAME GUILLEMOT. Oui? l'aveu m'en semble bon ORONTE. En avez-vous besoin, madame? MADAME GUILLEMOT. Qui? moi? non. A moins d'être d'un goût insipide et malade, ORONTE. Ah, ah! voici d'un style un peu rude. MADAME GUILLEMOT. Pour vous, Quelque rude qu'il soit, il est encor trop doux. ORONTE. Je crois qu'avec raison vous êtes en colère, Mais je ne sais par où je vous ai pu déplaire. Je m'examine en vain, et vous m'embarrassez. MADAME GUILLEMOT. Regardez mon habit, il vous en dit assez. Ne l'entendez-vous pas ? ORONTE. Non, je vous le confesse MADAME GUILLEMOT. O ciel! que vous avez l'intelligence épaisse ! que c'est de moi que vous vouliez parler, Quand certaine bourgeoise, à qui la mode est douce, Pour être en cramoisi fit défaire une housse. De vous ? ORONTE. MADAME GUILLEMOT. J'en défis une, et ne m'en cache pas. J'avois un lit fort ample, et d'un beau taffetas; A force d'être large, il étoit incommode, Et le tapissier Bon le remit à la mode. Par les soins que je pris, j'eus de reste un rideau ; Quand vous voudrez écrire, ajustez mieux vos contes, ORONTE. Quand je fis cet article, il le faut avouer, C'est un avantage... |