Qu'est-ce qu'a fait la vôtre en fuyant la vertu, AMINTE. Et qui prend dans son sort plus d'intérêt que moi ? ÉSOPE. Quand on est fils de maître, on est bientôt savant. AMINTE. J'ai pu la marier, et ne l'ai pas voulu. ÉSOPE. Vous eussiez bien mieux fait; elle eût bien mieux valu: AMINTE. Mais vous ne songez pas que je serois grand'mère. Si quelqu'un m'appeloit de ce nom décrépit. Moi qui, grâces au ciel, ait le teint aussi frais, Théâtre. Com. en vers. 3. R 9 est malicieux comme un petit dragon; Il ne me laisse rien de ce que j'ai de bon. Est à moi seule. Vous me pardonnerez, vous-même, s'il vous plaît. Dès quand j'étois enfant, ma sœur me le conserve; Et c'est elle aujourd'hui qui veut que je m'en serve. AGATHON. Elle m'a dit à moi, pendant notre dîné, Que c'étoit à nous deux qu'elle l'avoit donné: CLÉONICE. Vous? vraiment je vous admire! Il n'est rien de si beau qu'un garçon qui se mire. Fi! AGATHON. Pourquoi fi? CLÉONICE. Pourquoi? Fi! vous dis-je. AGATHON. On dit que mon visage est assez ragoûtant. Pourtant 1 CLÉONICE. Vous croyez donc, mon frère, avoir beaucoup d'appas? AGATHON. Et pourquoi, s'il est vrai, ne le croirai-je pas ? S'il pouvoit vous venir la petite vérole! Tenez, ma grande sœur me garde une pistole Plus vous deviendriez laid, plus je serois joyeuse. AGATHON. Vous qui ne craignez rien, vous êtes bien heureuse. É SÓPE. Non. Je vous trouve tous deux un charmant petit couple ; AGATHON ET CLÉONICE, ensemble. ÉSOPE. Écoutez bien tous deux ce que je vais vous dire. Il faut, quand on est beau, qu'on soit encor plus sage. (A Agathon.) Entendez-vous, mon fils? Je vous rends grâce. AGATHON. Oui, monsieur, j'entends bien ESOPE, à Cléonice, Et vous (car je ne cèle rien), Vous pour qui la nature a paru plus cruelle, Mirez-vous, mais pour voir que vous n'êtes pas belle. Et par une conduite exempte de murmure 2. CLÉONICE. Oui, monsieur. Grâce au ciel, j'ai la mémoire bonne. Nous craignons, vous et moi, quelque chose de pire. ÉSOPE. Pour vous sauver de tout, je vais vous reconduire; Et si la gouvernante ose nous raisonner, Vous verrez de quel air je m'en vais la mener. FIN DU TROISIÈME ACTE. SCÈNE I. AGENOR, DORIS. DORIS. N'ALLEZ pas sottement, pardonnez-moi ce terme, (Mais dans votre dessein je vous trouve si ferme, AGÉNOR. Quoi! son père me perd, Esope m'assassine, Mais pour Ésope, non. Quoi que j'en puisse craindre, DORIS. Et que peut-on lui faire au-delà de l'insulte? |