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SOSIE.

Je crains que tout ceci n'amène rien de bon.

SIMON

On arrive au tombeau. Là, selon la coutume,
Le corps sur le bûcher se brûle, se consume.
Cette sœur de Chrysis, dans ces tristes moments,
Faisant retentir l'air de ses gémissements,

Se jetant sur ce corps que la flamme dévore,
Pour la dernière fois veut l'embrasser encore.
Pamphile, pénétré des plus sensibles coups,
S'avance, presse, accourt, se fait jour parmi nous,
Et de ses feux cachés découvrant le mystère,
L'arrête; et, tout rempli d'amour et de colère,
«Ma chère Glicérie, hélas! dit-il, hélas !

<< Mourons ensemble, au moins !... » Elle tombe en ses bras. Leurs yeux se rencontrant nous firent trop entendre

Qu'ils s'aimoient, dès long-temps, de l'amour le plus tendre.

Que me dites-vous là?

SOSIE

SIMON

Je retourne au logis, Dans le fond de mon cœur pestant contre mon fils, Et n'osant pourtant point lui montrer ma colère; Car il n'eût pas manqué de me dire : « Mon père, « Quel mal ai-je donc fait ? Quel crime ai-je commis ? « J'ai donné du secours à la sœur de Chrysis;

<< Dans la flamme elle tombe, et ma main l'en retire. >> Tu vois bien qu'à cela je n'aurois rien à dire.

SOSIE.

C'est savoir à propos domter sa passion.

Le quereller après une telle action!

Après un mauvais coup que pourroit-il attendre?

SIMON.

Chrémes ne voulant plus de mon fils pour son gendre, Vint dès le lendemain pour me le déclarer,

Ajoutant qu'on n'eût pu jamais se figurer

Que mon fils, sans égard, sans respect pour son père,
Vécût, comme il faisoit, avec cette étrangère.
Moi, de nier le fait, lui, de le soutenir.

Je m'emporte... Mais lui, ne cherchant qu'à finir,
J'eus beau lui rappeler sa promesse et la mienne,
Il me rend ma parole et retire la sienne.

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Il m'auroit dit, comme je m'imagine:

<< Mon père, en attendant le choix qu'on me destine, ༥ Et pour lequel enfin je vois tout disposer,

<«< Prêt à subir le joug que l'on va m'imposer,

« Dans le reste du temps, qui ne durera guère,

« Qu'il me soit libre, au moins, de vivre à ma manière. »

SOSIE.

Quel lieu donc aurez-vous de le réprimander?

SIMON.

Le refus ou l'aveu me fera décider.

S'il recule ou s'oppose à ce feint mariage,

Tu m'entendras pour lors prendre un autre langage:
D'un ridicule amour, par lui-même éclairci,

Je lui montrerai bien si l'on doit vivre ainsi...

Mais suffit. A l'égard de ce maraud de Dave,
Qui depuis si long-temps et me joue et me brave,
Et qui, pour me tromper, fait agir cent ressorts,
Il fera pour mon fils d'inutiles efforts.

A me fourber aussi le traître veut l'instruire,
Et songe à le servir beaucoup moins qu'à me nuire.

Eh! pourquoi donc cela?

SOSIE.

SIMON.

Quoi! tu ne le sais

pas
?

Ah! c'est un scélérat qui ne peut faire un pas...
Mais baste!... Si j'apprends qu'en cette conjoncture
Le fourbe contre moi prenne quelque mesure,
Tu verras... Souhaitons seulement que mon fils
Soit à mes volontés aveuglément soumis,
Qu'il ne me reste plus qu'à renouer l'affaire.
Pour adoucir Chrémès je sais ce qu'il faut faire.
Ce que je veux de toi, c'est de persuader
Que l'hymen de mon fils ne se peut retarder;
D'appuyer ce mensonge, et jurer sur ta tête
Que ce jour-ci, ce jour est marqué pour la fête ;
D'intimider ce Dave en cette occasion.

C'est tout ce que je veux de ton affection.

SOSIE.

Vous pouvez maintenant dormir en assurance.

Va, rentre.

SIMON.

(Sosie rentre chez Simon.)

SCÈNE III.

SIMON, seul.

QUE de soins, sans aucune espérance!

Après bien des tourments, poster, gronder, crier,
Pamphile ne voudra jamais se marier.

Dave m'a trop instruit; et, malgré sa contrainte,
Le trouble de ses yeux m'a découvert sa crainte,
Lorsque je témoignai... Mais voici le maraud!

SCÈNE IV.

DAVE, SIMON.

DAVE, તા part, sans voir d'abord Simon.
On appelle cela le prendre comme il faut.
Très certain qu'à son fils on refuse une fille,
Avec beaucoup de bien et de bonne famille,
Le bonhomme fait voir un modeste maintien,
Sans en dire un seul mot, sans en témoigner rien,
SIMON, à part.

Il parlera, maraud! donne-toi patience:
Tu n'en seras pas mieux, ainsi que je le pense.
DAVE, à part.

Je vois bien ce que c'est le bon vieillard a cru
Que sous l'espoir flatteur de cet hymen rompu,
Et nous ayant leurrés de cette fausse joie,
Nous passerions des jours filés d'or et de soie ;

Sans trouble, sans chagrin, lorsqu'il viendroit, tout net Le contrat à la main, nous saisir au collet...

La peste, qu'il en sait!

SIMON, part.

Ah! le maudit esclave?

Théâtre. Com. en vers. 4.

2

DAVE, à part.

Je ne le voyois pas; c'est mon vieux maître.

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DAVE, feignant de commencer à le reconnoître.

Ouf!... Pardonnez, de grâce!...

SIMON, l'interrompant.

Je t'excuse, voleur! mais reste en cette place.

Vous n'avez qu'à parler.

DAVE.

SIMON.

Hein?

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