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ZACORIN.

Oh! parbleu!

Madame, finissons au plus tôt tout ce jeu.

LUCELLE.

Allons, courons, volons dans quelque île déserte;
Que ta vue à la mienne à tous moments offerte,
Puisse par ses rayons répondre à cette ardeur,
Que des traits si charmants allument dans mon cœur!

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Quel galimathias! Si sa folie augmente,

Je crains bien qu'à la fin le diable ne me tente.
Nous sommes ici seuls, personne ne nous voit;
Par ma foi, laissons-lui le diamant au doigt,
Et voyons-en la suite.

LUCELLE.

Achève ton ouvrage,

Amour; jadis tes mains pétrirent ce visage,

Rends sensible son cœur.

ZACORIN.

Courage, Zacorin.

Il ne faut pas rester dans un si beau chemin; Et sans considérer où tout ceci m'embarque... (Il veut l'embrasser.)

SCÈNE IV.

LE ROI, LUCELLE, ZACORIN.

LE ROI, dans son bon sens.

AH! je vous y prends donc?

ZACORIN.

Il vient bien mal à propos.

Peste soit du monarque!

LE ROL

Me faire un tel affront?

Quoi! me vouloir planter des cornes sur le front?
Quoi! sur un front royal orné du diadème?

ZACORIN.

Ce n'étoit que pour rire.

LE ROI.

Ah! quelle audace extrême!

Comment! m'oser trahir par telles actions?

ZACORIN.

On trahiroit son père en ces occasions.

LE ROI,

Et vous qui dans l'abord faisiez tant la farouche,
Vous que je destinois au plaisir de ma couche,
Vous n'auriez pas, je pense, appelé du secours?

LUCELLE.

Quel es-tu pour tenir de semblables discours?
Est-ce à toi de régler mon amour ou ma haine?
J'aime ce cavalier; n'en vaut-il pas la peine?
Qui peut en murmurer? Je suis reine, je croi.

LE ROI.

Pas tout-à-fait encor; mais pour moi je suis roi,
Et quand il me plaira vous deviendrez sujette.

LUCELLE.

Le joli roitelet!

LE ROI.

La plaisante reinette!

LUCELLE.

Oui, vous avez beau dire et vous mettre en courroux, Je l'aime, et je prétends en faire mon époux.

LE ROI.

Elle est ensorcelée. Aimer cette figure!

ZACORIN.

'Hélas! c'est malgré moi, sire, je vous assure; Et je voudrois pouvoir vous donner mes attraits, Pour que vous puissiez plaire autant que je lui plais.

LE ROI.

Ah! vous lui plaisez donc, vieux masque de satyre?
Et vous avez encor le front de me le dire?
Nous allons voir cela. Madame, en ce moment
Renoncez pour jamais à cet indigne amant,

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LUCELLE.

Ah! ne l'espérez pas;

Je prétends vous aimer au-delà du trépas.

Mourez, et soyez sûr...

ZACORIN.

Le diable vous emporte!

Je me passerai bien d'être aimé de la sorte.

Holà! gardes.

LE ROI.

ZACORIN.

Seigneur, on va vous obéir;

Je vais tout employer pour me faire haïr.
Je vais lui chanter pouille, et je me persuade
Que vous serez content: la laide, la maussade,
La vieille, la guenon!

LUCELLE.

Que ce transport m'est doux!
Il part, je le vois bien, d'un mouvement jaloux,
Et je t'en aime encor mille fois davantage.

ZACORIN.

Ce n'est pas un amour, parbleu! c'est une rage.

LE ROI.

Puisqu'il n'avance rien, qu'on l'ôte de mes yeux.

LUCELLE.

Ah! laissez-moi du moins recevoir ses adieux.

ZACORIN.

Morbleu! retirez-vous. Seigneur, un mot,

de grâce.

LE ROL

Non, c'en est fait.

ZACORIN.

O ciel ! que faut-il que je fasse?

Arrachons-lui la bague, il n'est que ce moyen,

SCÈNE V.

LE ROI, PHILANDRE, LUCELLE, ZACORIN.

PHILANDRE.

DANS l'état où je suis, non, je n'écoute rien;
Sire, me retirant d'une prison affreuse,
Vous me rendez la vie encor plus malheureuse.
Je renonce à ma grâce, et je viens en ces lieux,
Puisque je perds Lucelle, expirer à vos yeux.

LE ROI.

Que diable celui-ci vient-il encor me dire?
Tout ce qui te plaira, vis, meurs, respire, expire,
Crève, si tu le veux, je le trouverai bon;

Mais, dis-moi, qui t'a pu tirer de ta prison?

C'est vous-même,

PHILANDRE.

seigneur.

LE ROI.

En voilà bien d'un autre !

PHILANDRE.

Je n'ai, pour en sortir, eu d'ordre que le vôtre.

LE ROI.

Tu te moques de moi, je n'y songeai jamais;
Mais, puisque c'en est fait, sois sage désormais.

PHILANDRE.

Ah! laissez-moi du moins m'adresser à Lucelle.
Après tant de serments, cœur volage, infidèle !

LUCELLE.

Que me demandez-vous ? que vous ai-je promis?
Je veux perdre le jour, si jamais je vous vis.

PHILANDRE.

Dieux, quelle cruauté ! quoi! la parjure oublie,
Qu'elle doit à mon bras son honneur et sa vie?

LUCELLE.

Moi, je ne vous dois rien; c'est à ce cher amant,
Qui vá pour moi mourir dans ce même moment.

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O ciel! qu'entends-je encore?

Lucelle perd l'esprit, il n'en faut plus douter.
Tantôt à ses chagrins se laissant emporter,

Ses sens se sont troublés; ma prison en est cause,

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