ZACORIN. Seigneur, permettez-moi de vous dire la chose. PHILANDRE. Je ne veux rien entendre, et dans un tel malheur Comment! quel est donc ce langage? Je joue ici, me semble, un plaisant personnage. ZACORIN. Il faut finir ce trouble. Enfin, belle Lucelle, Eh bien! il faut mourir; mais avant ce moment, Je respire, et n'ai plus à craindre pour ma vie. dieu merci, rentrer dans sa folie. Le roi va, LUCELLE, dans son bon sens. Que vois-je ? quel objet se vient offrir à moi? Philandre, cher Philandre, est-ce vous que je voi? Hélas! d'où sortez-vous, et d'où viens-je moi-même ? PHILANDRE. Elle me reconnoît. Ah! ma joie est extrême! ZACORIN. La bague qu'à l'instant le roi vient de reprendre ; PHILANDRE. Quoi! ne puis-je savoir en peu de mots?... ZACORIN. C'est un tour qu'a joué notre magicien. LE ROI, dans sa folie. Eh bien ! Où suis-je ? quels transports! c'est l'enfer qui m'appelle; PHILANDRE. Allons trouver Alquif, il saura nous instruire Dans un moment d'ici nous revenons à toi. SCÈNE VI. LE ROI, ZACORIN. LE ROI, dans sa folie. Oui, le sceptre me pèse, il faut que je le quitte; SCENE VII. LE ROI, ZACORIN, GUILLOT. LE ROI, à Guillot. SEIGNEUR, montez au trône, et commandez ici. GUILLOT. Connoissez-vous Guillot, pour lui parler ainsi? ZACORIN. Je ne m'attendois pas à ce trait de folie: Mais il faut l'appuyer. LE ROI. Allons donc, je vous prie, Régnez, je vous remets mon trône et mes États. GUILLOT. Vous vous gaussez de moi, je ne les prendrai pas. ZACORIN. Quoi! tu peux refuser l'offre d'une couronne? GUILLOT. C'est pour se goberger, morgué, qu'il me la donne. Théâtre. Com. en vers. 4. 23 ZACORIN. Non vraiment, c'est le sort qui décide pour toi. Voilà ton tour venu. GUILLOT. Ça pourroit-il bien être ? Mais dès demain possible on va m'envoyer paître. ZACORIN. Et quand cela seroit, que t'importe, innocent? GUILLOT. Morgué ce trône est haut, et j'en crains fort la chute: Ne me faites pas faire au moins la culebute. ZACORIN. Votre seule vertu vous y fait parvenir, Cette couronne est due à votre auguste tête. GUILLOT. Ah! mon auguste tête est, sire, toute prête. LE ROI. Prenez ce sceptre en main. GUILLOT. Fort bien, me voilà donc à présent souverain? GUILLOT. Cette cérémonie est morgué des plus drôles; ZACORIN. C'est au roi dépouillé. LE ROI. Que parlez-vous de jeu ? vous croyez qu'on se raille? Montez, montez au trône. GUILLOT, montant sur le trône. Allons, vaille que vaille. ZACORIN. Ce monarque est bien fou, mais je trouve aujourd'hui Que le pauvre Guillot est aussi fou que lui. Votre nom? LE ROI. GUILLOT. C'est Guillot! sire, à votre service! LE ROI. Que de ce nom fameux Cocagne retentisse, GUILLOT, sur le trône: Vous souhaitez qu'il vive, eh bien! à la bonne heure. Tu dormiras trois jours si tu veux tout de suite, |