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Mais non nulle Philofophie ne permet ces tranfgreffions, ni ne les avoue.

Reclamerez-vous les droits naturels d'ufer de votre corps, de votre intelligence, de votre volonté, de votre liberté, des plaifirs de cette vie, dont nos Modernes affectent de dire que la Religion demande le facrifice, plus que la Philofophie.

Mais 1o. c'est une allégation fauffe. La Religion par elle-même, n'exige rien de contraire à la fanté, ni à la vigueur du corps ( a ); & la Philofophie demande par ellemême, la retenue, la fobriété, la tempérance, aussi - bien Religion (b).

que

la

(b) La premiere idée, dit Bayle, qui fe préfente à ceux qui veulent examiner l'é

(a) Pour que notre, fection chrétienne. raifonnement foit jufte, il n'est pas néceffaire que la Philofophie porte la vertu auffi loin que la per

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tat d'irreligion, est

20. Le facrifice de nos lumieres naturelles, fur ce qui concerne les causes primitives, eft-il un fi grand facrifice? J'en appelle à la bonne foi des Philofophes qui ont étudié l'hiftoire de l'efprit humain. La Religion ne nous ôte pas une de nos connoissances utiles & réelles. Elle affermit celles qui font chancelantes, & nous en donne que nous n'aurions pas fans elle fon flambeau s'allume, où celui de la raifon s'éteint. De quoi

l'idée d'une liberté | comparable, en fait fort heureuse, felon le monde, dans la quelle on fatisfait tous fes defirs fans aucune crainte, fans aucuns remords. Cette idée s'enracine fi avant dans l'ame, & en occupe tellement la capacité, que fi quel qu'un nous vient dire que l'état d'un homme pieux n'eft point

d'avantages temporels, à celui d'un Epicurien nous rejettons cela comme un menfonge très-abfurde ; & cependant ce menfonge prétendu a de fon côté une foule de raifons très-fortes, comme Plutarque l'a fait voir. Diction. au mot Epicure. Remarque R.

fe

fe plaint-on? La raison ne com prend rien aux mysteres ; cela est vrai mais elle voit évidemment que Dieu peut communiquer à l'homme la connoiffance de certaines véritez, fans lui en communiquer les démonftrations. Si elle pouvoit en douter; on la rappelleroit à toutes fes connoiffances naturelles, qui font à peu près dans le même cas. Le Philofophe fait-il ce que c'eft la lumiere qu'il voit, l'air qu'il refpire, la terre qu'il foule de fes pieds, le feu qui lui donne la vie? Connoît-il l'art du germe de la moindre plante, du moindre vermisseau ? Tout eft myftere pour lui dans les chofes qu'il voit, qu'il touche, dans lesquelles il existe ; & ilfe câbre, lorfqu'il ne comprend pas l'infini.

que

La volonté eft captive fous la Religion; il faut renoncer à fes

penchans, à fes goûts..... Eft-ce quevous en auriez de ceux que la Religion condamne ? On vous demande fi la Philofophie les approuve? Qu'est-ce que la vertu, felon la Philofophie, même d'Epicure? Une volonté fubjuguée. Où irons-nous pour avoir cette liberté que nous demandons? La nature fage, qui nous a donné les forces, a crû devoir les limiter pour la confervation même de notre être. L'ordre public les a bornées encore, pour nous affurer notre bien-être. Que ferions-nous fi nous avions les aîles de l'aigle & la force du taureau ? Il a fallu nous garotter les mains, le coeur, & l'efprit pour notre propre repos : cela. eft évident. Que doit faire le Philofophe, s'il eft vraiment tel? Se renfermer dans les limites, & fe tenir toujours en-deçà, s'il craint de fe heurter contre elles.

Il faudra donc renoncer à tout, fe concentrer en foi-même,dire adieu à tous les plaifirs. C'en eft fait...

On eft fàché de le dire: tant d'objections décélent un intérêt fécret.

Plutarque a fait un Livre exprès pour prouver qu'on ne peut vivre heureux en fuivant la doctrine d'Epicure. Un moderne, , philofo phe auffi profond, qu'ami fincere de l'humanité, a démontré qu'on ne pouvoit être malheureux avec la vertu (a). Enfin, voici un apologue, qui eft vieux, mais qui fera voir, qu'il y a long-tems qu'on a répondu à ces difficultez, qu'on croit nouvelles.

«On raconte qu'Hercule em» baraffé du parti qu'il devoit prendre en entrant dans le mon

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(a) La Théorie des Sentimens agréables, par M. PE

vêque de Pouilly. Chez David le jeu

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