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» Tyran. La Morale d'Epicure a t-elle, je ne dis pas égorgé les Tyrans; à-t-elle produit, je ne pas un héros, un légiflateur, » un chef de nation, un miniftre » de quelque Roi, un défenseur » du peuple, un homme qui ait » fouffert pour la juftice, qui foit » mort pour elle; mais un homme qui fe foit feulement embarqué pour fa patrie, qui ait fait » pour elle la moindre dépense? Qu'on nous en cite un feul qui ait travaillé pour le bien public.

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» Métrodore une fois en fa vie fit

5 un voyage de 40 stades (a) pour

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rendre un fervice à un certain Mithra, officier du Roi Lyfimaque. Epicure en écrivit des lettres à tout l'univers : c'étoit » l'effort d'une vertu fublime. Qu'auroient-ils dit, fi, comme » Ariftote, ils euffent rebâti leur (a) Environ une lieue & demie.

patrie; & s'ils l'euffent, comme Théophrafte, remife deux »fois en liberté ? Le Nil n'eût point produit affez de papier pout cé»lébrer tant de gloire.

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Mais, ce qui me paroît le plus infoutenable, ce n'eft point » que de tous les Philofophes ils » foient les feuls qui ne fournif»fent point leur contingent à la fociété; tandis les Poëtes que même,jufqu'aux comiques, plai» dent la cause du bien public & des loix : c'eft que, s'ils parlent » du gouvernement, c'eft pour dé»fendre d'y prendre aucune part; s'ils parlent de l'Eloquence, c'eft » pour la mettre au rabais; s'ils parlent de la Royauté, c'est pour » vanter le bonheur de ceux qui » vivent fous les Rois ( a). Ils tour

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(a) Epicure étoit té eft le repos de tous vraiement dans fes par le travail d'un principes: Laroyau- | feul.

» nent en ridicule les Héros amis de la liberté & de la gloire » ; » Qu'étoit-ce qu'Epaminondas? Peu de chofe: un corps fans ame, une »ame de bois (a),& encore n'avoit»il que l'écorce. Quelle mouche lepiquoit pour aller courir comme un fou par-tout le Peloponéfe, tandis qu'il pourroit refter chez lui tranquilement affis, la tête dans fon

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» bonnet?

Nous laiffons au Lecteur à juger lui-même fi ce Difcours de Plutarque eft une vaine déclamation fans fondement, ou un expofé fidéle des conféquences d'un fiftême qui ramene tout au bien être perfonnel dans cette vie.

Qu'on fuppofe en concurrence l'Epicurien avec l'homme qui reconnoît l'œil de la Providence : le premier a pour lui, non-feu

(4) Un homme qui | Σιδήρεον σπλάγχνονό ne fentoit point:

lement

lement, les moyens légitimes qui font les talens, la capacité, les amis, les dehors de la vertu, les témoignages des honnêtes gens, fas; mais encore le menfonge, qui ne fera point honteux lorfqu'il ne pourra être prouvé; le parjure, qui, fans la Divinité, n'est qu'une rufe pour attraper les fots ; la calomnie qui tue, fi elle pénétre, & qui laiffe au moins la cicatrice, fi elle guérit; enfin, il aura tous les moyens les plus violens, nefas, pourvû qu'il puiffe s'affurer de l'impunité, foit par la force, foit par l'artifice; ou que les fuites du mauvais fuccès de l'entreprise for mée foient plus fâcheufes encore pour lui, que celles des mauvais

moyens.

Qu'on fuppofe deux concurrens, perfuadez tous deux des principes métaphyfiques d'Epicure, tous deux adroits, tous deux

K.

puiffans, tous deux également ardens, également preffez par la cupidité, par le befoin, par la douleur; on entrevoit le spectacle de tout ce qui peut rendre odieufe l'efpece humaine. Qu'on mette deux Nations à la place des deux hommes; on a toutes les horreurs des fiécles les plus barbares.

Mais, dira-t-on, la Religion empêche-t-elle ces horreurs dans les Nations où elle regne?

Elle les empêche fouvent: elle les condamne toujours. Et la Philofophie dont nous parlons, n'ayant, dans bien des cas, aucun titre pour les condamner, en fournit même pour les autorifer. Voilà les dangers de cette doctrine pour la fociété.

Il n'y a pas moins d'inconvéniens pour le particulier même; dont la vertu eft peu affurée par les motifs d'Epicure.

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