Imágenes de páginas
PDF
EPUB

mie, à l'aponie, à l'aochlefie, à l'athambie, à l'acataplexie, à l'athyphie, c'est-à-dire en françois, au repos de l'ame:

Hic (Zeno) requiem præbet feffis in vertice fummo. Le Stoïcien fera heureux quand il fera indépendant de tout ce qui ne dépend point de lui; quand il ne craindra ni les Dieux, ni la mort, ni la fortune, ni la douleur, & que par une pratique conftante, il fera affermi dans fes principes, s'abandonnant au cours du deftin, fans que rien l'étonne ni ne le frappe. L'Epicurien fera indépendant, le Stoïcien, & par

de même que

les mêmes raisons (a). Il s'est dé

(a) Sed poffunt hæc quadam ratione dici, non modo non repugnantibus, verum etiam approbantibus nobis (Epicureis). Sic enim ab Epicuro fapiens

femper beatus inducitur: finitas habet cupiditates; negligit mortem; de Diis immortalibus, fine ullo metu, vera fentit : non dubitat, fi ita melius,

:

livré de la terreur des phénome nes la mort pour lui n'eft rien: la douleur vive ne fait que paffer; ou fi elle dure, elle a des repos de compenfation. Que le ciel tonne, que la terre tremble, que les ruines de l'univers tombent fur lui, il n'en fera point étonné, s'il eft affermi dans fes principes: Impavidum ferient ruina.

Enfin, & c'eft le dernier point de comparaifon, ce bonheur fuprême, ce repos immuable eft Fouvrage de la vertu, de la juftice, de la prudence, de la force, & de la tempérance (a), c'est-àdire, de ces habitudes pénibles à acquérir, qui rangent fous le joug de la raison tous les goûts & toutes les idées de l'amour pro

fit, migrare de vita: his rebus inftructus femper eft in voluptate. De Fin. 1. c. 19. (a) Il faut obferver

qu'il ne s'agit point ici des faits, mais des prétentions de la phi lofophie,

pre mal entendu, & qui n'adoptent que celles qui, épurées au feu de la plus auftere Philofophie, plaçent la félicité de l'homme dans une fphére fupérieure à tout évé nement. » Non, dit Epicure, on ne » peut être heureux fans être fage,' honnête, & jufte; & réciproque» ment, on ne peut être fage, honnête & jufte, fans être heureux.» Il refte à favoir fi ces Philofophies pouvoient fournir les principes de cette vertu. Ce point a été touché dans l'article précédent.

20

C'en eft affez, je crois, pour faire voir la conformité des deux fiftêmes, & réduire à fa juste valeur l'apologie dont Epicure est redevable à Séneque : Non eft, dir celui-ci,en parlant d'Epicure, quod putes magnum quâ diffidemus (a) On peut voir ce qu'en dit Gal fendi, L. 2. De Vit. Epic. c. 6.

(a) De Conft. Sap. c. 19.

[ocr errors]

CONCLUSION DE LA I. PARTIE.

On peut juger maintenant si ce Philofophe & les autres ennemis de la Divinité ont atteint véritablement leur objet, qui étoit 'de rendre l'homme parfait & heureux, en renfermant tout fon être dans cette vie.

Ils ont formé leur fiftême d'irreligion, parce que dans les fiftêmes religieux, ils ne pouvoient vivre en paix. Les Modernes par lent comme ont parlé les Anciens: Leur ame partagée fans ceffe entre le penchant de la nature & les loix févéres de la Religion, étoit livrée à des alternatives continuelles, & à des intermittences douloureufes. La Religion demandant fans ceffe des facrifices, la nature voulant tou»jours regner, ces deux forces contraires déchiroient leur cœur tour-à-tour, & le donnoient en

proie à de cruelles variations, qui » ne devoient finir qu'au milieu des terreurs d'une autre vie, dont » l'état étoit inconnu». Il a donc fallu opter.Les Epicuriens modernes l'ont fait par des raifons toutes contraires à celles des Anciens. Epicure avoit prétendu se mettre en liberté par l'étude approfondie de la nature. Il croyoit avoir découvert les vraies fources des êtres, & avoir vu, avec la derniere évidence, qu'il n'y avoit nulle Cause intelligente univerfelle; c'étoit donc fur l'évidence qu'il fondoit fon bonheur & fon repos. Les Modernes ont repris, & peut-être, avec moins de tort, les idées de Démocrite , qui difoit que la vérité étoit au fonds de l'abime : Veritatem demerfam in profundo. Le problême des causes leur a paru fi compliqué, & fi fort audeffus des penfées de l'homme, qu'ils ont cru qu'on ne pouvoit

« AnteriorContinuar »