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le fouverain bien; il femble qu'il devroit en être de même de la douleur, qui eft le fouverain mal. Cependant, il faut convenir que plus la douleur dure, plus elle rend l'homme malheureux,

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XX I.

Si le plaifir du corps pouvoit être fans bornes, il faudroit un tems » fans bornes pour le produire.

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Le fens & le texte de cette maxime font également conteftez. Nous avons fuivi la leçon de M. Meibom auffi bien que dans celle qui fuit.

XXII.

» Si l'efprit inftruit des facultez » limitées du corps, & délivré des » craintes de l'éternité a fait de la » vie un tifsu auffi parfait qu'il pou » voit l'être, il ne défire point l'im»mortalité: il est heureux, lors mê

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me que certaines circonftances l'obligent de quitter la vie. Il fait qu'il n'abandonne que quelques momens d'un tems incertain. »

XXIII.

» Celui qui connoît les vrais be» foins de la nature,fait combien il eft facile de fe délivrer des maux de l'indigence, & de fe faire des provifions pour toute la vie. Il » n'a ni combats à effuyer, ni » efforts pénibles.

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כב

Nul n'eft pauvre de ce qui fuffit, difent Plutarque & Lucrèce: Nec enim eft unquam penuria parvi ; maxime vraie & belle dans toute Philofophie.

XXIV.

» Il faut bien connoître les fins » de la morale, les avoir toujours préfentes à l'efprit; afin qu'on puiffe y ramener fes jugemens

» fans quoi toute la vie fera pleine d'incertitude & de troubles. Peut-être qu'il s'agit dans cette maxime des principes de nos connoiffances plus que de ceux des mours. Le fens n'en eft pas aifé à déterminer.

X X V.

« Si vous rejetez le témoignage » des fens, fans exception, vous "Vous ôtez à vous-même les moyens de réfuter les fenfations que vous croyez fauffes; vous » n'avez plus de régle, où vous puiffiez ramener vos jugemens ». X XV I.

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» Si vous rejetez le témoignage » de quelqu'un des fens, & que » vous ne diftinguiez pas entre les jugemens confirmez par l'expérience & les idées qui naiffent fur »le champ par les fenfations, par

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» les affections, par toutes les im¬

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preffions qui fe font fur l'efprit; » vous mettrez le trouble même » dans les autres fenfations confir»mées : il ne vous reftera plus de moyens pour juger.

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« Si vous vérifiez toutes les » sensations qui ont besoin de l'ê» tre, & que vous n'en adoptiez » aucune qui foit deftituée de cette » vérification, vous ferez toujours »fur vos gardes lorfqu'il s'agira de "prononcer. »

par tant

Le texte incertain de ces trois maximes, a été travaillé de mains hardies, qu'il eft prefqu'impoffible d'en articuler le fens avec netteté. Pour éviter un commentaire aussi inutile qu'il feroit long, nous avons cru devoir donner l'expofé du fiftême d'Epicure

fur les fenfations, tel que nous l'avons dans Diogene Laërce, L.X.feg.3 1. Il y avoit dans l'antiquité deux opinions fur le témoignage des fens. Les uns prétendoient que les fens ne font point faits pour nous rien apprendre des objets; mais feulement pour nous inftruire de leurs rapports avec notre confervation: c'étoit l'opinion des Ecoles de Platon & d'Ariftipe (a).

La feconde affuroit que les fens font deftinez à nous faire connoître, non-feulement les rapports des êtres extérieurs avec nous; mais encore, la nature même de ces êtres : que les fenfations font toutes effentiellement vraies, & qu'elles font le point d'appui unique de toutes nos con

(a) On peut voir le Lucullus de Ciceron & le Traité de M. Huet De Imbecil

litate mentis humanæ. Et Malbranche, Liv. 2. de la Recherche de laVerité.

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