qui ne tient point au plaifir; qu'on > tournera en ridicule ces grandes » véritez: Qu'Un Dieu tient en sa main, comme sou¬ verain maître, Les caufes, les progrès, & les fins de tout être. Et ailleurs : Vois-tu dans la nature, où fa marche eft tracée, » Ce font ces hommes qui ont befoin de loix, ceux qui regardent ces véritez comme des fa»bles, qui mettent leur bonheur » dans leur ventre, & dans les autres plaifirs groffiers. C'est pour ceux-là qu'il faut des chaînes des verges, des Rois armez d'au»torité, pour empêcher des hommes fans frein & fans Dieu, de dévorer leurs femblables. Car, 30 » c'est ainsi que vivent les bêtes: » elles ne connoiffent rien de plus » beau que la volupté, elles n'ont point d'idée de la justice des Dieux, ni de refpect pour la » vertu, employant tout ce que la nature leur a donné d'adreffe & » de force, pour fatisfaire leurs. appétits fenfuels, & fe procurer » les plaifirs du corps. Le bel ora»cle que nous a prononcé Métro» dore, quand il nous a appris que tout ce que l'efprit & la raison » avoient jamais inventé de beau, se rapportoit effentiellement au corps »& à fes plaisirs, & que toute entreprise qui ne tendoit point là étoit fans objet ! Les bêtes brûtes qui n'ont de voix & de cri que » pour affouvir leur ventre & leurs défirs brutaux, expriment-elles d'autres fentimens, quand on les entend hennir ou mugir? Contre Col. 30 ככ ככ XLIII. Quiconque veut vivre fans craindre rien de ce qui eft au de»hors, ne doit entreprendre que » de fe procurer ce qui eft à fa portée: il doit regarder comme hors de lui, tout ce qu'il ne peut » donner; s'abftenir de beaucoup » de chofes, & fur-tout, de celles » dont il eft inutile de jouir (a). » XLIV. fe » Ceux qui ont eu le talent de fe » procurer par leurs environs une » fécurité entiere, ceux-là ont paffé leur vie agréablement dans » le fein de l'amitié & de la con» fiance réciproque: & quand il a fallu perdre ces amis fi chers, ils ne fe font point plaints que la » mort les eût enlevez trop-tôt. 50 (a) Lec, de M. Meibom. ARTICLE III Le Sage d'Epicure. Diog. Laër. Seg. 117. S'IL eft vrai que nous ayons bien expofé la doctrine d'Epicure dans la premiere partie; on a dû la retrouver dans les Maximes qu'on vient de parcourir; & on doit la retrouver encore dans le Portrait du fage Epicurien, tel qu'Epicure lui-même nous l'a tracé. On fe fouviendra que ce fage ne craint les Dieux, ni dans cette vie, ni dans l'autre ; que croyant fon ame mortelle, tout fon être eft dans cette vie, & par conféquent, tout fon bien-être ; que les foix, felon lui, ne font que des conventions humaines, dont la derniere raison est le bien particu lier, compris dans le bien public; enfin, que l'exemption de toute douleur du corps & de l'efprit, c'est-à-dire, la fatisfaction pleine & entiere de l'individu en cette vie, eft le parfait idéal de l'humanité. Que fera-t-il en conféquence de ces principes? On nous préfente le tableau de fa conduite: il fuffit d'y jetter les yeux. 30 » Les hommes ne peuvent faire quelque dommage aux autres » hommes que par haine, par envie, & par mépris. Le fage fait fe mettre au-deffus de tout ce que peuvent faire ces paffions. 20 Ce trait eft effentiel au portrait du fage dans toute Philofophie. In fapientem, dit Seneque, non cadit injuria. Il doit être indépendant du jugement des fots & de ceux des méchans, qu'il ne peut |