fiphane un de fes maîtres, Platon, Ariftote, Protagore, Heraclite, Démocrite, à qui il devoit toute fa Phyfique, Antidore, &c. Nous les fupprimons, par égard pour de fi grands hommes & par refpect pour la Philofophie (a).

Ces difcours injurieux ont-ils été fauffement attribuez à Epicure, & feulement pour multiplier le nombre de fes ennemis ? Diogene Laërce, qui l'affure, peut avoir raifon. On peut croire que Timocrate, qui fut le plus grand détracteur d'Epicure, après avoir abandonné fon Ecole, en parla mal, pour juftifier fa défertion. Mais d'un autre côté, Dioclès, qu'on cite comme fon apologiste, n'eft pas moins recufable que Timocrate, par la raifon contraire: étant difciple d'Epicure, fon commenfal, & fon ami de tous les

(a) Voyez Ciceron de Nat. Deor. 1.33.

jours, c'étoit pour fon honneur même qu'il juftifioit fon maître. Nous n'avons rien à dire fur cette accufation, finon que plufieurs de ces traits font rendus au moins vraisemblables, par l'affectation d'Epicure à ne citer jamais aucun de ceux mêmes à qui il devoit le plus; par son obftination à nier qu'il eût rien appris de qui que ce fût; par les reproches que lui ont fait plufieurs Auteurs graves, qui, quelque prévenus qu'on les fuppofe, n'étoient pas capables d'adopter légérement des calomnies groffieres; enfin par la conduite de Colotes fon difciple & fon ami de cœur, Koλoupíor, lequel Κολοτηρίον, dans l'ouvrage qu'il avoit fait pour prouver, Qu'on ne peut être heu reux en fuivant les dogmes des autres Philofophes, a laiffé échapper des traits injurieux contre ce que la Philofophie a de plus respecta

ble, jufqu'à dire entre autres chofes, qu'il falloit donner du foin à Socrate, au lieu de pain, puifqu'il faifoit profeffion de ne rien favoir. Il traitoit avec la même liberté Parménide, Platon, Démocrite, &c.

a

Métrodore, qui étoit un second Epicure, alter Epicurus, difoit qu'un homme libre ne pouvoit s'empêcher de rire, quand il penfoit à ces triftes Lycurgues, à ces Solons, & aux autres qui leur refsemblent (a). Enfin il n'y a pas jufqu'à Léontium,qui n'ait voulu lancer des traits contre Théophrafte:

tier, non avec la ver

(a) Non, non, Métrodore, reprend Plu-ge, comme l'enfant litarque en colere, un homme libre ne rit

point quand il penfe ces grands hommes; & celui qui rit n'eft point un homme libre; mais un infolent qu'il faut châ

bre mais avec le fouet à gros nœuds dont on punit les efclaves de Cybele. Adv. Colot. Torquatus ne parle gueres plus refpectueufement de Platon dans Ciceron.

ce qui fit naître le proverbe,de choi fir l'arbre pour le pendre (a). Cette conduite des difciples prouve au moins que les plus grands noms n'étoient pas fort refpectez dans les jardins de leur maître. Il feroit aifé de prouver qu'ils ne devoient pas l'être, felon les maximes & les principes qu'on y avoit établis. Tout ce que Diogene Laërce avance pour la défenfe d'Epicure, prouve que ce Philofophe étoit doux, complaifant dans fa propre fociété ; mais cela ne démontre nullement qu'il ait beaucoup refpecté les Philofophes dont il renverfoit la Philofophie, ou qui vou loient renverfer la fienne.

Après des jugemens & des termes si peu menagez, Epicure n'étoit pas en droit d'attendre qu'on lui fit beaucoup de grace. On ne

(a) Proverbium in- | arborem eligendi. Plin. de natum, fufpendio Nat. Præf. lib. 1.

lui rendit pas même juftice. La Philofophie s'oublia jufqu'au point de mettre en œuvre la calomnie, les fuppofitions d'écrits (a), les déclamations groffieres, moyens odieux qui ne firent que donner à Epicure une célébrité qu'il n'avoit pas encore par lui-même (b), & qu'il n'auroit peutêtre jamais eue fans fes ennemis.

On peut voir ce qu'a écrit à ce fujer Gaffendi, qui ayant épuré la doctrine de ce Philofophe dans quelques-uns de fes points, a auffi vengé fa perfonne, & rétabli une partie de fa mémoire. Pour nous, fans ftatuer rien de précis fur la perfonne d'Epicure, nous croyons

(a) On accufa Dio- | cuiffe, aut Metrodoro, time Stoïcien, de lui inter bona tanta, quod avoir prêté so lettres ipfos illa nobilis Græamoureuses. Voyez cia non ignotos folum Laer. 10. Seg. 3. & Jon- habuiffet, fed penè infius, lib. 2.cap. 15. n. 4. auditos. Senec. Epift. (b) Nihil fibi ait no-79