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voluptueux, qui ne connoiffoit de loix que celles du hazard, du mécanifme, & de l'opinion, devoit terminer fes jours, dans l'endroit où fon être ceffoit d'être un bien pour lui. Il s'eft délivré de la vie pour fe délivrer de la, douleur. C'est l'exemple qu'il a laiffé à ses difciples.

pas

Refte à favoir, fi la douleur qui fait renoncer à la vie, ne fera affez forte pour faire renoncer à la vertu. C'eft la derniere analyfe de la Morale d'Epicure, où on trouve auffi le principe effentiel de fa réfutation.

ARTICLE V.

Extraits de la Lettre d'Epicure
à Hérodote (a).

CEtte Lettre & celle à Pythoclès qui fuit celle-ci, pourroient fournir la matiere de plufieurs volumes à quiconque entreprendroit d'expofer en détail les dogmes qu'elles contiennent. Que de chofes à dire, fi on vouloit comparer ces dogmes avec ceux des autres Philofophes anciens & modernes ; fi on vouloit les juftifier, ou les réfuter par l'expérience des tems, & par les découvertes des derniers fiécles!

Nous ne les traduirons pas en

(a) Cet Hérodote étoit difciple

& ami particulier d'Epicure.

tierement pour deux raifons: la premiere eft, qu'il y a plufieurs morceaux qui n'ont que des rap ports très-éloignez avec notre objet : la feconde eft que, dans ces mêmes morceaux, le texte eft fi incertain, & le fens du texte fi obfcur & fi embrouillé, qu'aulieu de donner les paroles mêmes d'Épicure & fes pensées, nous n'euffions offert que les incertitudes & les conjectures des Commenta

teurs.

Epicure commence celle à Hérodote, par l'expofition, même de fes vues: c'eft de faire un précis court & clair des principes généraux de fa philofophie, une forte de manuel, contenant les véritez fondamentales de fon fiftême tellement réduites, que l'applica tion puiffe s'en faire aisément à tous les détails, dans les occafións qui fe préfentent fréquemment de

raifonner fur les objets phyfiques. Nous commençons.

I.

Maxime fondamentale dans la Phyfique des Anciens. Seg. 39. (a)

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» La premiere vérité, qui fert de » bafe à tout le reste, eft qu'il ne se fait rien de ce qui n'eft pas; & que rien de ce qui eft ne fe réduit » à n'être pas (b). Car s'il se faifoit quelque chofe de ce qui n'est pas; toute matiere feroit propre à former toutes fortes d'êtres: » il ne faudroit ni femences, ni matiere organifée. Et fi ce qui fe détruit le réduifoit à ce qui » n'eft pas; toutes les efpéces »périroient, parce qu'il ne refte

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(a) Ces chiffres marquent l'endroit du texte de Diog. Laër. L. X. (b) C'est Gaffendi

qui ajoute ce der nier membre, pour figurer avec ce qui précéde & ce qui fuit.

- roit rien de ce qu'elles auroient » été. »

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Epicure n'a pas dit, rien ne fe fait de rien, ουδεν εξ ουδενός rien de ce qui n'eft pas, Tn los. Le non-être eft ce qui eft fans forme, fans nature fixe & déterminée. Le rien, ou le néant, eft ce qui n'eft point du tout (a). La matiere premiere, fi elle exiftoit, feroit non-être dans le fens d'Epicure, quoi qu'elle ne fût point néant. Ainsi, le sens de ce premier principe eft qu'il y a dans les premiers élémens, qui font, felon Epicure, les atômes, une configuration éternelle &

dit

(4) Colotes Plutarque, qui n'avoit pas l'ombre de -Philofophie, a pris pour une même chole, l'homme non-être,

& l'homme néant. Mais Platon met une grande différence entre le non-être & le néant. Voyez le paffage entier adv. Col. p. 1115.

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